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                                                        Ken Loach et Jeremy Corbyn

 

Ken Loach exclu du Labour. Ken Loach, le réalisateur de films inoubliables et deux fois palme d'or à Cannes pour Le Vent se lève et pour Moi, Daniel Blake. Citons encore Sorry we missed you, Jimmy's hall, Looking for Eric, La part des anges, The navigators, Carl's song, Land and freedom, Family life... etc.

Le parti travailliste dirigé par Keir Starmer et sa clique poursuit sa chasse aux sorcières. Ce que les Britanniques appellent "common decency" ( la décence commune) est pulvérisée par la haine que la droite du Labour porte à la gauche. Pensez que le Labour a exclu son ancien dirigeant, Jeremy Corbyn, du groupe parlementaire fin 2020.

La purge que d'aucuns appelleraient "stalinienne" se poursuit donc. L'acte d'accusation est aussi bidon que celui des procès de Moscou. Les militants de l'aile gauche sont taxés...d'antisémitisme ! C'est devenu une accusation discréditante et il suffit d'exprimer son soutien aux Palestiniens ou son anti-sionisme pour que la machine médiatique broie sa cible. 

Corbyn a appris à ses dépends que les positions mi- chèvre, mi-choux, sont difficiles à tenir. "Remain or leave", il aurait du être clair. Comme le disait Lénine, qui s'y connaissait en tactique, "une femme est enceinte ou ne l'est pas, elle ne peut pas l'être à moitié". L'épuration des éléments les plus progressistes du Labour est le châtiment de l'absence de cohérence de la gauche, de ses divisions, de ses hésitations et de l'importance qu'a pris en son sein une petite-bourgeoisie qui a fini par rendre inaudible la volonté de la classe ouvrière et des classes populaires de sortir de l'UE.

Cela étant quelle perspective peut-on dégager de cette situation et de cette énième défaite de la gauche?  Les mille groupuscules, groupes ou personnalités qui composent la gauche du Labour parviendront-ils à s'entendre pour, soit repartir à l'assaut du parti travailliste, soit former un nouveau parti ? Rien n'est moins sûr. D'autant que la droite du parti n'hésitera pas, elle, ni à scissionner si nécessaire, ni à casser toute tentative interne. Quand Corbyn et la gauche étaient majoritaires dans le parti, la droite y a conservé d'importantes positions et tenait le groupe parlementaire et les niveaux de tensions internes et d’hostilité au sein du groupe parlementaire travailliste contre le leader du parti étaient extrêmes . En 2015 déjà les anti-Corbyn "sont à la manœuvre pour se débarrasser de ce vétéran de la gauche" écrit The Independant. Autant de choses impossibles à la gauche.

Compte tenu du lien historique entre les trade-unions (les syndicats) et le Labour, c'est peut-être de ce côté que la (bonne) surprise peut venir. Mais on sait aussi que, depuis 1984 et la défaite historique des mineurs et de leur syndicat de lutte (le NUM) face à Thatcher, la désindustrialisation massive du pays a, comme ailleurs, fortement affaibli le syndicalisme. En plus la campagne du Brexit a vu des pans entiers du vote prolétaire quitter le Labour dans ses bastions historiques.

On le voit la situation en Grande-Bretagne est tout aussi problématique que la nôtre et de celle de la plus part des pays d'Europe. L'exclusion de Ken Loach est en tous les cas symbolique de ce qu'est la direction du Parti travailliste aujourd'hui. Puisse la classe ouvrière et les classes moyennes britanniques trouver le moyen de faire mentir Thatcher et son célèbre "There is no alternative" ( Il n'y a pas d'alternative).

 

Antoine Manessis.

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