"Voici finalement le grand chambardement" ?

                 Aux sectes impuissantes: la réponse du peuple 15.000 hier à Lyon avec Mélenchon

"La grande explication" ou la petite couillonnade ? 

Cela fait longtemps que certains révolutionnaires privés de révolution, c'est ballot avouez quand on sait que "le devoir de tout révolutionnaire est de faire la révolution" (Ché Guevara), compensent les faits par des mots. Moins la réalité est conforme aux souhaits de nos ersatz révolutionnaires, plus leurs mots sont ronflants. Plus leur action est petite, plus leurs mots sont grands.

Ainsi sachez, ça ne fait qu'un siècle que cette mouvance annonce régulièrement le grand soir, que c'est pour demain. Si vous avez le mauvais esprit de demander à quoi tient ce mirage, vous n'aurez aucune réponse. En fait il faut continuer à faire survivre "la petite chose", d'objectifs jamais atteints en objectifs inatteignables.

Comme le capitalisme, ce mode de fonctionnement "détruit le travailleur et la nature", autrement dit le militant et sa petite chapelle. Le nombre de militants, au turn over impressionnant, s'amenuise et la chapelle se délabre. 

Mais au secours de cette rude réalité il y a les cauchemars et les mots. 

Car loin d'être mobilisatrices les sombres visions de nos inconditionnels de la doxa "marxiste-léniniste" produisent de la résignation. Ils nous promettent, la dilution, la mort de la France et l'extermination de l'humanité...rien que ça. Sur ces réjouissantes perspectives ils lancent comme slogan "Le socialisme ou la mort" tout aussi emballant dans un tel contexte. 

Qui plus est, ils pourrissent les perspectives concrètes de faire des pas dans la bonne direction proclamant "mensongère" la volonté de sortir de l'OTAN sans sortir de l'UE et bien entendu du capitalisme. On tape ainsi sur la seule possibilité d'alternative progressiste. Comme ça on est sûr de ne rien faire puisqu'il il est impossible d'aller d'un point à un autre sans transition. Nos pseudo-léninistes devraient avoir entendu parler de la NEP, mais passons.

Nos vaillants militants, même "vieillis, usés et fatigués", relancent les mêmes mots d'ordre que 20 ans auparavant et repris au moins une fois par an : "aux usines, aux boîtes" et pour enfoncer le clou, comme s'il suffisait de dire pour faire, ils détaillent : "les entreprises, usines, chantiers, dépôts EDF, gares, hôpitaux, lycées, postes, autres services publics, etc." Sans se demander ce dont ils sont porteurs, ce qu'ils proposent comme perspective autre que des mots creux déconnectés du réel et surtout pourquoi ils sont incapables d'exister politiquement. Et surtout pourquoi sur aucun chantier, dans aucune usine, aucun hôpital, etc il n'y a pas l'ombre d'une cellule de ces pauvres âmes errantes entre nostalgie et sentiment de leur finitude politique. Effectivement, pas de quoi donner la pêche...

Heureusement ils comptent sur les autres pour faire. Les uns une manif interpro, les autres pour ressortir les gilets jaunes...même si les luttes, à un mois de la présidentielle, devraient aussi servir à définir une sortie politique des luttes. Mais cela voudrait dire sans doute que nos révolutionnaires en peau de lapin sombrent dans l'électoralisme...Il est vrai que l'élection, la reconnaissance populaire, et eux ça fait deux. Même pas à la hauteur du frère ennemi trotskiste nos jdanovistes, incapables d'avoir un candidat porteur de la bonne ligne. Il en faut donc "de la discipline et de l'abnégation" pour constater son impuissance et en même temps continuer à la nier.

Puisqu'on en parle des candidatures trotskistes à la présidentielle : à part affaiblir le seul candidat porteur d'une possible dynamique populaire à quoi servent-elles ? Et à quoi sert la candidature du PCF, quand les militants communistes auraient pu apporter tant, au contenu et à la forme, dans une campagne unitaire au sein de l'Union Populaire ? 1%, 2%, 3% en moins pour Mélenchon ? Quel bel et grand objectif. Suffisant pour empêcher la gauche d'être présente au 2e tour ? Bravo camarades.

Hier à Lyon 15.000 personnes autour de Jean-Luc Mélenchon ont répondu aux vieilles chouettes déplumées et inutiles. Dans l'optimisme de la volonté, un enthousiasme vrai et une confiance en eux-mêmes toujours plus affirmée, ils ont montré (ce que tous les sondages confirment) que la victoire du peuple est possible. Et si c'était cela le vrai "grand chambardement" ?

Antoine Manessis.