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                                          The Queen - Lucian Freud (2001).

 

Après 70 ans de règne Elisabeth II est allée rejoindre son arrière-arrière-grand-mère paternelle, la reine Victoria dont elle a battu le record de longévité sur le trône du Royaume-Uni.

Mais les télévisions littéralement envoûtées par le sujet vous ont déjà tout dit et il est donc inutile de vous abreuver de ce que vous savez déjà. Le 5 janvier 2021 nous avions proposé un article sur la monarchie britannique et son rôle politique sur NBH ( http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/search/elisabeth%20II/ ).

Aujourd'hui nous ne ferons que supputer sur l'influence politique que la mort de la reine pourrait avoir sur la situation de la Grande-Bretagne.

Son décès vient à un moment particulier de l'histoire du royaume et il peut peser sur les événements.

Les nations qui constituent les Royaume-Uni connaissent des situations de crise.

L'Angleterre vient de se doter d'une nouvelle première ministre, Liz Truss, qui semble vouloir mettre ses pas dans ceux de Margaret Thatcher, comme elle cheffe du parti conservateur. Et face à des grèves sans équivalent depuis 30 ans elle déclare vouloir mettre au pas ces impudents syndicats qui osent exister. Un mouvement populaire d'une ampleur inédite rencontre donc un gouvernement tory radicalisé, le cocktail est intéressant.

La mort de la reine qui symbolisait "l'unité nationale" peut donc jouer un rôle dans l'ambiance politique, le nouveau roi ne pouvant remplacer sa mère au pied levé, si l'on ose dire. C'est donc un verrou idéologique qui saute et la possibilité pour que les divisions de classes que les luttes sociales portent en elles apparaissent avec plus de clarté.

En Ecosse aussi la disparition de la figure consensuelle d'Elisabeth II , une frange des Ecossais n'étant pas moins sensibles aux sirènes du pilonnage idéologique autour de la monarchie, peut élargir le courant indépendantiste. La première ministre écossaise semble vouloir saisir l'occasion de cette vacance idéologique pour avancer vers l'indépendance. Cela s'ajoutant au Brexit et à la nomination de Liz Truss, mal vue sur ces terres historiquement de gauche.

En Irlande le mouvement vers l'unification de l'île semble inéluctable. Et le Sinn Fein mène ce combat historique avec beaucoup d'intelligence et de souplesse. Et là-bas encore la monarchie anglaise n'a pas laissé d'impérissables souvenirs. Quant à la détestation des Tories, particulièrement thatchériens, elle est toujours aussi vive, le souvenir de Bobby Sands et de ses camarades est toujours très vivant. Les unionistes verront probablement la mort de la reine comme un signal de leur propre déchéance politique.

Le sage Pays de Galles risque de ne pas le rester si l'explosion "façon puzzle" du Royaume-Uni se confirmait.

Pour ceux qui ont vécu dans leur chair, qui ont le souvenir ou la connaissance du rôle particulièrement arrogant, cynique et violent de l'impérialisme britannique cette perspective a incontestablement quelque chose de réjouissant.

La mort d'un symbole de la classe dirigeante et d'un système de classe, d'une aristocratie héritière de terres et de richesses par le seul "mérite" de la naissance, ne peut susciter en nous le moindre attendrissement. Laissons cela à l'histrion Stéphane Bern et aux médias bourgeois qui tentent avec un certain succès, hélas, à faire prendre les canards sauvages pour des enfants du bon Dieu.

 

Antoine Manessis.

 

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