Le triste destin du bordiguisme

                                                    Amadeo Bordiga en Christ pantocrator

Le bordiguisme était un courant présent au sein du mouvement communiste qui sous-estimait gravement la spécificité mortifère du fascisme. En l'assimilant aux autres formes de domination bourgeoise.

Il est aussi caractérisé par un  fétichisme du parti. Pour le bordiguisme, le véritable parti communiste peut, dans une période défavorable, n'être constitué que d'une poignée de membres qui œuvrent à la défense de la théorie en attendant des jours meilleurs. 

Il a une vision dogmatique du marxisme et statique, unidimensionnel de la stratégie.

Son nom vient du militant socialiste, puis communiste Amadeo Bordiga(1889-1970), co-fondateur du parti communiste d'Italie (PCd'I) dont il sera un temps assez bref (1923) le principal dirigeant. L'organisation communiste deviendra le PCI (parti communiste italien) en 1943. Il participe aux congrès du Komintern de 1921 à 1924 et à l’Exécutif élargi de février-mars 1926. Bordiga quant à lui s'oppose assez vite aux orientations de l'Internationale communiste. Il récuse le Front Unique et adopte des positions gauchistes défendant par exemple  l'idée que l'antifascisme était une arme de la bourgeoisie contre la classe ouvrière. Il est hostile à la participation aux élections. Ou encore il défend l'idée de "l'invariance" du marxisme contre tous "les modernisateurs" assimilés par lui à des affreux "révisionnistes" et cela encore dans les années 1960.

Il sera finalement exclu du parti communiste en 1930. C'est Antonio Gramsci qui en deviendra le dirigeant avec le soutien du Komintern. Bordiga sera arrêté par le régime fasciste mais libéré en 1929 date à laquelle il cesse toute activité politique jusqu'en 1944.

Après la guerre le courant bordiguiste s’est scindé en de nombreuses sectes plus ou moins rivales. Ce courant, se prétendant le gardien d’une stricte orthodoxie léniniste, ce qui en soi est antinomique avec la part vivante de la pensée de Lénine, est en général considéré par les autres groupes gauchistes comme ayant des positions intransigeantes et sclérosées.

Après la guerre Bordiga fondera un groupuscule sans aucune influence politique, enfermé jusqu'à sa mort en 1970 dans un sectarisme et un dogmatisme intégraux et une impuissance politique absolue.

Toute ressemblance avec des courants contemporains serait purement fortuite.

Antoine Manessis.