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Stefanos Kasselakis

                                                             

 

 

Stefanos Kasselakis est devenu hier le chef du parti Syriza, prenant la succession d'Alexis Tsipras. Il est né en Grèce en 1988. . À l'âge de 14 ans, il remporte la médaille d'argent au concours de mathématiques Archimède de l'Association mathématique grecque. Puis il part au Etats-Unis où il a obtenu une licence en économie de l'Université de Pennsylvanie. Etudiant, il s'est porté volontaire pour la campagne de Biden lors des primaires démocrates de 2008.

En 2009, il a travaillé au département de gestion des risques chez Goldman Sachs, un des principaux acteurs du monde de la finance et grand fournisseur de dirigeants gouvernementaux dans le monde .

 Il a également travaillé au sein du groupe de réflexion du Centre d'études stratégiques et internationales ( CSIS ) à Washington, think tank qui " s'est consacré à trouver des moyens de maintenir l'importance et la prospérité américaines en tant que force du bien dans le monde ", selon son site Internet. Son financement est assuré par de grandes entreprises et des gouvernements ( des Etats-Unis, du Japon, de Chine, les Emirats Arabes Unis...). Il compte dans son conseil d'administration Zbigniew BrzezinskiHenry Kissinger ou encore Andreas C. Dracopoulos, Co-Président et Directeur de la Fondation Stavros Niarchos.  Le président du think-tank est le milliardaire Thomas Pritzker, également président et PDG de Pritzker Organization, également PDG de l'important groupe Hyatt Hotels.

Kasselakis a ensuite fondé la compagnie maritime Swift Bulk. Swift Bulk est une société des Îles Marshall active dans le transport. Avec une équipe de direction basée à New York et un bureau de direction à Athènes.

 

Le 29 août 2023, il se déclare candidat à la présidence de Syriza. Au premier tour des élections internes , le 17 septembre, il est arrivé premier, parmi cinq candidats, avec un résultat de 45 % des voix. 

Hier, 24 septembre 2023, il est élu président de Syriza, remportant le second tour avec 57 % des voix contre son adversaire Effie Achtsioglou qui a obtenu 43 % des voix.

Il y a quelques semaines personne ne connaissait Kasselakis. Le Guardian  décrit ainsi l'américano-grec : "Il est riche, beau, ouvertement gay, ancien de Goldman Sachs et armateur." Et donc, depuis hier, chef du parti le plus important de la gauche en Grèce autrefois une alliance de marxistes-léninistes, de communistes, d'écologistes et de sociaux-démocrates.  Kasselakis considère que c'est un premier pas vers la défaite du Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, avec ses "meilleures connaissances en anglais, en finance et en affaires", créant ainsi un "grand parti à l’américaine". L'homme ne cache pas ses intentions : "Si l’intention est de gouverner à nouveau, Syriza devrait simplement copier la formule américaine dès que possible et embrasser sans équivoque également le centre politique".

Au sein de Syriza règne un climat de guerre ouverte et des discussions ont lieu sur la dissolution du parti. Ce qui ne gênerait guère Kasselakis et ceux qui le soutiennent.

Comment les militants de Syriza ont ils pu voter pour un tel candidat ? Sur les quelque 149 000 personnes qui ont voté dimanche dernier, près de 40 000 étaient des membres nouvellement inscrits, la grande majorité d'entre eux ayant adhéré pour soutenir Kasselakis.

Cette percée foudroyante se passe 

- après la raclée de Syriza aux élections et surtout en amont la capitulation de Tsipras devant le capital et sa Troïka (EU,FIM,BCE),

- après l'incapacité de l'aile gauche de Syriza de réunir une alternative de gauche,

- le refus du KKE de sortir de son positionnement sectaire du "classe contre classe",

- la marginalisation-extinction de l'extrême-gauche,

Syriza était libre pour être livrée à un homme qui est de toute évidence en mission. Il y a du Macron chez Kasselakis, un Macron qui ne fonde pas son propre parti mais s'empare d'une coquille vide pour en faire un parti Démocrate à l'étasunienne.

Ca peut marcher ou...pas. Car son positionnement "centriste", c'est-à-dire à droite, va libérer un espace à gauche, un espace libéré des ambiguïtés de Syriza. Il faut espérer que les forces de gauche de gauche soient capables de s'unir et de présenter une alternative crédible. Car sinon on risque rapidement de se trouver dans une situation à l'italienne. D'autant que l'extrême-droite est en embuscade et déjà présente y compris dans l'Etat.

Ce genre de "phénomène morbide" est la sanction à l'incapacité de la gauche grecque, dans sa totalité, d'assumer ses missions historiques, son unité d'action et un projet émancipateur commun. Encore un avertissement.

Laissons les derniers mots au poète Georges Seféris (1900-1971), prix Nobel de littérature 1963 :

 

"On nous a dit que vous gagneriez en vous soumettant

Nous nous sommes soumis et trouvé les cendres

On nous a dit que tu gagnerais quand tu aimes

Nous avons aimé et trouvé les cendres

On nous a dit que tu gagnerais quand tu abandonnerais ta vie

Nous avons abandonné nos vies et avons retrouvé les cendres...

Nous avons trouvé les cendres

Nous devons retrouver notre vie, maintenant que nous n'avons plus rien."

 

 

 

 

 

 

 

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