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En Hollande et au Danemark ont eu lieu des manifestations importantes contre les politiques gouvernementales anti-Covid. Que toutes les revendications - d'ailleurs floues - des manifestants ne soient pas pertinentes, est possible sinon probable. Mais elles révèlent le ras-le-bol des peuples, non contre le virus qui fait son boulot de virus, mais contre les réponses des pouvoirs.

Plusieurs études, cet automne, l’avaient déjà souligné, Oxfam enfonce le clou avec son dernier rapport : la crise sanitaire du Covid-19 a bel et bien profité aux multimilliardaires. "Les dix hommes les plus riches du monde – dont fait partie le Français Bernard Arnault– ont vu leur fortune totale augmenter de 540 milliards de dollars (479 milliards d’euros) depuis le début de la pandémie ", pointe l’organisation internationale, qui lutte pour la réduction des inégalités. Dans le même temps, "entre 200 millions et 500 millions de personnes supplémentaires pourraient avoir basculé dans la pauvreté en 2020", estime l’étude, précisant qu’il faudra "plus d’une décennie avant que le taux de pauvreté ne retrouve son niveau d’avant la crise" ce qui reste hypothétique car le capitalisme cherche toujours à réduire les salaires pour augmenter ses profits .

Voilà contre quoi les manifestants protestent sur le fond qu'ils aient ou non connaissance des études d'Oxfam, leur quotidien leur suffit pour comprendre que les politiques mises en œuvre, Covid ou pas, sont des politiques de classe, elles-mêmes déterminées par la logique capitaliste. Les manifestants de tous les pays savent ce que Victor Hugo décrivait ainsi: "C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches". En effet pour les milliardaires étasuniens comme Jef Bezos (+69,3 milliards d’euros en 2020) ou chinois comme Zhong Shanshan (+67, 9 milliards d'euros) ou français Bernard Arnault (+ 44 milliards d'euros) c'est la paradis. "Alors que les milliardaires français ont connu la troisième progression la plus forte – 175 milliards d’euros, soit deux fois le budget de l’hôpital public –, on est passé de 5,5 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire à plus de 8 millions en septembre en France" confirme le porte parole d'Oxfam-France.

Et quelle est la réponse des gouvernements hollandais et danois aux manifestants ? La violence policière la plus écœurante. Et bien connue sous nos cieux. Après que les manifestants aient été encerclés, la police a déployé police montée, chiens policiers matraques et canons à eau. Entre autres une jeune femme a été blessée lorsqu’elle a été touchée au visage par le déploiement d’un canon à eau à bout portant. Une vidéo filmée en direct sur Facebook montre qu’elle quitte les lieux avec la tête ensanglantée. Sur la vidéo de l’incident, la jeune femme et son compagnon ne semblaient évidemment pas menaçants. Ca aussi on connait. La victime a indiqué souffrir d’une fracture du crâne et de 15 points de suture. Amsterdam, Eindhoven, La Haye, Breda, Arnhem, Tilbourg, Enschede, Appeldoorn, Venlo et Ruremond ont connu les mêmes scènes de violence policières.

Ce matin en écoutant l'interview de John Jorritsma, le maire de droite "libéral-conservateur" d'Eindhoven sur France Culture, on se croyait dans une machine à remonter le temps. L'édile hollandais dénonçait "la lie de la société" et demandait "l'intervention de l'armée contre une menace de guerre civile". Du Monsieur Thiers tonnant contre la Commune de Paris pur jus en... 2021. A la situation catastrophique des classes populaires, inquiètes pour leurs enfants, leurs parents et leur travail et des classes moyennes (restaurateurs, cafetiers, artistes...) les classes dirigeantes répondent par la violence, les insultes et le mépris. Le premier ministre hollandais Mark Rutte a déclaré "C'est de la violence criminelle et nous allons la traiter comme telle". Sinistre avertissement de celui qui a eu une gestion particulièrement chaotique du coronavirus qui oscille, depuis le départ, entre laxisme et soudaine inflexibilité.

Jusqu'à quand croient-elles pouvoir contenir la colère des peuples que l'on prive des moyens de vivre dans tous les sens du terme, en les réduisant au chômage et en cassant les services publics de santé? Une colère, hélas sans boussole politique, mais dont l'existence et le sombre désespoir, sont éminemment politiques. 

 

Antoine Manessis.

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