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 Manifestations nationalistes reprenant les symboles irrédentistes (soleil de Vergina)

 

L'agitation nationaliste et xénophobe en Macédoine du Nord confirme les craintes exprimées depuis fort longtemps en Grèce.

Le courant irrédentiste, soutenu par Ankara, a subi une défaite avec la dénomination du pays et le drapeau de celui-ci. Les Grecs ont dénoncé dans cette bataille pour le nom et le changement du drapeau une revendication à peine camouflée des slaves macédoniens sur la Macédoine grecque.

Sous le régime de Tito, dénoncé comme fasciste par l'Union Soviétique puis comme pays frère ( et oui tout le monde peut se tromper...), la Macédoine du Nord connaît un développement socio-économique rapide. La population agricole diminue, tout comme l'illettrisme et l'industrie est largement encouragée. Mais l'éclatement de la Yougoslavie provoque une crise générale dans les régions qui la formaient.

Bien entendu le nationalisme - et le jeu des puissances régionales -  s'en sont mêlés. Nationalismes au sein même de la Macédoine du Nord entre Slaves macédoniens et minorité albanaise. En 1991 un référendum proclame l'indépendance de la "République de Macédoine" à 95%. Même le drapeau de la nouvelle République qui reprend le soleil de Vergina, un symbole de la Macédoine antique, révèle les intentions irrédentistes de Skopje. Le blocus grec oblige les Slaves macédoniens à changer de nom et de drapeau.

En 2019 les parlements macédonien du Nord et Grec signent un accord sur le nom de République de Macédoine du Nord. Qui clôt un long affrontement politique qui n'a pas entravé les échanges économiques. En Macédoine du Nord, le 30 septembre 2018, le « oui » au nouveau nom l'a emporté avec 91 % des voix mais avec une participation de 36% des électeurs.

La Macédoine est membre de l'OTAN  -elle a envoyé des soldats en Afghanistan !... - et candidate à l'entrée dans l'UE. La situation sociale est assez catastrophique et une politique néolibérale sauvage est appliquée par tous les gouvernements (corrompus) macédoniens du Nord, sociaux-libéraux comme de droite. La part de la population pauvre augmente et les classes supérieures s'enrichissent rapidement, comme ici en pire. Afin d'attirer les entreprises étrangères, le gouvernement macédonien a instauré un impôt à taux unique pour les entreprises.

Les manifestations actuelles sont le fait des nationalistes de droite du VMRO-DPMNE et ont un accent xénophobe très prononcé à l'égard des Bulgares. C'est un mouvement de droite extrême et nationaliste qui s'oppose à la droite européiste. Macron a proposé un compromis entre Bulgares er Macédoniens du Nord. Skopje doit notamment s'engager à modifier sa Constitution pour inclure les Bulgares dans les groupes ethniques reconnus et à "mettre en oeuvre" un traité d'amitié de 2017 visant à éradiquer les discours de haine. 

En pleine régression nationaliste, ces pays s'enfoncent dans des imaginaires identitaires qui les opposent. Le premier ministre macédonien du Nord a mis de l'huile sur le feu en déclarant que la Bulgarie fasciste qui avait occupé la Macédoine et une partie de la Grèce durant la IIe Guerre Mondiale n'était alors pas "fasciste". Le chef de l'opposition s'empare de la situation  pour exciter le nationalisme macédonien: "l’identité macédonienne sont au-dessus et avant tout " a-t-il déclaré.

Ce petit pays de 2 millions d'habitants, plongé dans la misère, la corruption et le nationalisme, démontre les dégâts que la dislocation de la République fédérative et socialiste de Yougoslavie a entraîné, quels qu'étaient ses défauts.

 

Antoine Manessis.

 

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