Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

 

Emmanuel Macron proclame "la Nouvelle-Calédonie française".

Même Le Monde, pourtant à genoux devant Macron, estime que le président de la République a prononcé "un discours de combat dans un pays qui cherche toujours l’apaisement." Cherchez l'erreur.

Et puis il menace les indépendantistes qu'il appelle à ne pas se "réfugier dans un séparatisme" risquant de faire replonger dans "le risque de la violence" ce territoire du Pacifique. Territoire dont on peut se demander en quel honneur, du fait de quel décret de la Providence, il serait français. Sans doute la flotte, les canonnières et la glorieuses armée française, massacrant et décapitant à tour de sabre le peuple kanak et ses tentatives de résistance, y sont-ils pour quelque chose ?

Quant au "risque de la violence" n'est-il pas dans la poursuite absurde d'une politique coloniale ? Que Macron reprenne le slogan "Algérie française" pour le transposer à la Kanaky en dit long sur l'héritage post-colonial de la bourgeoisie française. 

Macron, porte-flingue de l'impérialisme français, se permet aussi de dénoncer "un impérialisme" qui profiterait d'un divorce avec la France pour faire main basse sur la Nouvelle-Calédonie. Pour être clair : la Chine est visée. D'ailleurs, il ajoute pour être bien compris : "Si l’indépendance, c’est de choisir, demain, d’avoir une base chinoise ici, bon courage, ça ne s’appelle pas l’indépendance !" L'indépendance c'est d'avoir des bases françaises. Les indépendantistes ont dénoncé son "cynisme", c'est le moins que l'on puisse dire.

De plus, si la Kanaky était indépendante elle ferait ce qu'elle veut sans demander l'autorisation à qui que ce soit. 

Et par la grâce de quel Esprit Saint les bases françaises seraient elles moins impérialistes que les bases chinoises ? Ou étasuniennes ? Ou australiennes ?

Macron ne peut-il même pas concevoir que la Kanaky indépendante et socialiste se dispenserait de toute base militaire étrangère ? Quand un voleur crie au voleur, c'est toujours réjouissant mais peu convaincant.

Il est vrai que se faisant progressivement viré d'Afrique, l'impérialisme français s'accroche au Caillou...

Mais au moins la droite néo-calédonienne est ravie. Elle a salué un discours "qui replace une France forte en Nouvelle-Calédonie et dans le Pacifique." Quand donc le général Massu arrivera-t-il à Nouméa ?

Les indépendantistes ont boycotté les réjouissances macroniennes dénonçant cette "supercherie". Macron a déclaré "J'ai été personnellement blessé par leur absence", ce dont tout le monde se fout éperdument et qui ne tirera pas de larmes aux Kanaks qui en ont versé suffisamment pour Ataï, Éloi Machoro, Alphonse Dianou et leurs frères et sœurs d'armes.

Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) estime que le président Macron "n’a fait que confirmer le fait colonial et choisi de renier la signature des deux accords qui ont installé la paix dans notre pays" et "réaffirme que notre droit à la pleine souveraineté n’est pas négociable".

 

 

Antoine Manessis

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :