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L'Iran a fait semblant de riposter à l'attaque israélienne contre son consulat à Damas.

Les Etats-Unis ont fait semblant d'être prêts à s'engager dans un conflit Israël-Iran si ce dernier "attaquait" Israël.

Israël a fait semblant d'avoir peur d'un "attaque" iranienne tout en montrant "l'infaillibilité de son dôme de fer" qui pourtant ne lui a pas été d'un grand secours le 7 octobre.

Même Emmanuel Macron, ridicule mouche du coche, fait semblant d'être pour quelque chose dans la défense d'Israël face à quelques drones iraniens. Celui-là n'en loupe pas une.

 

Tant mieux. Mieux vaut ces journées de dupes qu'un conflit dont les conséquences pourraient être catastrophiques.

 

Ce qui reste préoccupant, c'est la situation globale au Proche-Orient.

Un gouvernement colonialiste, fasciste et raciste en Israël, évolution idéologique logique dans un Etat colonial, expansionniste. État d'Israël soutenu par toutes les puissances occidentales et la principale d'entre elles : les États-Unis. Israël est un pays capitaliste, faut-il le rappeler.

Un gouvernement obscurantiste et réactionnaire en Iran qui réprime les femmes, le homosexuels, qui exécute les communistes, qui se rapproche des gouvernements russe et chinois (de grandes démocraties progressistes, comme chacun sait). L'Iran, un pays capitaliste.

Des États arabes gouvernés par des dictatures meurtrières comme la coalition autour de l'Arabie Saoudite (les pays du Golf - Emirats arabes unis, Koweït, Bahreïn, Qatar - la Jordanie, l'Egypte, le Soudan, le Maroc...) contre le Yémen l'a suffisamment démontrée. États qui se fichent totalement du combat de libération des Palestiniens, le peu qu'ils font se faisant sous la pression des peuples arabes. États trop occupés à réprimer sauvagement leurs propres peuples et tout particulièrement les forces (bien décimées) progressistes. Tous des pays capitalistes.

Et que dire de la Syrie et de l'Irak, deux pays pulvérisés, anéantis par des agressions impérialistes et par leurs propres dictatures (Hussein et Assad). Deux pays capitalistes.

La Turquie, reste fondamentalement le flanc sud de l'OTAN, tout en écrasant les revendications démocratiques des Kurdes, tout en achetant des missiles à la Russie, tout en faisant des grands discours pro-palestiniens mais préférant envoyer ses troupes guerroyer en Libye, tout en multipliant les provocations dans la Mer Egée, tout en occupant la moitié de Chypre depuis 50 ans, tout en se livrant au chantage au sein de l'UE (avec les migrants) et de l'OTAN (à propos de l'adhésion de la Suède). La Turquie est un pays capitaliste.

 

A cette description ajoutons les rivalités entre grandes puissances capitalistes : États-Unis (et ses alliés) et Russie, puissances dont les peuples de la région ont pu apprécier le résultat. La Chine n'ayant pas encore la même capacité de nuire que les deux autres au moins dans cette région.

 

Les forces politiques qui tentent, par atlantisme ou par campisme, de nous faire prendre partie dans cette foire d'empoigne ne rendent pas service au peuple français. Non que la France ne doit pas donner de sa voix et porter un jugement sur les politiques de tel ou tel gouvernement : comment ne pas condamner la politique du gouvernement de Netanyahu à Gaza ? L'agression russe en Ukraine ou celle des Etats-Unis un peu partout ? Mais nous avons des moyens d'agir qui n'implique pas une intervention militaire dans un conflit. Les sanctions par exemple. A condition que toute agression ait le même traitement et que ne règne pas le deux poids deux mesures, comme c'est la cas avec la Macronie.

 

On voit bien que la France doit faire le choix du non-alignement. Et donc quitter l'OTAN qui est un instrument aux mains des États-Unis. Et face aux conflits tenter de faire avancer des solutions diplomatiques et politiques. Certainement pas d'envoyer des troupes en Ukraine ou de soutenir "inconditionnellement"  Israël. D'autant que dans le cadre des rivalités inter-impérialistes, nous n'avons pas à prendre parti. 

En revanche nous devons soutenir les luttes de libération comme celle des Palestiniens ou celle du peuple Kanak contre l'occupation coloniale.

 

Que disent les atlantistes, comme Jérôme Guedj ? "Quand un pays qui est en voie d’acquisition de l’arme nucléaire décide d’envoyer des centaines de drones, des missiles balistiques, des missiles de croisière sur l’État d’Israël, c’est un événement grave. L’agression de l’Iran est éhontée et évidente. On ne peut pas cautionner une telle agression. la France ne doit pas avoir le soutien honteux".

Selon Guedj l'Iran serait "en voie d'acquisition de l'arme atomique". Mais outre que l'affirmation de Guedj est fort discutable, on pourrait lui demander s'il trouve rassurant qu'un Etat colonial dirigé par des fascistes possède l'arme nucléaire ?

Quand Israël bombardait l'Irak ("opération Osirak"), quand Israël assassinait en Iran cinq scientifiques iraniens Jérôme Guedj trouvait-il ces événements "graves" ? Quand Israël bombarde le consulat iranien à Damas tuant 16 Iraniens n'est-ce pas "une attaque contre l'Iran" ? Cette agression n'est-elle pas "éhontée et évidente"? Guedj ne cautionne-t-il pas une telle agression * ? La France, devant ce cas de figure, ne doit pas avoir "le soutien honteux" vis à  vis cette fois de l'Iran ? A moins que, suivant que vous soyez Israélien ou Iranien, "les jugements de cour vous rendront blanc ou noir". 

Que les habituels défenseurs "inconditionnels" d'Israël tentent de nous présenter les relations Iran-Israël comme un conflit entre "une théocratie et une démocratie", il faudra qu'ils repassent. Parce que faire passer un État d'apartheid et colonial, occupant, assassinant, commettant sous nos yeux des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre, enfermant, torturant, emprisonnant sans aucune garantie juridique les résistants palestiniens, pour une démocratie...c'est un peu gros. C'est même une négation des faits.

Un État colonial ne peut pas être démocratique. 

Une fois de plus à l'occasion de la riposte iranienne nous avons pu entendre tous les propos à connotation post-colonial que l'on peut imaginer et le triomphe d'une propagande C-News. C'est d'autant plus inquiétant que C-News ne semble faire d'effet qu'auprès des politiques (du PS à la droite). Pour ce qui est des téléspectateurs, n'oublions pas que l'audience de la chaîne d'extrême-droite de Vincent Bolloré n'est que de 2,6%. Un peu de décence serait bienvenue.

 

Antoine Manessis

 

 

*  Rappel: l’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett a écrit un édito dans le Wall Street journal dans lequel il confirmait une frappe qu’Israël était largement soupçonné d’avoir menée en Iran au cours de sa seule année en tant que Premier ministre.

 

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