Le mouvement anti-Pass interroge

Le mouvement anti-Pass interroge. Nous l'avons dit précédemment, et ce n'est pas un scoop, il est très hétérogène et complètement inédit.

Bien entendu les portes-flingues du Macronisme détectent l'extrême-droite et l'ultra-gauche comme d'habitude confondues. Et bien sûr, la nouveauté propagandiste des médias main stream, le complotisme. Lui-même amalgamé à Mélenchon pour faire bonne mesure.

Certes les forces politiques tentent d'imprimer leurs idées dans ces manifs ce qui est d'ailleurs parfaitement logique et légitime. Mais en fait il semble que ce mouvement soit plutôt l'expression de la confusion idéologique dominante mais aussi du mécontentement à l'égard de la politique du pouvoir.

L'aspect liberticide et la dérive autoritaire du macronisme sont dénoncés depuis avant même les Gilets jaunes par la gauche (loi de sécurité globale, prorogation de l'état d'urgence, inscription dans la loi ordinaire des mesures d'exception, violences policières, etc). On retrouve cette sensibilité dans les manifs anti-Pass. La société de contrôle menace.

Mais il est évident qu'une partie des manifestants sont anti-vax, complotistes, individualistes et plutôt de droite. 

En fait ces sensibilités ne se mélangent pas et ne se confondent pas mais elles peuvent cohabiter dans les manifs. Elles partagent la détestation de Macron qui symbolise le mépris de classe de la nouvelle aristocratie vis à vis "de ceux qui fument et roulent en diesel", qui est profondément considéré par les classes populaires comme le président des riches.

De plus les Macron, Véran et autre Castex prennent les gens pour des imbéciles. Comme le disait un sociologue:  "on ne convainc que des gens qu'on respecte, qu'on ne disqualifie pas, qu'on écoute et à qui on répond". Or le pouvoir n'a pas fait cela : pas une seule grande émission spéciale sur les chaînes de télé pour répondre aux questions, débattre, expliquer. Juste chaque soir les JT propagandistes et anxiogènes.  C'est dans ce vide de confiance et d'absence démocratique - les gens se souviennent de l'affaire Servier - que le Pass sanitaire est perçu justement comme un outil de pression. Comment est-ce que vous pouvez en même temps convaincre les gens et leur dire, comme à des enfants -et encore ! -qu'ils seront punis s'ils ne font pas ceci ou cela ? 

De plus Macron poursuit sa politique de guerre sociale - retraites, casse de l'hôpital - où sont les lits dont on a tant besoin - amputation des indemnités des chômeurs et rien sur les brevets des vaccins...Comment croire que cette bande de casseurs est porteuse d'intérêt général ? 

Face donc à la rupture entre les classes populaires et le pouvoir et ses appareils de domination (comme les médias), se crée un espace de contestation. Le problème étant le contenu de celle-ci. Or, et on en revient au début de notre propos, c'est la confusion qui règne. La colère sociale devient ressentiment faute d'espérance, faute d'une alternative à laquelle adhérerait les gens. Il n'y a pas pour ces manifestants, et pas seulement eux, de traduction positive, constructive, à leurs aspirations. Et nous ne parlons pas des quelques allumés à l'étoile jaune qui ne sont que les symptômes morbides de la crise organique qui nous frappe.

Comment s'étonner de ces délires quand on sait l'affaiblissement des figures comme le militant ou le délégué syndical ? Comment s'étonner de voir de telles stupidités dans les manifs (et pas seulement les dernières) parce qu'aucun service d'ordre n'existe plus dans quasiment aucune manifestation en France, ce qui laisse libre cours à la confusion et au n'importe quoi ?

Seule la FI s'est exprimée à peu près clairement et offre une perspective mais celle-ci reste...confinée.  

Le RN a une telle trouille de perdre son masque de respectabilité qu'il a laissé le terrain à Philippot et Dupont Aignant qui ne pèsent rien.

Bref toujours le brouillard domine et pour le moment nul n'est capable de donner une réponse et une direction politiques aux protestations populaires. 

Seule note optimiste la présence de plus en plus forte de militants de gauche et de syndicalistes dans les manifs anti-Pass. Clairement anti-fascistes, anti-Macron et pro-vaccin. Ouf.

Antoine Manessis.