Imaginons...

                                                         14 juin 1936 Fête du Front populaire 

Un argument de plus pour voter Mélenchon ? Ne pas pouvoir voter pour lui.

Imaginons. Imaginons en effet qu'il ne parvienne pas à obtenir le sésame des 500 signatures nécessaires pour se présenter en phase finale. On sait que le PS et le PCF ont donné des consignes dans ce sens auprès de leurs élus.  Donc sans Mélenchon quel serait le tableau politique ?

Le PS est cuit. Du fait du discrédit qui le frappe depuis que Mitterrand a opté pour le néolibéralisme et du fait de la médiocrité de ses candidats: Jospin éliminé au 1er tour en 2002, Hollande incapable de se présenter en 2017, Hamon trahi par les siens et sans stature et enfin Notre-Dame de Paris cramée, si l'on ose dire, avant même d'avoir commencé sa campagne. Anne Hidalgo est certes une mauvaise candidate, trop marquée socialement (bourgeoisie de gauche), mais surtout elle paye la note de la politique anti-sociale et anti-populaire du PS depuis 50 ans.

La social-démocratie traditionnelle réformiste n'est pas représentée par le PS ni social, ni démocrate. Les débris du PS ne sont que l'expression d'une bourgeoisie avide de carrières et en osmose sociale et politique avec le capital et il constitue avec la droite "la coalition des cossus" selon la formule de Pierre Rimbert dans le Diplo.

La Macronie est l'expression achevée de ce processus qui fut dès 2017 ralliée par des barons socialistes et qui attire toujours ceux qui n'ont pas pris le train "En marche" dès le début: Elisabeth Guigou, François Rebsamen, Claude Bartolone, Marisol Touraine. Même Jean-Pierre Chevénement semble atteint par le virus macron. La mutation du PS en Parti Démocrate à l'italienne ou à l'américaine s'achève. 

Aucun-e citoyen-ne de gauche ne votera pour cette camarilla de gavés, d'arrivistes et de carriéristes. 

Le PCF, quant à lui, est marginalisé et en perdition idéologique. Cherchant à se démarquer de son adversaire principal, l'Union Populaire, le Café du commerce remplace le léninisme. Enthousiasmant la droite et les médias. Ils y voient, outre une légitimation de leurs propres dérives, le moyen d'affaiblir l'ennemi n°1, l'homme au couteau entre les dents, Jean-Luc Mélenchon. 

Pour le reste à gauche rien à signaler qui fasse masse et qui ait un sens. Car aussi sympas que soient Philippe, Nathalie, Anasse...leurs candidatures ne servent strictement à rien. Sauf à piquer un ou deux pour cent à JLM. Nous ne comptons pas Christiane Taubira. Personne ne le fait d'ailleurs.

Voilà donc où en est la gauche. Donc sans la candidature de Mélenchon, elle devient quoi la gauche ? La gauche de transformation, la gauche populaire, la gauche de gauche quoi. Ben rien. La Bérézina absolue. La disparition de la gauche, à l'italienne. La scène politique serait dominée par la droite Macroniste (LREM-LR-PS) et l'extrême-droite bientôt unie (avec une fraction LR) et sous la houlette de Le Pen III, Marion Maréchal-nous-voilà. Plus de gauche au pays de "la révolution la plus gigantesque qu’ait connue l’histoire" (Karl Marx).

Car ne nous faisons pas d'illusions, après un anéantissement de la gauche à la présidentielle, il n'y aura pas de rattrapage aux législatives. Il y aura (peut-être) quelques députés de gauche mais un groupe à l' Assemblée est incertain.

Voilà donc pourquoi il faut voter pour JL Mélenchon : il est la seule chance de battre et, dans tous les cas, de bousculer Macron, de frapper et barrer la route au néo-fascisme, de créer un rapport de forces qui permette au mouvement populaire de résister, de contre-attaquer et de vaincre. Il est la seule chance de donner de la force, peut-être la victoire, à la gauche.

Imaginons ces élections sans la candidature Mélenchon et nous nous rendrons compte de son importance, de son urgence, de sa nécessité. Il n'y a pas d'autre choix progressiste si ce qui est essentiel est la cause du peuple.

Antoine Manessis.