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NBH publie une partie de l'article de la revue Contretemps. Il s'agit d'une interview de Franco Turigliatto, militant trotskiste, ancien sénateur de Rifondazione communista dont il fut exclu en 2007 pour avoir voté au Sénat contre l’intervention militaire italienne en Afghanistan. Le thème central de cette interview est "le désastre de la gauche italienne".

Pour lire la totalité de l'article  https://www.contretemps.eu/desastre-gauche-italie-turigliatto/

NBH a souligné en gras quelques passages de l'extrait de l'article. Passages qui nous semblent concerner autant l'Italie que la France. Nous constatons la déliquescence et/ou la dégénérescence de nombre de partis communistes (comme on avait constaté lors de la Première Guerre Mondiale celles des partis sociaux-démocrates de la Seconde Internationale) et l'impuissance pathétique des groupuscules qui prétendent ressusciter les morts.La gauche issue du courant communiste (ou se réclamant du communisme comme le trotskisme) a sombré dans "l'insignifiance" politique.

Cette insignifiance est d'autant plus désastreuse que les forces les plus réactionnaires captent la colère et la désespérance populaire ce qui leur permet de devenir des interlocuteurs pour le capital et une possible option politique pour ce dernier : le fascisme du XXIe siècle n'est pas une lointaine perspective  mais un processus en cours.

Les marxistes sont donc confrontés à un quadruple défi historique : 1) proposer une alternative, 2) que celle-ci soit crédible aux yeux des peuples et enfin 3) qu'un nombre suffisant de travailleurs s'unissent, s'organisent (syndicat et parti) pour donner une masse critique au combat pour l'alternative progressiste, le le progrès social, la démocratie et la paix 4) sur la base d’une analyse de classe de la société contemporaine.

Ce travail ne peut se faire que collectivement et à partir des luttes concrètes. Des forces existent mais elles sont atomisées, pulvérisées, divisées. Aussi faut-il les rassembler. Il y a des moments historiques et politiques qui permettent cette convergence.

Par exemple luttes et élections ne s'opposent pas. Au contraire elles doivent être en synergie : plusieurs facteurs agissant en commun ensemble créent un effet global  : en 1936 l'élection du Front Populaire est le résultat des luttes qui l'ont précédé, de la stratégie de Front Populaire, et à son tour ce moment électoral a permis la grève et l'occupation des lieux de travail qui est ce qui a arraché les conquêtes du FP. Bref c'est ce qui unifie les forces qui provoque le mouvement. 

En 2017 la candidature de JL Mélenchon a rassemblé 7 millions de voix. C'est de peu que le candidat de gauche ne soit présent au deuxième tour des présidentielles, ce qui aurait pu changer la donne politique dans notre pays et susciter une dynamique sociale et politique porteuse d'une vraie perspective et d'une alternative progressiste. 

Ces moments unificateurs sont toujours des surprises, de multiples facteurs permettent à la mayonnaise de prendre. Ce sont de tels moments, combinaisons des luttes et de leurs traductions politiques, qui nous permettrons, si nous savons les préparer, les reconnaître et dépasser l'esprit de secte, d’ouvrir "à nouveau les larges avenues qu’empruntera l’homme libre pour bâtir une société meilleure".* 

 

NBH

* Dernier discours du camarade Salvador Allende le 11 septembre 1973.

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Quelles sont les tâches de l’anticapitalisme selon toi aujourd’hui ? Ou pour le dire autrement, vois-tu une possibilité dans la crise à venir de construire un anticapitalisme plus large et plus implanté dans les classes travailleuses et quel pourrait être son rôle ?

Dans ce contexte, il ne fait aucun doute que les forces de la gauche anticapitaliste devraient jouer un rôle central, à condition bien entendu d’agir de manière convergente et efficace pour être crédibles auprès des classes ouvrières et populaires. L’avenir dépend également de cette capacité ou possibilité qui leur est propre : rendre crédible proposition l’existence d’une politique alternative, totalement différente de celles que les médias indiquent comme étant les seules possibles, portée par une subjectivité politique opposée à toutes les orientations qui, d’une manière ou d’une autre, défendent les intérêts de la classe dirigeante.

Les forces du syndicalisme de classe sont très divisées et dispersées. La gauche alternative existe et compte toujours un nombre important de militant.e.s, bien que moins nombreux que par le passé. Elle est également présente dans de multiples secteurs sociaux. Mais après la crise de Rifondazione, elle est plombée par une insignifiance politique grave et persistante. Cela tient non seulement à son extériorité vis-à-vis des institutions et à l’occultation par les médias de ses activités et de ses propositions, mais aussi à la division et à la compétitivité de ses sigles et aux erreurs commises à certains moments cruciaux de la lutte des classes.

La construction d’une unité d’action, de moments communs de campagne politique, la recherche constante de convergences possibles sont des outils indispensables pour tenter de sortir de cette insignifiance et de devenir protagoniste, même minoritaire, de la confrontation politique et sociale. Au cours des derniers mois, diverses initiatives ont été et sont en cours dans ce sens. Les organisations de la gauche radicale, bien qu’avec retard et incertitude, lancent la campagne unifiée « Reconquérir le droit à la santé » pour la défense et la relance de la santé publique.

Dans les conditions données, l’hypothèse possible et la plus efficace devrait être, à notre avis, celle d’un forum politique et social (comparable à ce qui s’est passé au début du siècle avec les forums sociaux altermondialistes) des organisations de classe de gauche, ouverts aux travailleurs.euses, aux étudiant.e.s et aux élèves, un mouvement pluriel dans lequel nous pourrions avancer ensemble sur des points communs et poursuivre la discussion sur ce sur quoi nous ne sommes pas d’accord, sans forcer le pas et en garantissant une égale dignité aux différentes options politiques qui compose aujourd’hui l’image fragmentée de la gauche. La capacité de ces forces à favoriser le développement de mouvements de lutte plus larges et à établir des liens avec de nouveaux secteurs sociaux et avec les jeunes qui descendent dans la rue pour la première fois sera décisive.

Dans ce vaste espace, en effet, des convergences seraient possibles sur certains thèmes favorisant la construction d’initiatives communes avec des secteurs différents, aptes à développer des alliances stables qui pourraient conduire à la formation d’organisations politiques avec une plus grande masse critique, capable d’intervenir plus efficacement dans le cadre politique et social, en construisant une alternative aux forces de la droite, mais aussi au PD* et au M5S**, c’est-à-dire aux différentes variantes politiques de la bourgeoisie italienne. Une course contre la montre a commencé pour éviter que le mécontentement social ne soit polarisé par les forces de la droite la plus réactionnaire.

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Les notes sont de NBH

* PD parti démocrate (social-libéral) dont le matrice est le PCI  auto-dissout en janvier 1991.

** M5S (Movimento 5 Stelle) Mouvement des 5 Etoiles passé de l'alliance avec le néo-fasciste Salvini à celle avec le PD.

 

 

 

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