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Le PCP célèbre son centième anniversaire.

Le Parti communiste portugais a une histoire qui a forgé une organisation originale. Un parti qui a su s'adapter aux circonstances historiques qu'il a traversé. La clandestinité et la répression (depuis 1926), les années de la dictature fasciste de Salazar et Caetano. La lutte contre le colonialisme portugais aux côtés des peuples des colonies. La révolution d'Avril où le PCP a exploité au mieux les circonstances pour avancer vers le socialisme et qui a su se replier en bon ordre face à un rapport de forces qui ne permettait pas de mener les choses plus loin qu'elles ne le furent. La coalition des impérialistes et de la social-démocratie et des gauchistes, si elle brisa la dynamique populaire, ne parvint pas à effacer toutes les conquêtes d'Avril.

Soulignons le rôle de son secrétaire général, Avaro Cunhal (1913 - 2005) qui su concilier le réalisme et la perspective révolutionnaire et qui fut un dirigeant de haute stature politique et éthique.

Depuis le PCP a continué son combat en adoptant un positionnement pragmatique. Ni reniement, ni sectarisme. Ce qui est notable, et qui sans doute lui permet de peser sur la vie de la nation, c'est qu'en lien avec la Confédération générale des travailleurs portugais - Intersyndicale nationale (CGTP-IN), le PCP est toujours perçu comme utile aux travailleurs. Dans son rapport dialectique avec le gouvernement du PS, il veut montrer qu'en même temps il est une force qui exerce une pression continue sur le PS par les luttes sociales mais qu'il sait aussi appuyer les mesures positives que cette pression obtient. Et ainsi éviter un retour de la droite. Cette situation est évidemment porteuse de contradictions auxquelles le PCP tente de répondre avec sa stratégie visant à une "alternative de gauche et patriotique".

L'attitude souple et ouverte du PCP ne l'empêche pas de subir incontestablement une érosion de ses positions, érosion qui touche tous les partis communistes.

En 1976 il obtenait 785.594 voix et 14,39% des voix. Avec 40 députés élus.

En 1979 il réalisait 1.129.322 voix, 18,80%. 

Mais l'érosion est visible depuis 1991 en particulier:

En 1991 le PCP obtenait 504.583 voix, 8,80%.

En 2019 il obtient 332.473 voix, 6,33%. Avec 10 députés.

Toutefois son influence et son rayonnement vont au-delà de ses résultats électoraux mais la question de la place et de l'espace politique d'un parti communiste demeure entière.

 

Antoine Manessis.

 

Exemple de l'attitude pragmatique du PCP (Texte de Louis Althusser de 1976 sur la Dictature du prolétariat).

"Le Parti communiste portugais s’est très nettement prononcé, par la voix d’A. Cunhal, dans son Xe congrès tenu dans la clandestinité en 1974. A. Cunhal a dit en propres termes : nous devons supprimer de notre vocabulaire certaines expressions, en petit nombre. Nous devons le faire parce que, après 50 ans de fascisme, le peuple portugais ne peut tout simplement pas comprendre que le parti communiste, qui lutte pour la liberté, puisse les employer. Par exemple l’expression dictature du prolétariat. Et Cunhal a dit avec un grand calme et une grande force : mais que personne ne s’y trompe ; nous abandonnons seulement, uniquement, l’expression de dictature du prolétariat, nous n’abandonnons absolument rien du concept, qui est le concept clé de la théorie marxiste en matière de lutte de classe". 

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