Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Le courant communiste et le féminisme ont une longue relation. Relation qui n'a rien d'un long fleuve tranquille.

En effet les communistes, à la fois combattants d'avant-garde et reflets de leur époque et de ses préjugés, n'ont pas toujours su aller au bout de la démarche émancipatrice du marxisme.

Certes, rien à voir avec la réaction et/ou l'obscurantisme. Mais l'exigence envers les communistes est toujours plus forte, ce qui est finalement bien normal quand ceux-ci se définissent comme l'avant-garde.

Notons toutefois que la Journée internationale des femmes, le 8 mars, a été fondée par l'Internationale communiste en hommage aux manifestations des femmes de Petrograd qui ont débuté la Révolution en Russie. Lénine proclame "Pour entraîner les masses dans la politique, il faut y entraîner les femmes. Car, sous le régime capitaliste, la moitié du genre humain est doublement opprimée. L’ouvrière et la paysanne sont opprimées par le capital ; en outre, même dans les plus démocratiques des républiques bourgeoises, elles restent devant la loi des êtres inférieurs à l’homme ; elles sont de véritables esclaves domestiques".

L'articulation entre la lutte des classes et la lutte des femmes n'a pas toujours été évidente à trouver. A cela évidemment de nombreuses causes. Comme une vision datée de la question : Lénine est né en 1870 et ses interventions dans le domaine, comme le "mariage d'amour prolétarien" opposé à l'union libre, auraient du être dépassées plus vite qu'elles ne le furent. De même, pour nombre de questions dites "sociétales", les communistes, tout en portant des positions globalement plus progressistes que les autres courants politiques, ont eu pour le moins un certain retard à l’allumage. Vis-à-vis de l’homosexualité, par exemple.

Pourtant comme le magnifique film Pride le montre, les luttes et la participations de toutes et tous à celles-ci auraient pu être une boussole permettant de dépasser les préjugés.

De plus, la vision économiste et dogmatique du primat (réel) de la lutte des classes a étriqué la vision de nombre de communistes. Les positions récentes de certains PC à l'égard du mariage homosexuel montre combien le chemin fut et reste rude. Des positions franchement réactionnaires sont défendues par certains communistes sous prétexte d'être l’expression de ce que pensent les travailleurs. Alors que ces idées ne sont en fait que les résidus rassis de la petite-bourgeoisie réactionnaire.

Ainsi l'adoption d'enfants par les couples homosexuels semblent interpeller les réactionnaires. Comme si cela provoquait un grave problème anthropologique... Or, comme le dit justement Maurice Godelier : "Jamais et nulle part les rapports de parenté et la famille n’ont été le fondement de la société humaine". D'ailleurs, du point de vue de l’intérêt de l'enfant, on ne voit pas en quoi cela poserait un problème. Ce qui pose problème c'est le comportement des parents hétéros ou homos vis-à-vis de l'enfant. Or de quel droit, à partir de quelle expérience concrète, peut-on prétendre que tel ou tel peut ou non avoir accès à la parentalité ? Qu'est- ce qui est mieux pour un enfant : être aimé par deux femmes ou deux hommes ou être détruit par un couple hétéro ?

Les choses ne se déterminent pas à partir de principes figés mais par l'histoire qui change la donne en permanence.

Ainsi comment faut-il "juger" une pratique courante dans nos campagnes, il n'y a pas si longtemps, lorsqu'une famille qui avait déjà une ribambelle d'enfants en confiait un à un couple de la famille qui n'en n'avait pas ? On le voit, la vie est plus inventive que les interdits. Pourtant ce genre de situation n'était pas si éloigné de "mères porteuses"...Ainsi ce sont les mêmes qui ont du mal à admettre que la nature produit elle-même, pas seulement chez les humains, l'homosexualité. La psychanalyse est certainement utile et féconde mais il serait erroné de croire que ce qui n'est pas dans la norme sociale n'est pas dans la nature des choses. Et que l'homosexualité est le fait d'un Œdipe "mal résolu". Un peu comme ceux qui voyaient dans l'autisme une cause psychanalytique ou psychologique, visant les mères d'ailleurs comme par hasard,  alors que nous savons maintenant que l'on naît autiste et qu'on ne le devient pas.

Pour en revenir à cette journée de manifestations contre les féminicides, les violences contre les femmes, les agressions sexistes et/ou sexuelles dont elles sont les cibles, on constate que la société évolue, lentement, dans le sens d'une meilleure prise en compte de cette terrible réalité : 137 femmes ont été assassinées dans la seule année 2019 par leurs compagnons ou ex-compagnons. Le pouvoir macroniste, qui n'a pas pris les mesures pour former les policiers qui reçoivent les plaintes des femmes agressées, qui n'a pas pris les mesures législatives indispensables et urgentes pour protéger les femmes, pour assurer leur protection, qui se contente de communication sans décisions concrètes, doit impérativement être contraint à un plan d'urgence. L'Union nationale des familles de féminicide (UNFF) "dénonce le mépris que l’État oppose aux familles". C'est inacceptable.

Si les moyens lui manquent, qu'il mette en place un impôt "spécial-féminicide" qui toucherait uniquement les grandes fortunes : Bernard Arnaud (105 milliards), François Pinaud (35 milliards) Françoise Bettencourt (56 milliards) etc. 1% de ces 100 plus grandes fortunes permettraient probablement d'améliorer la situation...

Marx avait écrit "le degré d'émancipation des femmes est le gradient du degré d'émancipation générale atteint par une société". Nous avons un long chemin à parcourir.

 

Antoine Manessis.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :