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                                              L'ancien roi de Grèce Constantine II avec la reine Elizabeth II en 2011.

                                                 Elisabeth et Constantin cousin, cousine... 

 

 

Constantin Glücksbourg est mort.

Pour ne pas être désagréable avec un mort disons que la sienne, de mort, a laissé indifférent la plupart des Grecs. 3000 monarchistes nostalgiques ont salué sa dépouille dans la cathédrale de l'Annonciation. Athènes comptant 4 millions d'habitants cela donne une idée assez juste de la popularité du monarque déchu.

Le peuple grec avait dit non à la monarchie en 1974, après la chute du régime des colonels, lors d'un référendum. A 70%.

En fait les Grecs n'ont jamais été monarchistes, le pays était sans tradition monarchique. La royauté avait été imposée par les puissances "protectrices" de la Grèce, surtout les impérialismes anglais, français et russe avec l'assentiment de la Prusse et de l'Autriche. Afin de tenir en laisse ce peuple rebelle qui s'était inspiré des idéaux de la Révolution française pour se libérer du joug ottoman. Rigas Féréos étant exemplaire de ce courant des Lumières néohellènes.

Yannis Kapodistrias dirige le pays au sortir de la guerre d'indépendance en 1927, élu par une Assemblée Nationale qui établit une Constitution qui affirme  que "La souveraineté appartient au peuple ; tout pouvoir dérive du peuple et existe pour le peuple". Kapodistrias est un réformateur intègre qui modernise et jette les bases de la Grèce moderne. Détesté à la fois par les puissantes familles des grands propriétaires terriens et par le prince von Metternich, le tout puissant chancelier d'Autriche, qui le considère comme un révolutionnaire, il est assassiné en 1831 par les rejetons d'une de ces grandes familles. 

Dans l'Europe de la Sainte Alliance contre-révolutionnaire il est évident que le pays sera une monarchie, malgré les volontés de l'Assemblée nationale grecque et du gouvernement provisoire hellénique d'établir une république. En 1832 Otton de Bavière  (fils du roi de Bavière) est déclaré roi des Hellènes, son épouse Amélie (ou Amalia) d’Oldenbourg, reine. Sans que les Grec-que-s aient  leur mot à dire.

La Grèce est le jouet des grandes puissances qui profitent de leur nouvel ascendant pour exiger le recouvrement des dettes helléniques et imposer à la Grèce la tutelle d'une commission financière...Déjà. De plus le roi Otton gouverne de façon autoritaire. En 1862 un soulèvement populaire l'oblige à s'exiler en Bavière.

Mais les grandes puissances veillent et remplacent Otton par le prince Georges de Danemark en 1863.Un coup d'Etat impose au roi un premier ministre libéral (et républicain) Eléphtérios Venizélos. Une succession de conflits et coups d'Etat entre royalistes et républicains rappelleront en permanence l'hostilité du peuple grec pour la monarchie. Mais ce sont toujours les puissances qui dominent la Grèce (surtout la Grande-Bretagne puis les États-Unis à partir de 1945) qui décident pour lui.

Quand à Constantin Glücksbourg il devient roi en 1964 à l'âge de 24 ans. Constantin et la cour, où domine sa mère la reine Frederika de Hanovre, petite-fille du Kaiser Guillaume II et ancienne des jeunesses hitlériennes, entre bientôt en conflit avec le Premier ministre de l'Union du centre, Georges Papandréou. Le souverain déclenche, en 1965, une crise politique qui déstabilise la Grèce, violant l'article 114 de la Constitution. Des manifestations massives ont lieu à Athènes et dans tous le pays contre le roi et la droite. La gauche ( EDA, Gauche démocratique unifiée), malgré la répression permanente contre elle, obtient entre 20 et 15% des voix aux élections. Rappelons que c'est l'époque, en mai 1963, où Grigoris Lambrakis ("Z") fut assassiné par des nervis monarcho-fascistes agissant pour des généraux, de la gendarmerie et de l'armée, proches du Palais. La participation de ce dernier à cette conspiration ne faisait pas de doute aux yeux de la plupart des Grecs.

La crise aboutit au coup d'Etat des colonels le 21 avril 1967 qui instaura en Grèce un régime fasciste qui dura jusqu'en 1974. Le roi pris de court par le putsch tente un contre-coup à son profit qui échoua lamentablement. Constantin prit alors le chemin d'un exil doré à Rome.

La démocratie restaurée, après la chute des colonels, la monarchie est déposée par le peuple. La liquidation de cette anomalie politique est confirmée par un référendum organisé le 8 décembre 1974. 70% des votants disent définitivement non à la monarchie. Constantin poursuivra son exil doré et sera même autorisé à demeurer en Grèce à partir de 2013. Non sans avoir empoché 12 millions d'euros d'indemnité de l'Etat grec pour "la confiscation de ses domaines". Décision imposée à la Grèce par la justice européenne...

On comprendra aisément que la mort de Constantin Glücksbourg n'ait suscité que de la détestation ou au mieux de l'indifférence de la part des Grec-que-s.

 

Antoine Manessis.

 

 

 

 

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