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Un spectre hante la Russie poutinienne, le spectre de la défaite.

Les Etats-Unis, première puissance mondiale, ont été battus hier au Vietnam comme aujourd'hui en Afghanistan. Une des leçons que l'on doit tirer de ces défaites c'est qu'un petit peuple peut vaincre un ennemi plus fort que lui. Défaites et victoires ont des causes multiples mais Clausewitz, Sun Tzu et l'histoire nous enseignent que la guerre qu'une grande puissance est sûre de gagner peut tout de même finir par une défaite de celle-ci.

Ainsi en 1904 le tsar russe Nicolas II était sûr de battre "les macaques" japonais. L'impérialisme russe et l'impérialisme japonais étaient en rivalité, entre autres pour le contrôle de la Corée et de la Mandchourie. Après bien des épisodes le choc militaire eut lieu, dura plus d'un an, fit des dizaines de milliers de morts (180.000) et aboutit à une grave défaite pour la Russie.

De cette défaite, et des difficultés sociales que la guerre provoqua au sein des peuples de Russie, naquit une révolution qui fit vaciller l'empire russe et qui, bien que vaincue, fut la répétition générale de la révolution d'octobre 1917. L'épisode du croiseur Potemkine, immortalisé par Sergueï Eisenstein, se déroula durant cette immense ébranlement de 1905.

 

Alors que l'armée russe connait une série de défaites militaires face aux troupes ukrainiennes, le spectre de la défaite fait son apparition dans les esprits des Russes. L'indifférence bienveillante vis à vis de "l'opération spéciale" de Poutine et sa clique capitaliste et patrouillotiste semble se transformer progressivement en colère et en opposition à la guerre. Une poignée d'élus russes ont même demandé la destitution du nouveau tsar ce qui est sans doute un minuscule signal mais peut être aussi un révélateur de quelque chose de plus profond et de plus massif.

L'avenir nous le dira.

Mais il faut comprendre qu'en Russie, où la dictature du capital a une forme extrêmement autoritaire, les réactions populaires peuvent être radicalisées par les blocages politiques et institutionnels et la bouilloire peut exploser. D'autant que l'une des causes du soutien populaire à Poutine est son nationalisme et son action pour inscrire la Russie parmi les grandes puissances. Un échec face à un petit pays comme l'Ukraine, certes soutenu par les armes et la propagande des impérialismes occidentaux, pourrait saper ce qui subsiste du prestige de Poutine.

En tous les cas la débandade des soldats russes en Ukraine, incontestée même par nos poutiniens locaux qui d'ailleurs commencent à nuancer leur soutien, est indiscutable. Puissent ces tragiques événements, quels que soient leurs développements, préparer à imposer la paix entre les peuples hier encore frères, voire à balayer les régimes corrompus et bellicistes des deux pays. Sans certitude, hélas, on peut au moins le souhaiter.

Mais il est certain que le spectre de 1905 plane sur le Kremlin.

 

Antoine Manessis.

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