À Athènes ou aux Européennes : le sectarisme à l'oeuvre

                                                                                  Moulin à prière

À Athènes la "Plate-forme anti-impérialiste mondiale" a tenu une conférence internationale à laquelle a participé le PRCF qui en est un membre "actif"...selon ses dires.

La Plate-forme s'est livrée à une véritable provocation, à l'égard du KKE qui a condamné clairement la Plate-forme, en tenant une conférence à Drapetsona où fut fondé le Parti communiste de Grèce (KKE). 

Assistaient à cette conférence "51 délégations communistes et anti-impérialistes de 34 partis et organisations politiques de 30 pays d'Asie, d'Amérique centrale et du Sud, d'Europe, d'Afrique et du Moyen-Orient". En réalité cette formulation est trompeuse. Ceux qui assistaient à cette conférence sont pour l'écrasante majorité des groupuscules à l'image du groupusculaire PCGB(ML) de Harpal Bar. Souvent des groupuscules ultra stalinoïdes. Des gens qui ne représentent rien ou pas grand chose dans leurs pays respectifs, souvent les débris de vieilles scissions maoïstes ou hodjistes mutées en jdanovisme poutinien  et retrouvant leur inclination pro-chinoise, cette fois la pensée-Xi Jinping remplaçant la pensée-Mao-Tsé-Toung.

Comble de la provocation à l'égard du KKE, la conférence a rendu hommage à Nicos Zachariadis, secrétaire général du KKE, entre 1931 et 1956 avec une interruption due à sa déportation à Dachau par les nazis auxquels il fut livré par les fascistes de Metaxas et ses successeurs.

La déclaration finale adoptée par la Plate-forme poursuit sa provocation à l'égard du KKE en écrivant: "... réunis aujourd’hui à Athènes, nous maintenions l’esprit et l’héritage des leaders de la résistance tels qu’Aris Velouchiotis, et plus particulièrement de Nikos Zachariadis, grand fils et leader de la révolution grecque. C’est surtout le camarade Zachariadis qui a guidé son peuple sur la base de la science socialiste et qui n’a jamais perdu confiance dans la force et la capacité de la classe ouvrière, affirmant que, quelles que soient les difficultés et les défaites en cours de route, l’histoire est faite par les masses."

"Science socialiste" qui n'a pas empêché une défaite historique pour les communistes et les progressistes grecs en 1949 et qui n'a pas empêcher le parti guidé par cette "science socialiste" d'exclure le "leader de la révolution grecque", révolution dont la Plate-forme devra nous donner la date...

Passons sur le fait qu' Aris Velouchiotis, chef de l'ELAS, a été exclu du KKE pour "non respect du centralisme démocratique" par Nikos Zachariadis. Il semble que les stalinoïdes aient des problèmes avec l'histoire. Rappelons que Aris a été réintégré au KKE en 2011, soit 66 ans après sa mort tragique. Mais l'hommage appuyé à Zachariadis est le comble du ridicule tant sur le fond que sur la forme.  Quant à Zachariadis, il a été exclu du KKE en 1957, après avoir été viré de son poste de secrétaire général en 1956. Il se suicide en 1973 dans son exil sibérien après que le parti ait refusé sa énième demande de réintégration. Lui aussi fut réhabilité et réintégré au KKE en 2011.

Ce qui est significatif dans cette provocation historico-politique et l'analyse poutinienne de la Plate-forme, c'est son opposition frontale avec l'analyse du KKE qui voit dans la guerre d'Ukraine un conflit inter-impérialiste. Venir à Athènes, s'emparer de deux grandes figures du KKE, tout cela pour mieux l'attaquer est en effet digne de ce dont se réclament ces groupuscules à savoir la part la plus sombre du stalinisme. Quant on sait qu'Harpal Bar en est encore à nier le "testament" de Lénine...

Cette bouillie idéologique stalino-poutiniste est certes affligeante et que dire de la minuscule manif de la Plate-forme errant dans les rues d'Athènes et que mêmes les angles des prises de vue "travaillées" des photos ne parviennent pas à cacher ? Mais ce qui l'est encore davantage c'est de tromper ceux qui, candidement et avec une dose d'auto-aveuglement, suivent ces âneries.

NBH ne peut être accusé d'être aligné sur le KKE même si nous partageons son analyse du conflit ukrainien comme un conflit inter-impérialiste. On peut évidemment critiquer sa ligne politique et juger opportun de rejoindre "l'union sacrée" avec l'un des impérialismes en rivalité. Mais cela doit se faire dans la franchise et la transparence certainement pas avec les méthodes d'un autre temps utilisées par la Plate-forme animée par des fossiles stalinoïdes.

Il faut dire que le PRCF, rejeté même par ses camarades de l'ANC et du RC, tous de grandes organisations de masse marxistes-léninistes, excommunié par le parti phare d'Europe, le KKE, qui lui préfère le PCRF (ne pas confondre), ridiculisé avec sa ligne "rouge et tricolore", n'est guère pris au sérieux. Et ses grandes thèses sur "la reconstruction du parti communiste" répétées à l'identique depuis plusieurs dizaines d'années ne change rien à la réalité. 

La France Insoumise est parvenue à sauver la gauche de la disparition et à obtenir 22% des suffrages exprimés, à défendre la Palestine et Cuba sous les hurlements des droites, à dégager une position de masse sur l'Europe, pendant que les groupuscules se chamaillent et pontifient dans leur bac à sable pour savoir lequel est bolchevick. Pathétique. Ne se rendent-ils donc pas compte de leur absurdité, de leur néant...Quand il y a tant à faire dans le combat politique réel, certes imparfait, mais agissant sur les rapports de forces. 

Ne voient-ils donc pas que la haine de classe déchaînée contre la France Insoumise exprime, mieux que leurs moulins à prière impuissants et obsolètes, le danger que la FI représente pour la bourgeoisie? 

S'il reste des léninistes dans ces sectes archaïques et périmées, qu'ils n'oublient ce que disait Lénine de "l'analyse concrète d'une situation concrète", qu'elle est " la substance même, l'âme vivante du marxisme". 

Et qu'on se rende compte que face à la montée du péril brun, s'abstenir aux élections européennes c'est tout simplement voter Le Pen, alors qu'il existe une liste de gauche de gauche, celle de la France Insoumise. Une telle position est le fruit d'un doctrinarisme borné. Car un bon score du néo-fascsime préparerait des conditions favorables pour Le Pen à la présidentielle de 2027 et encouragerait les diviseurs de l'Union Populaire ce qui revient encore à favoriser le RN. 

NBH