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La panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, et des 23 du groupe FTP-MOI, a provoqué des polémiques.

On ne peut que s'en féliciter. Un tel événement ne peut baigner dans un unanimisme bêlant qui ne serait que de façade.

Que des manœuvres partisanes aient été à l'oeuvre sous couvert et autour de ce moment mémoriel est évident. Mais ce qui compte c'est que ce moment mémoriel permette de faire de l'histoire.  D'en saisir le sens et donc les contradictions et la complexité ne serait-ce que par respect pour les femmes et les hommes qui en furent les acteurs lumineux comme les partisans tombés le 21 février 1944 au Mont Valérien.

Pour comprendre qui a fait quoi, quand, pourquoi et comment. Pour saisir les enjeux, les motivations, les moteurs collectifs et individuels qui font l'histoire. Evidemment pas par seule curiosité intellectuelle mais parce que nous savons que connaître le passé nous aide à analyser, comprendre le présent et percevoir les perspectives d'avenir.

On voit comment ne pas situer tel ou tel événement dans une perspective historique le rend non seulement incompréhensible mais comme il devient l'objet de mystification. Les événements du 7 octobre en Palestine en sont le parfait exemple.

Pour en revenir à la panthéonisation il y a un paradoxe constitutif : c'est un gouvernement bourgeois qui a pris cette initiative. Or la bourgeoisie était - en tant que classe - du côté du gouvernement fasciste français et même l'occupation hitlérienne répondait à ses attentes, le fameux "Plutôt Hitler que le Front populaire", était exhaussé. La police, la gendarmerie, la justice, les appareils d'État furent mis au service de la dictature fasciste de Vichy( zone "libre"), de l'occupant nazi (zone occupée par les Allemands) et fasciste (zone occupée par les Italiens). 

Cette dictature fasciste française (anti-communiste, anti-sémite, antimaçonnique, anti-front populaire) avait le soutien du patronat, de l'armée et également le soutien de la hiérarchie et de l'institution catholique. Et même d'une fraction des milieux culturels.

Les mêmes classes et catégories sociales qui soutiennent aujourd'hui la Macronie, la droite et l'extrême-droite. Les Brigades spéciales ne sont pas tombées du ciel et nous avons dit combien les prodromes de la dictature anti-ouvrière, raciste et xénophobe de Vichy étaient très présents dans la IIIe République finissante.

De même que l'esprit de résistance est présent avant la Résistance. Ce sont  les militants ouvriers forgés par la répression patronale et de l'État français, ce sont les militants internationalistes qui ont lutté contre les guerres coloniales, ce sont les étrangers organisés dans la MOE puis la MOI, ce sont les combattants des Brigades Internationales qui formeront et insuffleront ce qui fut honoré le 21 février dernier, les partisans communistes qui menèrent la lutte armée anti-fasciste.  

Bref ce rappel pour souligner la contradiction radicale qu'il y a de la part de la bourgeoisie à faire entrer au Panthéon un groupe de ses ennemis irréductibles. Cela va bien au-delà de ce que nous avons nous-même souligné qui est la cynisme constitutif de la démarche d'un exécutif qui mène une politique anti-populaire, xénophobe et raciste. En fait, débarrassé du communisme organisé compte tenu de l'agonie du PCF et de son orientation pour le moins confuse, il s'offre à peu de frais une image d'ouverture et de tolérance à mille lieu de ses pratiques de plus en plus violentes. Mais comme celles-ci visent les classes populaires et tout particulièrement racisées, la moyenne bourgeoisie et une fraction supérieure des petits-bourgeois l'ignorent. Eux, qui sont le socle électoral de la Macronie, sont confortés dans leur vision mystificatrice de ce pouvoir de classe qui rappelle chaque jour davantage Daladier et ses décrets-lois anti-ouvriers et xénophobes qu'un pseudo "cercle de la raison" qui est en fait la loi d'airain du capitalisme. 

L'extrême-droite pour se démarquer de la Macronie, les élections obligent, en vient à ressortir son vieux discours anti-communiste. Marine Le Pen prétend voir  dans le discours de Macron au Panthéon un panégyrique en faveur du communisme. Evidemment elle sait qu'il n'en est rien mais elle dois flatter une partie de sa vieille base traditionnellement et violemment anti-communiste. Avant de s'allier les droites dans leurs diverses composantes doivent créer un rapport de forces le plus avantageux possible. Ainsi MLP nous ressort les "100 millions de victimes du communisme" (qui n'existent pas), C-News et ses chroniqueurs éructent, bref le jeu de rôle habituel.

 

Reste un aspect plus que positif dans cette affaire : l' occasion pour les progressistes de faire connaître cette histoire et ses acteurs. Et les leçons politiques que l'ont peut en tirer pour notre action politique aujourd'hui. Cela est très précieux.

 

Antoine Manessis

 

 

 

 

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