Nos îles ne deviendront pas des prisons de l’UE!

                                                                        Manif à Lesbos 

Des manifestations ont lieu en Grèce, plus particulièrement sur des îles grecques où s'entassent des migrants venus de Syrie mais aussi d'Afghanistan, du Congo, Nigeria, Pakistan etc. 

S'entassent puisque le camp d'accueil de Lesbos prévu pour 6200 personnes en compte 38.000.

Ces manifestations ont pour principale revendication la demande de ne pas faire des îles où arrivent les migrants (Samos, Lesbos, Chios, Kos, Leros...) des camps de concentration permanents de migrants comme le gouvernement grec de droite (ND) souhaite le faire. C'est contre la construction de ces structures fermées que les Grecs manifestent.

Ces manifestations ne sont pas des manifestations anti-migrants. Les manifestants affrontent le police anti-émeute, les tristement célèbres MAT, envoyée par le pouvoir pour mater la population.

                                                                    Les MAT à l'oeuvre

Rappelons le contexte.

Recep Tayyip Erdoğan s'est engagé dans une guerre contre la Syrie où il soutient les groupes terroristes en lutte contre le pouvoir syrien et où il combat les groupes kurdes qu'il soupçonne de poursuivre les mêmes objectifs que le PKK dont ils sont proches, à savoir un Kurdistan autonome.

Militairement et politiquement en très mauvaise posture Erdogan prend en otage les migrants qu'il jette à la mer vers la Grèce et auxquels il ouvre sa frontière terrestre dans la région d' Evros où 40.000 migrants sont bloqués par les gardes frontières grecs. Il se livre à un vulgaire chantage qu'il assume ouvertement. Il exige le soutien des Occidentaux en Syrie sinon il lâche des milliers de migrants vers l'Europe comme il le fait avec la Grèce.  L'UE et Erdogan avaient convenu que la Turquie conserverait les migrants sur son sol moyennant 6 milliards d'euros.  Mais désormais Erdogan met en avant la situation politique en Syrie.

L'UE après avoir ravagé la Grèce pendant des années avec une austérité d'une violence inouïe (en gros une baisse de 50% du niveau de vie des Grecs accompagnée de la destruction de tous les services publics), veut faire de la Grèce un camp pour migrants. Comme en Italie, une telle situation provoque des remous dans la société. Le peuple grec ne peut pas accepter de voir ses îles et son pays devenir comme l'a dit le PAME "La prison de l'UE"(voir à la fin de l'article le communiqué du PAME syndicat de classe en Grèce).

Cela étant tous les journaux reconnaissent que les Grecs ont été accueillants et solidaires des migrants. Frappés par les diktats de l'UE et de ses collabos locaux, les Grecs ont tout de même toujours fait ce qu'ils pouvaient pour ceux qui avaient encore moins qu'eux. Une femme apporte 4 œufs à une famille de migrants. Un homme amène une couverture...des milliers de ce genre de petits gestes sont quotidiens en Grèce. Non que les Grecs soient meilleurs que d'autres mais ils savent ce qu'être migrant veut dire. 1 million 500.000 Grecs ont été chassés par la terreur d'Asie Mineure où ils vivaient depuis 2000 ans et se sont vu propulsés en Grèce continentale où ils se sont entassés dans des sortes de bidonvilles dans la banlieue d'Athènes. Ils seront un vivier de cadres et de militants du parti communiste de Grèce. Cela date de 1923 ce que les Grecs ont appelé "La grande catastrophe". La grand-mère de l'auteur de ces lignes a vécu cela avant de devenir avec sa famille une immigrée en France. 

A cette histoire récente s'ajoute une culture accueillante à l'étranger. En Grèce de nombreuses femmes s'appelle Philoxénie ce qui veut dire"amie de l'étranger". Dans quel autre pays existe un tel prénom qui révèle une attitude de bienveillance à l'égard de l'étranger ? La philoxénia, amour de l'étranger, est un concept vivant en Grèce.

Certes des bandes fascistes existent aussi en Grèce comme  Aube Dorée (Chrissi Avghi) qui tentent de profiter de l'attitude méprisante, arrogante, insultante de l'UE à l'égard des Grecs et de la trahison de Syriza. Mais il est très encourageant de constater que ce sont sur des bases progressistes que les manifestations se déroulent sur les îles et en Grèce continentale. Malgré la complicité de la police et du pouvoir avec les nazis d'Aube Dorée qui tentent de dénaturer le combat des Grecs, ceux-ci dans leur immense majorité ne sont pas hostiles aux migrants mais aux vrais responsables de la situation des Grecs et des migrants : l'Union Européenne et le gouvernement grec.

Antoine Manessis.

Communiqué du PAME  (Front de combat de tous les travailleurs).

PAME : « Pas de camps sur les îles, ni fermés ni ouverts, nos îles ne deviendront pas des prisons de l’UE! »  

 PAME a dénoncé 

 "l’attaque criminelle du gouvernement contre les résidents de Lesbos, Samos et Chios."

"la mise en œuvre des accords Turquie-UE par les gouvernements grecs n’a non seulement pas amélioré la situation, mais l’a rendue encore plus insupportable, tant pour les réfugiés migrants que pour les insulaires. Les choses vont empirer avec l’intensification de la concurrence dans la région, [la Grèce] est de plus en plus impliquée dans les guerres et les interventions des États-Unis et de l’OTAN qui provoquent l’exode de des milliers de réfugiés.

Le gouvernement non seulement ne satisfait pas les demandes légitimes des insulaires, qui exigent la libération des milliers de personnes déracinées de leurs pays d’origine, mais il répond aussi par l’envoie des forces de police débarquant sur les îles en tant "qu’armée d’occupation" contre la détermination du peuple à ne pas le laisser accomplir ses objectifs impopulaires.

La détermination manifestée par le mouvement syndical avec l’action organisée des Bourses du travail et des syndicats peut être le véritable bouclier du peuple contre l’oppression et le terrorisme.

Le PAME et toutes ses organisations membres, résolument déterminées à défendre les intérêts des grecs et des immigrants contre les politiques qui paralysent leur vie, continueront de se battre jusqu’à ce que les projets du gouvernement et de l’UE soient abrogés.

La responsabilité du gouvernement dans le développement d’un mécanisme terroriste répressif en tant qu ‘”armée d’occupation” sur les îles est énorme. Les syndicats, les travailleurs et le peuple s’opposeront à eux."

Pour rappel PAME déclarait dès 2015 "nous sommes frères quels que soient notre pays, notre religion ou notre race. Nous sommes frères et sœurs parce qu’ensemble nous souffrons des guerres impérialistes et de la pauvreté, du chômage et du coût de la vie. "