Easter rising

                                                 Combattantes irlandaises 

"Le travailleur est l'esclave de la société capitaliste et sa femme est son esclave" James Connolly

Ses chefs furent fusillés, parmi lesquels James Connolly leader marxiste du mouvement national, syndical et socialiste irlandais, ses partisans pourchassés et emprisonnés, la répression fut terrible, l'impérialisme britannique faisant preuve d'une grande sauvagerie. Tous les rebelles furent arrêtés ainsi que des partisans, soit 3430 hommes et 79 femmes. 90 d’entre eux furent condamnés à mort lors d’un procès en cours martiale. 1480 personnes furent enfermées dans de grandes prisons au Royaume-Uni. Et pourtant l'Insurrection de Pâques (Easter rising) 1916 défaite, écrasée, fut une victoire politique car elle fut l'étincelle qui enflamma l'Irlande et abouti à son indépendance.

En pleine guerre mondiale alors que l'Empire britannique se bat aux côtés de la France et de la Russie contre les Empires centraux (Autriche-Hongrie, Allemagne), les patriotes et révolutionnaires irlandais déclenchent une insurrection nationale. Ils veulent profiter du conflit mondial pour ébranler l’Empire en déclarant l’indépendance de l’Irlande. Le lundi 24 avril 1916 ils déclenchent une rébellion au cœur de la capitale, Dublin. Ils établirent leur quartier général à la Poste Générale (GPO), dans l’avenue O’Connell. James Connolly prit la tête des opérations. Ils hissèrent sur le toit le drapeau républicain. Après cinq jours d’affrontements, le soulèvement, connu sous le nom de "Pâques sanglantes", aboutit à un échec  militaire.

Politiquement l'Insurrection devient un symbole, ses chefs exécutés des héros et la guerre d'indépendance commence ce jour-là. Les secousses se font sentir chez les volontaires irlandais de l'armée britannique. Engagés pour beaucoup en espérant obtenir une autonomie après guerre, certains refusent de combattre leur compatriotes quand ils sont envoyés réprimer le mouvement insurrectionnel. Ils rappellent à leurs chefs s’être engagés pour combattre les Allemands et non pour mater une rébellion et tirer sur leurs concitoyens. D'autres partisans d’une nation irlandaise indépendante n’hésitent pas à s’allier aux rebelles pour tenter de défaire l’armée dans laquelle ils se sont engagés.

Alors que certains soldats irlandais combattant dans l'armée britannique en France ressentent l'Insurrection comme "un coup de couteau dans le dos", les mêmes désapprouvent l'exécution des leaders nationalistes. 

 L’Irish Citizen Army (ICA – Armée citoyenne irlandaise) de James Connolly, la matrice de l'IRA, était composée essentiellement de membres de la classe ouvrière. L'ICA fut fondée en réponse à la terreur patronale lorsque en 1913, le syndicat des travailleurs des transports de Jim Larkin démarra une grève contre la Compagnie des tramways de Dublin, qui refusait à ses travailleurs le droit de se syndiquer. La grève s’étendit jusqu’à impliquer 20 000 travailleurs sur tout Dublin. Les patrons de la ville contre-attaquèrent par un lock-out de cinq mois et une répression féroce. Cela amena Larkin à demander à un de ses camarades socialistes, James Connolly, de former une milice de défense ouvrière pour parer aux attaques de la police et des milices patronales. L'ICA avait à la fois une origine et un caractère social très affirmé et un caractère patriotique particulièrement visible en 1916.

Notons que Connolly, Larkin et leurs camarades se retrouvèrent aux côtés de la minorité des socialistes révolutionnaires européens qui dénonçaient le caractère impérialiste de cette guerre et appelaient la classe ouvrière à la combattre. Et que Lénine parlera de l'ICA comme "la première Armée rouge en Europe".

Les élections de 1918 assoient le pouvoir du Sinn Féin. Le parti remporte 70 % des sièges irlandais. Les députés du Sinn Féin siègent à Dublin, dans la Mansion House, le 21 janvier 1919. Lors de sa première séance, le Dáil (Parlement) proclame la déclaration d’indépendance de l’Irlande, uniquement reconnue par la jeune URSS. Cette année 1919 est le début de la dernière guerre menée par les Irlandais pour leur indépendance. L'IRA mène le combat qui aboutit au Traité de Londres, qui officialise l’indépendance – encore bien encadrée – de l’Irlande en décembre 1921, l’État libre est né.

C'est alors qu'une terrible guerre civile va opposer les Républicains irlandais voulant une Irlande unie, réellement indépendante et progressiste et la fraction bourgeoise du mouvement national irlandais. La fraction la plus progressiste "anti-traité" est finalement vaincue en 1923. La guerre civile aura fait 4000 morts. La partition du pays est confirmée.

Plus d'un siècle après l'Insurrection de Pâques 1916, après un long combat de l'IRA jusqu'aux négociations et aux accords du Vendredi Saint 1998,  le Sinn Fein, qui poursuit le combat pour une Irlande unie et libre, réalise sa meilleure performance électorale en remportant 24,5 % des suffrages devançant les partis de droite. Les deux vaincus se sont alliés pour former le gouvernement mais le Sinn Fein, en tête des suffrages, reste l'alternative progressiste. 

l'Easter rising de 1916 reste le symbole d'une Irlande enfin réunifiée où "La cause du travail est la cause de l’Irlande. La cause de l’Irlande est la cause du travail" comme le disait James Connolly.

Tiocfaidh ár lá,  "Notre jour viendra" comme dit le slogan des Républicains irlandais.

Antoine Manessis.