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Dominique Vidal s’était émue de l’emprise de "l’islamo-gauchisme" à l’IEP de Grenoble.

Jean-Michel Blanquer "pense qu’il y a une erreur formelle" dans le fait d'avoir suspendu le prof qui insultait l'établissement où il enseigne le comparant "à un camp de rééducation politique". Blanquer a de nouveau mis en cause le “wokisme”: “C’est de l’idéologie à la place de la science” 

Valérie Pécresse s'indignait dans le Figaro que "la liberté d’expression ne soit plus assurée à l’IEP de Grenoble".

Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a affirmé que cette dernière mettait fin à sa coopération et à son soutien financier à l’Institut d’études politique de Grenoble. Une intrusion politique dans la procédure interne d’un établissement de recherche et une sanction contre lui. La conception des libertés académiques par la droite...Les attaques verbales et symboliques des droites se transforment en rétorsion financière, comme de vulgaires gangsters et sur la base de la seule affirmation d'un prof militant, de droite, islamophobe et calomniant son Institut.

40 "personnalités" dénoncent la décision de suspendre l'enseignant Klaus Kinzler, "une censure imposée par un courant militant" selon elles.

Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, invité sur tous les médias et militant islamophobe fanatique sous couvert de défense de la laïcité. Comme Zemmour. L'IEP de Grenoble serait "un petit Pakistan", "Un laboratoire de la pensée stalinienne", sa directrice "a anéanti la réputation de cette école", de "cette école de la honte", la direction de l'IEP "s'est rangée du côté de la terreur intellectuelle". Le directrice envoie le message suivant, nous explique maître Malka, "taisez-vous, courbez l'échine devant la terreur intellectuelle".

 

Si nous reparlons de cette affaire c'est que sa mise en avant politico-médiatique est l'expression d'une vaste et dangereuse campagne orchestrée par la droite et l'extrême-droite (Le Pen et Zemmour ont félicité Wauquiez). En dénonçant "l’islamo-gauchisme", le "wokisme"… qui sont autant de représentations caricaturales, d'arguties de café du commerce, de chimères conservatrices, la droite a un but : casser l’université qui est un lieu où l’on peut débattre de courants d’idées nouveaux, sans devoir le justifier devant des autorités politiques. Ces libertés académiques gênent uen droite zemmourisée, lepenisée par peur du peuple et de ses réactions face aux désastres sociaux et environnementaux que les politiques gouvernementales LR-PS ont provoqués. 

Suite aux propos provocateurs de Frédérique Vidal, la Conférence des Présidents d'Université avait fait un point qui aurait dû faire taire les attaques ministérielles. La CPU fait part de "sa stupeur" face à une nouvelle polémique stérile sur le sujet de l’islamo-gauchisme à l’université:  "L’islamo-gauchisme n’est pas un concept. C’est une pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique, et qu’il conviendrait de laisser, sinon aux animateurs de C-news, plus largement, à l’extrême droite qui l’a popularisée. Utiliser leurs mots, c’est faire le lit des traditionnels procureurs prompts à condamner par principe les universitaires et les universités."

Après ces mots, comment comprendre les délires hallucinés, haineux, ridicules et dérisoires de Malka, les mesures liberticides grossières de Wauquiez, le suivisme de toutes les droites à l'égard du néo-fascisme, l'insistance de ministres à utiliser des "pseudo-notions" si ce n'est parce que tous ces gens poursuivent un objectif commun: détruire l'université qui, malgré des reculs constants depuis 30 ans (la loi LRU de Pécresse étant un moment important de cette entreprise de casse), reste un lieu de libre confrontation des savoirs et des idées. Détruire l'université s'inscrit dans un processus réactionnaire plus vaste et mortifère, transformer la République démocratique en État dictatorial du capital.

 

 

Antoine Manessis

 

 

 

PS. Pour avoir été invité, il y a quelques semaines à peine, à animer un séminaire à l'IEP de Grenoble, je peux témoigner de l'ambiance de travail et de libre débat qui y règne. Des enseignants et des étudiants passionnés, motivés, que je remercie une fois encore pour leur accueil.

 

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