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"Est-ce que vous avez entendu un dirigeant européen rappeler que les Palestiniens avaient le droit de se défendre ?"
Rony Brauman
95 milliards de dollars. C'est l'aide gigantesque que la Chambre des représentants des États-Unis d'Amérique viennent d'accorder à l'Ukraine, à Israël et à Taïwan.
60,8 milliards pour l'Ukraine et le régime du sinistre clown Zelenski aux prises avec le non moins sympathique Vladimir Poutine. Pour poursuivre la guerre où meurent par milliers les jeunes Ukrainiens et les jeunes Russes. Washington saignant et affaiblissant ainsi son rival russe. Bien joué Vladimir !
8 milliards pour la province chinoise de Taïwan revendiquée par Pékin comme...province chinoise. Un peu d'histoire. En 1949, après que l'armée fasciste de Tchang Kaï-chek (1887-1975) ait été écrabouillée par l'Armée populaire de libération en Chine continentale, le dictateur sanguinaire* installe les débris de son armée sur l'île de Taïwan où il instaure un régime de terreur blanche contre ses adversaires politiques qui fait des dizaines de milliers de victimes, avec son cortège d’arrestations, de tortures et de condamnations arbitraires. Tchang établit la loi martiale, qui resta en place de 1949 à 1987 Ce régime sanglant sera soutenu par Washington et ses alliés occidentaux par anti-communisme. Depuis le milieu des années 1990 une démocratie s'est progressivement établie sur l'île. Des Taïwanais souhaitent une réunification avec la Chine quand d'autres souhaitent conserver l'indépendance de Taïwan. C'est l'ingérence étasunienne dans le cadre de sa rivalité avec la puissance chinoise qui crée des tensions sérieuses dans la région.
Enfin 13 milliards de dollars d’assistance militaire à Israël. Et cela au moment même où le gouvernement Netanyahou et l'armée israélienne se vautrent dans "l'intention génocidaire" (dixit le vice-président de Médecins du monde), dans des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité sans fin contre les populations palestiniennes, enfants inclus, de Gaza et de Cisjordanie. Le président étasunien Joe Biden, gâteux ou cynique, a salué une "aide cruciale, un rendez-vous de l’Histoire". Si les progressistes étasuniens ne votent pas pour lui et se réfugient dans l'abstention en novembre il ne faudra pas que les pleureuses démocrates se demandent pourquoi Trump est de retour à la Maison Blanche.
Mais le plus beau, c'est-à-dire à la fois le plus affreux et le plus révélateur du colonialisme sioniste, est la réaction du premier ministre d'Israël à ce cadeau de l'Oncle Sam. Benyamin Netanyahou a salué "une défense de la civilisation occidentale". Oui, comme chacun le sait la Palestine, qu'occupe Israël, se trouve en occident... comme la Syrie ou l'Irak. Netanyahou aurait-il des problèmes avec la géographie ? Ou plutôt il estime qu'Israël représente au Proche-Orient la "civilisation occidentale" plantée au milieu des peuples orientaux, sauvages et barbares. Et menaçants. Le premier ministre n'invente rien, il ne fait que reprendre l'idée de Theodor Herzl, "père du sionisme" qui écrivait dans L'Etat des Juifs (1896) que le sionisme est "la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie."
C'est la reconnaissance, la démonstration, l'aveu de l'idéologie coloniale qui anime le sionisme. Et l'impérialisme étasunien. Ce qui ne surprendra personne.
Antoine Manessis
* En 1927 Tchang Kaï-chek, en accord avec les occidentaux (qui occupaient les concessions à Shangaï) et avec l'aide des criminels de Triades, organisa un massacre d'ampleur contre les ouvriers, les communistes, l'aile gauche du mouvement nationaliste qui fit au moins 5000 morts.