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Stephanie Kelton, née le 10 octobre 1969 est une économiste étasunienne et une professeure de politique publique et d'économie à l'université d'Etat de New-York. Elle fut la conseillère économique du candidat progressiste Bernie Sanders. Les recherches académiques de Stephanie Kelton s'inscrivent dans la perspective de la "théorie monétaire moderne".  Elle s'intéresse particulièrement au salaire minimum garanti, à la sécurité sociale et au plein emploi.

Son livre s'appelle  Le mythe du déficit : La Théorie moderne de la monnaie et la naissance de l'économie du peuple publié aux éditions les Liens qui Libèrent.

L'ouvrage de Kelton, économiste hétérodoxe qui se revendique de la Théorie Monétaire Moderne, a fait couler beaucoup d'encre, car elle y propose notamment une analyse radicale ayant pour objectif de renverser les idées reçues sur le déficit et la dette publique. La thèse principale de l'ouvrage est que le déficit public n'est pas assez important, et d'ailleurs, les gouvernements ne devraient pas avoir peur de l'augmenter. Les néo-libéraux l'accusent, l'accablent et dénoncent sa "pensée magique". A priori un bon point pour elle qui explique que l’on peut, tant que l’on a des projets d’investissement et des travailleurs disponibles, laisser filer les déficits sans risquer la surchauffe ou la faillite. Une hérésie pour les ordolibéraux allemands et les économistes de l’école de Chicago.

Quelques citations de Stephanie Kelton :

"Il faut dire que le déficit ajoute à la richesse : c’est une contribution financière qui enrichit d’autres secteurs de l’économie. Le déficit du gouvernement devient notre excédent. La dette publique est un instantané qui montre les contributions qui ont été faites par le gouvernement à l’économie. Je ne dis pas aux leaders politiques ce qu’ils doivent faire, j’essaye seulement de montrer ce que l’on peut faire en se rendant compte que nos budgets peuvent financer tout cela. On commence enfin à penser que le déficit est une solution".  

"A chaque fois que les Démocrates ont tenté de rendre l’université et les soins de santé gratuits, les Républicains ont utilisé l’argument de la dette. Les Américains vont arrêter de croire que les poches de l'État sont vides en voyant la façon dont le gouvernement a payé sans augmenter les impôts durant la crise du coronavirus. Le mythe est mis à nu : l’argent est là !" 

 

La thèse de la Théorie Monétaire Moderne de Kelton repose sur un monopole auxquels les Etats de la zone euro ont renoncé : le monopole monétaire, c'est-à-dire la capacité à contrôler la planche à billets. Dès lors son analyse aboutit à la conclusion que la souveraineté monétaire donne une marge de liberté dont l'euro a privé notre pays.

"Certains pays ont la souveraineté monétaire, pas la France. Il y a une différence entre les pays qui peuvent émettre la monnaie et ceux qui ne le peuvent pas, comme la France ou l'Italie. Le degré de liberté aux États-Unis est plus important".

 

Ce qui est extrêmement positif et important dans le livre de Kelton c'est qu'elle déconstruit un axe central de la propagande, du discours néolibéral concernant le déficit et le dette. Stephanie Kelton contribue ainsi à convaincre ses lecteurs qu'une autre politique progressiste, au service du peuple, est possible. Or un des obstacles majeur à la construction d'une alternative politique est le fait que les peuples n'en peuvent plus du capitalisme mais ne croient pas possible d'en sortir. Toute une série de verrous idéologiques ont été mis en place par le capital. Entre autres mais centralement et depuis des années la question du déficit et de la dette où l'on fait croire aux gens que la dette d'Etat est comparable à la dette d'une famille ce qui est évidemment (pas aux yeux du plus grand nombre) faux.

"On ne devrait jamais penser les finances du gouvernement fédéral comme on pense les budgets des ménages" nous dit Kelton.

Et c'est cela la force de Kelton, casser ce barrage idéologique mis en place pour empêcher une politique de progrès social.

La lecture du livre de cette enseignante progressiste étasunienne, certainement pas marxiste, mais qui fait plus pour ouvrir une perspective de progrès que les discours de cents sectes qui se proclament "révolutionnaires", figées dans la répétition sans fin d'une nostalgie inopérante et sans aucun impact sur la réalité. 

"Un autre type de monde est possible, un monde dans lequel nous pouvons nous permettre d'investir dans les soins de santé, l'éducation et des infrastructures résistantes" affirme justement Kelton.

Certes elle se situe dans une optique réformiste mais nul besoin d'en faire une marxiste pour saisir le bénéfice que les progressistes - révolutionnaires ou réformistes conséquents - peuvent tirer de son travail.

Elle offre là un bel outil aux forces progressistes. A lire et à utiliser sans modération.

 

Antoine Manessis.

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