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                               La résistible Ascension d’Arturo Ui - Comédie française -

 

 

Le néo-fascisme nous l'avons déjà dit relève sa hideuse gueule partout : en Italie, en Hongrie, en Slovaquie, en Hollande, en Finlande, Lettonie, en Grèce, en Suède, en Tchéquie, en Roumanie, en Ukraine.

Des régimes autoritaires, des sociétés du contrôle se déploient dans le monde capitaliste: en Russie, en Chine, en Inde et sous bien des aspects aux États-Unis d'Amérique (rôle de l'argent qui pervertit les élections, politique internationale impérialiste, ségrégation raciale, attaques contre l'avortement par la Cour suprême, armes à feu...). 

Mais l'ascension du néo-fascisme et de ses dérivés est résistible comme l'avait dit Bertold Brecht.

Au Chili la gauche unie derrière Gabriel Boric est parvenu à l'empêcher de pénétrer à la Moneda. Mais il a pris sa revanche en constituant un large arc réactionnaire qui a la majorité à la Chambre des députés et en parvenant à mobiliser une majorité des Chilien-ne-s contre le projet constitutionnel progressiste élaboré par une assemblée constituante majoritairement à gauche et soumis au peuple par référendum. Cet échec a permis à l'extrême-droite et à la droite de faire élire une nouvelle constituante où les néo-fascistes et leurs alliés de droite sont majoritaires. Le nouveau projet constitutionnel sera à son tour soumis à référendum mais quel que soit  le résultat les droites vont gagner puisque si les Chiliens disent NON c'est la Constitution de Pinochet qui subsister et si ils disent OUI la Constitution sera tout aussi réactionnaire.

Au Brésil Lula a pu vaincre le président sortant, le néo-fasciste Jair Bolsonaro. Mais il n'a pas pu empêcher l'extrême-droite et la droite d'être majoritaire à la Chambre des députés (le Congrès). Ce qui empêche le président de gauche de déployer sa politique et de mener à bien ses réformes sociales. Obligé de composer il s'est choisi un néo-libéral comme vice-président. Ce que les Brésiliens appellent présidentialisme de coalition. Mais la radicalisation de la droite bolsonariste et même du "centre" rend les choses encore plus difficiles. Le PC do B (parti communiste du Brésil) soutient Lula mais les dogmatiques du PCB (PC Brésilien) le combattent. Pourtant le choix est simple : Lula ou Bolsonaro, la gauche, telle qu'elle est, ou le néo-fascisme. On peut préférer la dictature du prolétariat mais ce n'est pas un terme d'un choix possible. Le maximalisme ne fait guère avancer les choses.

En Europe la situation n'est guère meilleure. Désormais on ne va pas compter les pays où les néo-fascsites participent ou dirigent des gouvernements mais ceux où elle est dans l'opposition.

Cependant il a subi aussi des échecs et des reculs. 

En Pologne même si le président est du PiS (droite extrême) et que le PiS soit arrivé en tête aux dernières élections, la coalition anti-PiS, majoritaire à la Diète, semble devoir diriger la Pologne dans les semaines qui viennent. Cette coalition comprend la droite européiste autour de Donald Tusk, les agrariens, les conservateurs et la gauche unie, un parti social-libéral. Certes ce n'est pas une gauche de gauche qui va remplacer le PiS mais on ne peut négliger que les femmes retrouveront la liberté d'avorter et que certaines institutions et libertés démocratiques échappent au dépeçage prévu par le PiS.

En Espagne la gauche est parvenue à s'unir, SUMAR et le PSOE, et à s'entendre avec des partis indépendantistes qui avaient subi une répression néo-franquiste. Même si le danger d'une coalition de la droite (PP) avec les néo-fascistes de VOX reste une épée de Damoclès sur la tête des peuples d'Espagne. Surtout cette alliance assumée démontre au grand jour et dans un grand pays d'Europe que le cordon sanitaire contre le néo-fascisme n'existe pas.

En France on l'a constaté encore avec la manifestation du 12 novembre où la Macronie et la droite LR (et certains éléments de gauche, perdus et confus) ont défilé avec Le Pen et Zemmour. Avec un prétexte mal trouvé pour se retrouver avec les héritiers directs du régime violemment anti-sémite de Vichy. On note qu'une chaîne de télé privée et néo-fasciste, C-News a la possibilité de distiller son poison sur des réseaux qui appartiennent à l'Etat. Mais tant qu'on tape sur "l’extrême gauche décolonialo-indigéno-je-ne-sais-quoi" ce n'est pas la Macronie en guerre contre l'islamo-gauchisme de la France Insoumise qui va y trouver     quelque chose à redire, ni même l’ARCOM, l’Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (anciennement connue sous le nom du CSA) pourtant saisie par Reporters sans frontières, pas franchement islamo-gauchiste.

En Irlande, comme en France, les néo-fascistes tentent de profiter de tous les incidents impliquant des étrangers pour montrer les funestes conséquences du "raz de marée migratoire" comme dit le génial président des LR, Eric Ciotti, même si son nom...  Ainsi la semaine dernière ils ont provoqué une petite mais violente émeute à Dublin. On peut espérer que la gauche, le Sinn Fein, qui a le vent en poupe dans ce pays (ça arrive !) et dont nul n'osera contester le patriotisme, saura comment traiter cette tourbe-là.

 

Les pôles de résistance existent. Les peuples ne sont pas dupes mais souvent il leur manque la perspective d'une alternative émancipatrice crédible, rassembleuse et radicale. Trois termes qu'il faut parvenir à unir pour que leur synergie réponde aux attentes populaires.

 

Antoine Manessis.

 

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