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      "Pendez Nelson Mandela et tous les terroristes de l'ANC: ce sont des bouchers"

 

 

 

"C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’a pas d’autre choix que de répondre par la violence". Nelson Mandela.

 

La situation issue du 7 octobre a révélé un ensemble de données politiques qui mises en faisceau nous donnent une résultante qui, elle-même, "ouvre le champ des possibles" selon la belle formule de Stathis Kouvélakis dans une discussion passionnante sur le site Paroles d'honneur.

Nous y reviendront dans de prochains articles. Nous voudrions ici amorcer cette réflexion.

Avant le 7 octobre il semblait que les Palestiniens étaient condamnés à finir exilés, dispersés, enfermés dans des prisons à ciel ouvert, comme Gaza, ou de vrais prisons ou encore des réserves comme les Amérindiens, subissant un véritable génocide au long cours.

Il semblait que Tsahal était invincible. Films et séries tentaient de nous convaincre que les meilleurs services de renseignements du monde étaient israéliens. Que les choses, au mieux, pouvaient encore durer très longtemps. Que le statu quo était ce qui pouvait arriver de mieux aux Palestiniens.

Les États-Unis n'avaient aucune raison d'abandonner leur soutien à l'État sioniste. L'apartheid et la ségrégation ne sont pas des notions étrangères aux Etasuniens...Israël, leur porte-avion surarmé y compris avec l'arme nucléaire, veillait à leurs intérêts et aux siens.

Et puis soudain un principe politique incontournable, et souvent oublié par les dominants, se rappela au bon souvenir du monde entier : le troisième de Newton, le principe de l'action et de la réaction.

Qui pouvait penser que des décennies d'oppression, de répression, de tueries, d'humiliation, les deux cents morts palestiniens, les 7000 blessés par balle de Tsahal, lors de la marche pacifique organisée par le Hamas en 2018 resteraient sans réaction ? Un an après en 2019 Matthias Schmale, le Directeur des opérations de l'UNRWA à Gaza, déclarait : "Depuis que les manifestations pacifiques ont commencé il y a un an, non seulement près de 200 personnes sont mortes, mais des milliers d'autres ont subi des blessures qu’elles porteront à jamais comme une cicatrice. Les pertes tragiques et inutiles en vies humaines, l'incapacité des personnes blessées à travailler ou à retourner à l'école et les conséquences psychologiques à long terme de cette violence les affecteront pendant de nombreuses années, ce qui ne fera qu'ajouter à leur désespoir." Rappelons pour mémoire les vagues de bombardements d'Israël sur des civils impuissants comme celle du 10 au 21 mai 2021 sur la bande de Gaza ont tué 256 personnes, dont 66 enfants.  En Israël, il y a eu 13 morts à la suite de tirs de roquettes qui ont eu lieu depuis la bande de Gaza...

Bref le 7 octobre n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein mais la réaction à l'occupation presque séculaire et à la colonisation sioniste. 

Le 7 octobre a mis à mal le mythe de l'invincibilité de l'Etat d'Israël, de son dôme d'acier, de son mur de la honte et de l'omnipotence des ses services secrets.

Que des civils, une fois encore, aient supporté cette confrontation est tragique. Que ces civils fussent  Israéliens ou Palestiniens. Nul, à part un esprit criminel, ne peut se réjouir de ces morts, des civils morts, des enfants morts. Même une macabre comptabilité du nombre d'enfants morts, Palestiniens et Israéliens, n'effacerait l'horreur de la mort de tous les enfants broyés par le conflit.

Un peu d'histoire éclaire les débats.

Quand le gouvernement des États-Unis, avec le président Truman à sa tête, a décidé de lancer une bombe atomique sur Hiroshima et une autre sur Nagasaki il a estimé qu'il était légitime de le faire du fait d'un contexte historique et guerrier. 250.000 morts selon le grand l'historien étasunien Howard Zinn. Combien d'enfants parmi ces morts ? Des dizaines de miliers. Crimes de guerre, crimes contre l'humanité ? Comme le furent les bombardements d'Hanoï, du Cambodge, de Dresde ou de Tokyo? Les peuples et l'histoire donnent des réponses. Pas toujours identiques.

Mais il faut toujours, pour analyser des événements traumatiques, les situer dans leur contexte afin d'en comprendre les causes. Sans cela comment faire cesser le cycle de la violence meurtrière ?

Il n'y a aucune "apologie du terrorisme", concept cher à Darmanin, à estimer sur la base d'une analyse historique, factuelle et politique, que la colonisation et l'occupation de la Palestine par Israël est la cause première et fondamentale du 7 octobre. 

Comme il est historiquement indiscutable que la lutte armée (que certains appelait "terrorisme") de l'ANC (African National Congress), dirigée par Nelson Mandela, était provoquée par le régime colonial d'apartheid de la minorité blanche. Mandela était considéré comme "terroriste" par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans les années 1980, celles de Reagan et Thatcher, et jusqu'en 2008. En 1987, Thatcher avait qualifié l'ANC "d'organisation terroriste typique" et avait assuré que "Quiconque pense que l'ANC gouvernera en Afrique du Sud n'a pas les pieds sur terre." "Nelson Mandela devrait être fusillé", avait affirmé en 1980, le député conservateur Teddy Taylor. 

Les journaux de droite, en France aussi, écrivait que l'ANC était un "organisation communiste souhaitant renverser le pouvoir pro-occidental sud-africain". En fait Mandela explique dans ses mémoires: "Nous nous engagions dans une voie nouvelle et plus dangereuse, la voie de la violence organisée" en réponse à la violence du régime d'apartheid. Dans quel contexte ? Le Congrès national africain (ANC), allié stratégique du Parti communiste sud-africain (SACP), s’est lancé dans la lutte armée en 1960, après le massacre dans le township de Sharpeville, le 21 mars, qui fit plusieurs dizaines de morts parmi les manifestants noirs.

Face à des événements de grande amplitude, l'émotion est bien naturelle mais la raison politique et historique doit permettre, non pas d'effacer les émotions qui sont partie prenante du politique, mais de comprendre ces événements en les contextualisant.

Pour, un jour, gagner le combat pour la paix.

 

 

Antoine Manessis.

 

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