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Antonio Gramsci disait que lorsque "les questions politiques sont déguisées en questions culturelles, elles deviennent insolubles".

Il serait donc temps pour la gauche d'adopter une attitude offensive et de porter sur le terrain politique les débats qui traversent la société. En particulier devant l'insidieuse propagande néofasciste qui étaye son discours raciste et xénophobe sur des considérations culturelles qui sont autant de déclinaisons de "la guerre des civilisations". 

Soulignons que cette propagande n'est pas le seul fait des partis d'extrême-droite mais qu'elle est désormais relayée par la droite classique (il n'y avait qu'à écouter le débat télévisé et néanmoins écœurant entre les 3 prétendants au trône vermoulu des LR), par la droite macroniste et la droite social-démocrate à l'image d'un Manuel Valls.

Ce qui a préparé les victoires des fascismes historiques et les avancées des néo-fascismes contemporains c'est d'avoir porté le débat politique sur le terrain culturel.  L'identité, la race, les mentalités, les valeurs et  d'avoir marginalisé le politique et la lutte des classes.

Pourquoi "le souverainisme de gauche" s'est-il fait satelliser par le néo-fascisme, sinon parce que sur ce terrain il y a, sous-jacent, négation des classes au profit du nationalisme. Paradigmatique à cet égard, le journal Front Populaire, "la revue de  tous les souverainismes" qui est, en fait, la revue de tous les néo-fascismes. 

On peut dans certaines circonstances faire du combat de libération national un levier pour la lutte d'émancipation sociale mais seulement dans certaines circonstances.  Le phénomène national ne doit pas être négligé, ça peut être une faute politique. Mais nous ne sommes pas au Vietnam occupé par les impérialismes français, japonais ou étasunien. Ni même dans l'Irlande de James Connolly. Aujourd'hui le Sinn Fein prospère politiquement en portant un programme social progressiste et c'est lui qui, par sa dynamique sociale et inclusive, a pour effet la réunification de l'île.

On est plutôt dans un contexte politique où ce qui manque ne sont pas  tant les criailleries à la Déroulède mais plutôt la clarté dans la définition des enjeux de classe et d'une stratégie. Et du coup  la question des alliances et des compromis est posée. Car pour constituer un front suffisamment ample pour vaincre les droites, il faudra râtisser large. Un programme à la fois progressiste et surtout permettant une dynamique sociale, favorisant l'intervention des masses dans les processus décisionnels et les orientations, est central. Car c'est de là que peut venir la "rupture" et non d'incantations et de postures.  D'où la question des institutions politiques mais aussi sociales et économiques qui bâtiront un "sens commun" opposable aux délirés néo-fascistes.

Il ne faut pas confondre radicalité et extrémisme.  Les médias aux ordres ont fait du terme radicalité un talisman brandi contre la gauche et qui amalgame tout et n'importe quoi, du moment que ça fout la frousse.

Or la radicalité c'est prendre les choses par la racine et non "le verbe révolutionnaire", la radicalité c'est la place prise par les classes populaires dans l'organisation politique porteuse du changement, la radicalité c'est unir dans la clarté, la radicalité est surtout dans la dynamique que les forces de gauche sont capables d'impulser.

 

Antoine Manessis.

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