Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

              

 

L'UE est par destination, portée sur les fonds baptismaux par le capital étasunien et européen, une institution et un dispositif économico-social visant à imposer un ordolibéralisme, qui est une forme du néolibéralisme. D'où le rejet par les classes populaires de "l'Europe". Energie, retraite, privatisations, réduction des dépenses sociales: ces axes des politiques gouvernementales sont inspirés souvent par l'UE.

En termes idéologiques la bourgeoisie n'a pas tous ses œufs dans le même panier. Le nationalisme est une alternative au supranationalisme. L'Europe "des nations", "des patries", le souverainisme, le Brexit en fut une belle démonstration, peuvent demain remplacer les mirages de l'Auberge espagnole, d'un Erasmus général surtout chez ceux qui savent en être exclus.

Ce qui met la gauche dans une situation inconfortable avec le risque de se mettre à la remorque de la bourgeoisie dans les deux cas de figures précédemment et brièvement décrits. Et de semer la discorde dans son camp, dans son front, entre classe moyenne plutôt philo-européenne, et les classes populaires, plutôt eurosceptiques. On sait combien cela a coûté cher à Jeremy Corbyn et au Labour.

A cet égard il nous semble que l'orientation globale de la FI, avec ses contradictions, reste, et depuis longtemps, la plus juste et la plus efficace. En (très) gros: on négocie, on refuse les traités néolibéraux et à la fin le peuple décide s'il veut ou non que le programme de la gauche soit appliqué avec l'éventualité d'un accord ou d'une rupture avec l'UE. Plan A et plan B. 

Cela pour deux raisons:

- la première, se coucher devant les diktats néolibéraux de la Commission et de toutes les Troïkas qu'on voudra, ne préserve pas de la défaite, ni du déshonneur. Après l'expérience grecque, rien à ajouter.

- La deuxième c'est que les Brexit, Frexit, Grécxit ou la soudaine disparition de l'UE par la magie d'un Harry Potter de gauche, ne feront pas disparaître le capitalisme. On peut se raconter des histoires sur le premier pas...si c'est pour finir avec un Rishi Sunak, pas la peine de totémiser "la sortie" avec des contorsions à la Déroulède.

On peut aussi se demander en observant les aléas des relations franco-allemandes, si la question se posera encore longtemps. L'Allemagne dont 55% des importations étaient le gaz russe, doit impérativement, aux yeux de sa classe dirigeante, affirmer son hégémonie en Europe. Pour cela elle ne peut que compter que sur sa domination économique aussi n'a-t-elle attendue personne pour se concocter un plan de relance de 200 milliards sans rien demander à personne. Sur le plan de sa défense elle a décidé d'un plan de 100 milliards pour moderniser son armée, dont l'essentiel ira aux entreprises étasuniennes. Nos marchands de canons et d'avions en sont tout dépités. Et que dire du bouclier anti-missiles que l'Allemagne met au point avec 14 pays de l'OTAN pendant que Macron pérore sur "l'Europe de la défense". Enfin sur la plan énergétique les divergences germano-françaises sur le nucléaire confirment la crise des relations entre les deux moteurs européens qui ne tournent pas au même régime, ni au même carburant. Comme l'écrivait il y a déjà 4 ans la regrettée Coralie Delaume: "Le couple franco-allemand n'existe pas".

Les Etats-Unis, qui ne veulent pas d'un empire concurrent de plus mais de vassaux, auront parfaitement utilisé le contexte de la guerre en Ukraine pour briser les velléités d'autonomie des européens.

Reste l'espoir que les peuples d'Europe, UE ou pas, rentrent avec fracas dans le jeu politique pour imposer leurs agendas et leurs intérêts contre la méga-austérité que le capitalisme nous concocte et que l'extrême-droite, la droite et l'extrême-centre ne manqueront pas de nous servir.

 

Antoine Manessis.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :