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                                                                  La Pythie de Delphes

 

 

 

Nous répondons ici, très brièvement, à un long article publié dans le blog "Initiative communiste" à propos de la situation internationale et nationale.  

 

"Vers ce qu’il faut bien appeler la marche accélérée à la Troisième Guerre mondiale".

Non, nous ne sommes pas à la veille de la Troisième Guerre mondiale. Les armes de destruction massive en possession des puissances impérialistes "protègent" la paix par ce que l'on appelait à l'époque de la guerre froide l'équilibre de la terreur.

Quand Jaurès expliquait que le capitalisme porte la guerre, c'est aussi parce que la guerre était à la fois un moyen de l'emporter sur un adversaire, un rival, un concurrent et un moyen de dépasser les crises provoquées par ses contradictions internes.

Le capitalisme n'a d'ailleurs jamais cessé de guerroyer. De Corée en Vietnam, d'Afrique en Amérique Latine, en Europe même de la Grèce en 1945 à la Yougoslavie en 1990 le capitalisme fait la guerre. Mais il n'a pas, depuis que l'Union Soviétique, puis plus tardivement la Chine, ont à leur tour possédé l'arme nucléaire, provoqué de conflit général. Parce qu'il ne peut pas y avoir de vainqueur dans une telle guerre. Or le capitalisme fait la guerre pour obtenir quelque chose, pas pour s'auto-détruire.

Les Pythie qui nous annoncent chaque matin la Troisième Guerre mondiale et cela depuis la "crise des missiles" en 1962 ou des "euromissiles" durant une dizaine d'années (entre 1977 et 1987), se sont fort heureusement trompées. Quand le général étasunien Mac Arthur voulut utiliser l'arme atomique durant la guerre de Corée, il fut immédiatement viré par Truman. Pas par humanisme ni philo-communisme mais parce qu'une guerre était inconcevable et cela se passait en 1951.

On ne mobilise pas en agitant la peur mais en offrant une perspective politique en faveur de la paix. 

 

"Un Empire euro-atlantique relançant la croisade antibolchévique"

Non, il n'y a pas "d'Empire euro-atlantique" et encore moins de "croisade contre le bolchevisme", vu que le bolchevisme est mort et enterré depuis (au moins) 1990. Et que l'Union Européenne n'est pas un "empire" mais un ensemble hétérogène de pays capitalistes aux intérêts parfois convergents mais souvent divergents, crocodiles dans le même marigot, dominés par l'impérialisme des États-Unis d'Amérique. 

"Le mouvement contre-hégémonique des BRICS, même s’il ne faut en rien l’idéaliser tant certaines de ses composantes sont elles-mêmes capitalistes (et quelquefois féodales : cf l’Arabie saoudite…), quand elles n’aspirent pas à succéder aux USA dans la figure de l’hégémon mondial". 

Ne pas idéaliser en effet, les BRICS, en particulier la Chine et la Russie, deux puissances impérialistes aspirant à l'hégémonie mondiale. Bref ne pas confondre la rivalité entre impérialismes avec l'anti-impérialisme. Ce n'est pas seulement une erreur c'est une faute politique majeure qui porte en elle l'alignement sur un impérialisme.

D'ailleurs l'aveu arrive vite.

 

"Sans idéaliser Poutine et son régime anticommuniste, il faut rejeter le « ni-nisme » qui renvoie lâchement dos à dos l’UE-OTAN, ennemi principal des peuples – et du nôtre en particulier ! – et les forces qui lui résistent et parviennent ici et là à le retarder ou à le mettre en échec. Oui, il faut refuser de diaboliser, au nom d’on ne sait quel purisme idéologique, la République populaire chinoise ou la République démocratique populaire de Corée".

CQFD. Un impérialisme est "résistant", sans doute en agressant l'Ukraine, en se mêlant des conflits de Lybie ou de Syrie, comme l'impérialisme français en Afrique présenté par certains comme "résistant" ainsi à l'impérialisme étasunien ou russe ou chinois. Ridicule. Il ne s'agit pas, comme nous l'ont signalé Lénine, Rosa Luxemburg ou Karl Liebknecht en 1914, de choisir un impérialisme moins méchant, mais de combattre tous les impérialismes en commençant par le nôtre.

Quant à la Chine, si peut populaire, et la Corée du Nord, si peu démocratique, il ne s'agit pas de les diaboliser mais de dire ce qu'elles sont. Un impérialisme et une dictature héréditaire.  

 

 " Il faut fraternellement activer, de toutes les manières possibles la reconstitution d’un Mouvement communiste international de combat, voire à terme d’une Internationale communiste et ouvrière, qui, sur la base d’un marxisme-léninisme"

Là, rien à dire. L'hallucination est totale. La rupture avec le réel absolue. Ne pas admettre que de tels mots n'ont strictement aucun sens, n'ont et ne peuvent avoir aucune traduction concrète, est accablant. C'est comme rêver du retour du roi-soleil à Versailles avec le mercantilisme triomphant. Nier l'histoire à ce point ne peut être qualifier que de schizophrénique.

 

"Il faut courageusement oser, quitte à déplaire aux appareils euro-ralliés, promouvoir une abstention de classe et de masse à la fois citoyenne et hautement politique le 9 juin prochain !"

Là on a droit au refrain jdanovien sur la sortie de l'UE comme formule magique. Même les néo-staliniens du Rassemblement Communiste (RC) ont compris qu'il faut voter pour la seule force de masse qui nous offre une perspective progressiste en France, la France Insoumise. Mais RC doit être sans doute infiltré par des agents de "Empire euro-atlantique" ou subissent-ils l'influence du "très intelligent ( ???) Enrico Berlinguer, chef de file de l’eurocommunisme". On remarquera la modestie que révèlent les 3 points d'interrogation...

 

"Quant aux députés PCF et LFI, leur vote « contre » circonstanciel des 12 et 13 mars est toujours bon à prendre, mais il ne tranche pas sur le fond, hélas, avec le soutien honteux apporté au régime pronazi de Kiev par Manon Aubry (cheffe du groupe LFI au Parlement européen) et par Roussel"

Oui même quand ils votent "bien", ces euro-traîtres-sociaux-impérialistes-vipères-lubriques, ont un vote "circonstanciel" puisque Manon Aubry et Fabien Roussel soutiennent un régime pronazi. Mais sachons aussi que Sophie Binent, secrétaire générale de la CGT, ouvre "un boulevard à l’euro-nationalisme lepéniste". Bon, arrivés là, on a le droit de laisser tomber.

 

Pour la route une dernière pensée stratégique:

"Portons une campagne de radicalité civique tournée vers les entreprises (une majorité écrasante d’ouvriers, d’employés, de « précaires » et de paysans peut et doit s’abstenir en sachant clairement pourquoi !) en militant pour l’euro-boycott du 9 juin et en percutant de la sorte à la fois Macron, Le Pen et l’UE-OTAN."

Cent, mille, des millions de fois répété, depuis plus de 20 ans comme un mantra, le mot d'ordre "d'aller aux entreprises" n'a aucun effet. Pour des raisons structurelles que nous avons ici exposées de nombreuses fois mais aussi, pardi, parce qu'il n'y a...personne pour y aller. 

 

 

Antoine Manessis

 

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