L'Allemagne sans Merkel

L'Allemagne prépare ses élections fédérales d'où sortira le nouveau chancelier ou la nouvelle chancelière.

D'autant qu'Angela Merkel, après 4 mandats, quitte la vie politique active.

Comment se présentent les choses?

Le SPD a désigné son candidat, il s'agit d'Olaf Scholz, vice-chancelier de Merkel et son ministre des finances, puisque le SPD et la CDU-CSU dirigent ensemble le pays dans une Grande Coalition. On imagine bien qu'il ne faut attendre aucun changement majeur dans la politique allemande en cas de victoire des sociaux-démocrates. Victoire qui semble encore lointaine, le SPD n'étant crédité que de 17% dans les sondages. Même si rien n'est impossible étant donné que le SPD peut envisager 2 coalitions : SPD+Verts+La Gauche ou SPD+Verts+FDP(libéraux). La première formule a le soutien des militant, la deuxième celle du candidat.

La CDU-CSU après avoir écarté la favorite de Merkel hésite entre trois candidats. Ceux-ci ne percent pas dans l'opinion et si la droite part avec un avantage du fait de la popularité de Merkel, rien n'est totalement joué. Il faut dire que Merkel avait écrasé toute personnalité susceptible de lui faire de l'ombre.

Les Verts (Grünen) ont eu le vent en poupe et ont même dépassé le SPD dans les sondages mais depuis la pandémie et sa gestion considérée comme bonne par une large majorité d'Alleman-des, les Verts sont en baisse. Mais ils restent de potentiels alliés du SPD voire de la CDU-CSU.

L'AfD d'extrême-droite s'est choisi une figure de proue appartenant à l'aile la plus radicale du parti. L'objectif étant d'apparaître comme une "alternative" à la droite jugée trop modérée. Il sera évidemment instructif de voir comment va évoluer le score de ce parti. Pour  le moment les sondages lui donnent autour des 12% ce qui était son score en 2017 lors des dernières élections. Mais cette prévision semble optimiste.

La gauche, Die Linke, doit gérer la succession d'Oscar Lafontaine et de son épouse Sahra Wagenknecht. Cela provoque au sein du parti une crise d'identité comme les aime une certaine gauche mais qui pose de vraies questions: Qu’en est-il de la capacité du parti Die Linke à gouverner ? Quelle ligne souhaite-t-il incarner et comment voit-il son rôle dans une éventuelle coalition avec le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) et les Verts ? Et qui, au sein du parti, serait en mesure d’apporter des réponses à ces questions ? Une partie des dirigeants est favorable à une entente avec le SPD mais une large base y est hostile.

Quant aux Libéraux du FDP ils ne sont pas sûrs d'obtenir les 5% qui lui donneraient une représentation parlementaire et donc la possibilité d'offrir son soutien à une coalition avec la droite.

Quant au DKP (Parti communiste allemand) il est totalement marginalisé et ne pèse pas dans la vie politique du pays. Il est d'autant plus choquant que des raisons administratives (une histoire de rapports financiers en retard) soient données par la Commission électorale fédérale allemande qui a récemment annoncé que le Parti communiste allemand ne serait pas autorisé à participer aux prochaines élections fédérales en septembre et perdrait son statut de parti politique.  Mesure encore plus absurde quand on sait le DKP n'avait aux dernières élections obtenu que 1699 voix (contre 18 millions pour la CDU, 11 millions pour le SPD ou encore 3,7 millions de voix à Die Linke...).

En tous les cas une élection importante dans le pays qui domine l'Union Européenne où son hégémonie s'affirme de plus en plus ouvertement et de façon arrogante quand ce n'est pas raciste* et dont l'histoire, en particulier de son capitalisme et ses dérives meurtrières, reste marquée dans l'esprit de tous les peuples d'Europe. 

Antoine Manessis.

* Merkel a encore très récemment tenu des propos racistes à l'égard des PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) ce que les chiens de garde ont traduit "Merkel fait les gros yeux à la Grèce et au Portugal" (Les Echos). Écœurant.