"Rien à perdre, tout à gagner / Nada que perder, todo que ganar"

La violence de l’État répond à l'exigence de liberté et de justice de la jeunesse populaire

Le mouvement qui avait commencé après l'incarcération d'un rappeur catalan, Pablo Hasel, est désormais devenu une clameur de la jeunesse pour les droits sociaux et les libertés démocratiques : abroger la loi travail, interdire les expulsions locatives, réguler les loyers ou encore abolir la monarchie, défendre la liberté d'expression.

Les jeunes Catalans, comme ceux de toute l'Espagne, sont frappés par la précarité et un taux de chômage de 40 %. Insupportable. "Rien à perdre, tout à gagner" est devenu le slogan d'une jeunesse populaire qui se soulève et affronte l'Etat bourgeois et ses forces de répression. 

Un autre fait intéressant sur le plan politique est l'approche radicalement différente entre le PSOE et Podemos. Pablo Iglesias - leader de Podemos et deuxième vice-président du gouvernement - a ainsi affirmé qu'il n'existait pas en Espagne "une situation de normalité politique et démocratique pleine" et il soutient les manifestations face à "la condamnation des violences inacceptables" de Pedro Sanchez, le premier ministre.

L'ampleur du mouvement et son amplification démontre que l'intervention politique des masses permet de souligner les contradictions des partis politiques et de faire tomber des masques.

La situation politique et la problématique des libertés en Espagne a une triple source : le passé franquiste et la manière dont s'est déroulée la "transition" démocratique, les questions nationales qui se posent de façon aiguë en Espagne et évidemment la question sociale et les conséquences tragiques de la crise capitaliste aggravée par la crise sanitaire.

En tous les cas ce mouvement est largement porteur de conflictualité et de radicalité. Reste, là-bas comme ailleurs, la dramatique absence d'une alternative politique. 

Antoine Manessis.