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                                                                     Aris Velouchiotis

 

Le 27 août sera l'anniversaire de la naissance d'Aris Velouchiotis. Il vit le jour en 1905 à Lamia, une ville à 150 km au nord d'Athènes. Il est entré dans l'histoire sous son nom de guerre. Son nom d'état civil est Thanassis Klaras. Son père Dimitri était avocat, sa mère femme au foyer est issu d'une famille de notaires. Une famille "en vue" dans la petite ville. Il fait des études d'agronomie. Il part pour Athènes en 1923. 

C'est l'heure de ses premiers engagements politiques. En effet il rejoint la jeunesse communiste d'Athènes en 1924. Deux ans plus tard il fait son service militaire dans un bataillon disciplinaire. De retour dans la capitale, membre des Jeunesses communistes, il joue un rôle de premier plan dans de nombreuses opérations d'évasion de prisonniers communistes (il a même aidé à deux reprises Nikos Zachariadis , alors dirigeant des Jeunesses communistes, à s'évader). Fin 1928 il adhère au PCG et lorsque le rédacteur en chef du journal "Rizospastis" est arrêté, Klaras le remplace quelque temps. Fin 1936, il est arrêté à son tour et envoyé dans les prisons d'Égine. De là, en juin 1939, il fut transféré dans les prisons de Corfou, d'où il fut libéré après avoir signé une déclaration de repentir*. La Grèce depuis 1936 vit sous la férule du dictateur fasciste, Ioannis Metaxas.

Lorsque l'Italie fasciste attaque la Grèce en 1940, Klaras combat sur le front en Albanie. L'Italie quasiment vaincue par les Grecs*, l'Allemagne intervient pour sauver son allié. Athènes tombe entre leurs mains en avril 1941. Klaras revient à Athènes et reprend ses activités militantes.

En septembre 1941 le parti communiste de Grèce, avec quelques petits partis de gauche, fonde l'EAM (le front de libération nationale).

En novembre, le KKE envoie Klara dans la région de Lamia pour étudier les possibilités de développer une guérilla. Il revient en décembre et suggère la possibilité de créer des groupes de guérilla, une proposition qui est acceptée par le Comité central du Parti.

Début janvier 1942, la direction du KKE, réunie à Athènes, définissait clairement la nécessité d'une lutte armée et la création d'une armée de résistance nationale. L'EAM approuve la création de l'Armée Populaire de Libération Nationale (ELAS) le 10 février 1942.

À partir de ce moment, Thanassis Klaras sera connu sous le nom de guerre d'Aris Velouchiotis.

Très vite il devient l'un des trois chefs de l'ELAS avec le colonel Stefanos Sarafis comme chef militaire,  Andréas Tzimas (sous le pseudonyme Vassilis Samariniotis), comme représentant de l'EAM et Aris Velouchiotis comme "Kapétanios" de l'ELAS . 

Le commandant en chef sera Aris. Ses exploits guerriers et politiques feront de lui une légende. Il forgera une véritable armée de libération. En un an, ELAS s'embrase et se répand partout, tandis que le prestige de son premier capitaine domine le monde de la campagne et bientôt des villes. La Résistance du peuple grec a été l’une des plus massives et des plus importantes du continent européen. Aris Vélouchiotis en fut l'un des architectes.

A la fin de l'occupation nazie, la Grèce était libérée par l'EAM-ELAS. Mais la Grande-Bretagne d'abord puis les Etats-Unis ensuite ont décidé d'anéantir l'élan émancipateur de la Résistance grecque. Provoquant la guerre civile, s'appuyant sur les collaborateurs les plus sanguinaires des nazis, sur la camarilla royale et la bourgeoisie grecque effrayée par le contenu social de la Résistance.

Le KKE et l'EAM ont tenté tous les compromis possibles mais ceux-ci étaient chaque fois sabotés. Par les Britanniques, les Etasuniens et la réaction grecque qui voulaient se servir de la Grèce comme exemple en exterminant l'espérance de libération sociale et nationale de l'EAM-ELAS. Sachant de plus que le rapport des forces internationales (dont Yalta n'est que le symbole) interdisait à l'URSS de secourir le peuple grec.

Au cours de cette période, la divergence de stratégie entre Aris Velouchiotis et la direction du KKE a commencé à devenir évidente. Il pensait que le contrôle du pays que l'ELAS avait obtenu pendant l'Occupation, en fin de compte le pouvoir sur une Grèce libérée, serait perdu par une soumission injustifiée aux souhaits britanniques. La direction du Parti pensait pouvoir maintenir la suprématie politique conquise sous l'Occupation quand Aris Vélouchiotis cherchait à éclaircir la situation au plus vite,  avant même que les britanniques et les monarcho-fascistes ne soient en position de supériorité.

La signature de l'accord de Varkiza en février 1945, aboutit à la transformation du désaccord de Velouchiotis avec la direction du KKE en un fossé infranchissable. Avant la conclusion de l'accord, Velouchiotis a soutenu la poursuite du conflit avec les forces britanniques et sa transformation en une forme de guérilla généralisée. Ce point de vue était en contradiction totale avec la ligne de la direction, de Siantos comme de Zachariadis, qui cherchaient un compromis.

Aussi Aris est-il dénoncé comme un "aventuriste" dans le journal du KKE. Et quelques jours plus tard, isolé, abandonné, encerclé par une bande monarcho-fasciste, le Kapétanio en chef de l'ELAS, se suicide. Sa tête sera tranchée et exposée dans un village pour que le peuple admette qu'Aris n'est pas immortel.

Quelques mois plus tard l'histoire tranchait et le KKE, acculé par la terreur blanche, reprenait le chemin de la montagne. Mais sans Aris. Et dans des conditions qui ne pouvaient qu'aboutir au désastre. L'impérialisme britannique vaincu, ce furent les Etats-Unis qui prirent le relais larguant le napalm sur les filles et les fils de la Grèce libre.

Mais les ennemis d'Aris s'étaient trompés. Aris Vélouchiotis vit. Il vit dans le coeur de chaque Grec-que qui poursuit son combat. Il est revenu et il est des millions.

 

 

Antoine Manessis.

 

 

* La  déclaration de repentir est une arme idéologique anticommuniste des gouvernements grecs (de Metaxas jusqu'aux années 1960) qui visait à détruire moralement le suspect de sympathies communistes et sa famille. Sans le certificat pas de travail dans de nombreux secteurs (dont la fonction publique). Parfois le militant jouait sa vie en signant ou en refusant de signer le certificat.

* Durant la guerre italo-grecque les troupes fascistes italiennes connurent une véritable défaite malgré un rapport de forces très avantageux sur le papier. Ce fut a première défaite des troupes de l'Axe et l'Allemagne hitlérienne perdit des mois précieux dans la conquête de la Grèce et de la Yougoslavie, ce qui lui coûtèrent cher lors de l'attaque contre l'Union Soviétique.

Notons qu'alors que le Pacte Germano-Soviétique était en cours, le chef du KKE, emprisonné par la dictature de Metaxas, lança un appel à la lutte contre l'invasion italo-fasciste. Cet appel contribua à transformer la nature de la guerre, qui devint une "guerre populaire" contre le fascisme extérieur mais aussi domestique. Il prépara la grande Résistance nationale du peuple Hellene. 

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