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        Déjà....1927 affiche de la droite (Centre de propagande des Républicains Nationaux) réalisée par André Galland qui travaillera pour le gouvernement de Vichy. 

 

En 1895, Théodore Denis, député républicain radical des Landes, lançait des bancs de la Chambre où il siégeait une virulente interpellation sur le "pouvoir juif", quelques semaines après la proposition de loi déposée par le comte de Pontbriand tendant à réserver les postes d’officiers dans l’armée et la marine, ainsi que toute fonction administrative et élective, aux citoyens français qui jouissaient de ce titre depuis au moins trois générations. Le débat sur "l’ infiltration juive" était lancé et gagna l’hémicycle en mai. Habité par la haine, le député enjoignait les plus hauts sommets de l’État à "paralyser cette force redoutable".

Aujourd'hui Gerald Darmanin, ministre de l'Intérieur, nous dit "L'islamisme gangrène notre unité nationale Nous vivons un moment de confrontation entre communautés extrêmement violent." Et de Valeurs Actuelles à Marianne, du Figaro à C-News, partout suinte la haine du peuple de France et en particulier de sa composante étrangère.

Dans les deux cas et à travers les âges la réaction  nous explique que la subversion est forte et la République faible. Juifs ou musulmans, l'ennemi est menaçant. Nos avons à faire à une "guerre des civilisations" comme disent les néo-conservateurs étasuniens.  

Que cela ne corresponde à rien de réel n'a aucune importance. L'essentiel est de faire croire. Pour diviser les prolétaires comme on disait au XXe siècle.

L'anti-sémitisme comme l'islamophobie sont deux variantes du même discours. Les Pierre-André Taguieff, Alain Finkielkraut, Jean-Michel Blanquer et autres néo-fascistes du XXIe siècle n'ont en fait qu'un seul objectif : semer la confusion pour permettre à la classe dirigeante d'assurer sa domination. 

Que révèle leur discours? Prenons un exemple : "Les territoires perdus de la République". A quoi fait-il référence? A la destruction des services publics particulièrement dans les quartiers populaires? Non. On explique que l'islam, comme le judaïsme avant-hier, le communisme hier, "gangrènent la pays". Le séparatisme c'était pour de Gaulle, dans les années 1950, les communistes. Pour Macron depuis 2019 ce sont les musulmans. Et que faire devant cette situation? Reconquérir "les territoires perdus de la République". Bref la Reconquista espagnole contre l'islam appliquée aux "quartiers". (Rappelons que le royaume Wisigoth fut battu par le califat omeyyade quelques années auparavant en 720). 

En fait il s'agit sous couvert d'un discours qui reprend le vocabulaire de l'extrême-droite, sous couvert de républicanisme et de laïcité, de fabriquer un ennemi de l'intérieur pour détourner le peuple du véritable ennemi, le capital.

Le séparatisme, stade supérieur du communautarisme, sert à designer l'islam et les quartiers populaires. Darmanin déclare "que nous vivons un moment de confrontation entre communautés extrêmement violent". Absurde mais cela fabrique un climat de suspicion contre les musulmans, les Arabes, les noirs. Le refoulé colonial apparait avec force.

Jules Ferry liait la "mission civilisatrice" de la colonisation et "l'instruction civique et morale" en France. Il fallait former, formater les indigènes des colonies et les enfants de paysans et de prolétaires de France pour mieux les dominer. "Sauvages" et "classes dangereuses" sont les ennemis de l'ordre bourgeois. "L'ensauvagement" de la société devient un thème médiatique. Le club de l'Oratoire se distingue et diffuse son poison. En font partie le regretté André Glucksman, nouveau philosophe anti-communiste maladif, PA Taguieff, l'introducteur de l'islamo-gauchisme en France, Pascal Bruckner, islamophobe maladif, Stéphane Courtois, auteur de l'inoubliable "Livre noir du communisme" qui provoque l'hilarité de tous les historiens non appointés par la police, Bernard Kouchner, promoteur du "droit d'ingérence" donc de l'intervention des "civilisés" contre les "sauvages", théorie que l'on a vu mise en pratique en Libye, en Irak, en Afghanistan...avec les brillants résultats que l'on connait. 

Aujourd'hui nous sommes face à une offensive particulièrement violente et massive du néo-fascisme autour de ces thématiques. Les Césars du cinéma furent l'occasion pour la réaction de se déchaîner. Que s'est-il passé durant cette soirée? En fait rien d'autres que la mise en cause du pouvoir macroniste dans le destruction de la culture (et du cinéma en particulier). Avec quelques interventions un peu plus politiques comme celle de l’acteur et réalisateur Jean-Pascal Zadi qui fit référence à la mort d'Adama Traoré, de l'humoriste Fary ou de la comédienne Corinne Masiero, qui se mit nue pour symboliser l'état du cinéma. Cela suscite un déchaînement de haine de la part de toutes les réactions. Du Figaro à Valeurs Actuelles, de Marianne à la quasi totalité des médias ce fut une hystérie anti-Césars.

Certes les Césars ne sont qu'une pâle copie des Oscars étasuniens eux-mêmes bien fatigués. Le principe même de cette soirée est discutable comme l'est donc son existence. Mais il suffit que quelques voix comme celle de Marina Foïs, Corinne Masireo etc fassent entendre un son un peu décalé pour que les chiens de garde se lancent en meute contre ces artistes. Bien entendu elles n'ont pas échappé à l'accusation d'islamo-gauchisme...

L'acmé de ce délire fut atteint par l'idéologue néo-fasciste P.A. Taguieff dans Marianne.

Une tribune, signée entre autre par Angela Davis, exprima il y a quelques jours (NBH la publiera) sa solidarité avec les universitaires et les libertés académiques attaqués par l'Etat macroniste. Taguieff répond dans Marianne à cette tribune remarquable en faisant une synthèse du discours qui cumule tous les poncifs du néofascisme. Marianne qui fut autrefois un journal de gauche est désormais - et depuis déjà pas mal de temps - un des porte-voix du confusionnisme réactionnaire et fascisant. Une partie de la gauche  comme le Printemps républicain (Valls, Elisabeth Badinter, Brice Couturier, Richard Malka ) rejoint par une partie de la droite (Blanquer, Vidal, Schiappa...) et même des éléments de l'extrême-gauche, sont contaminés par ce virus. 

Le paroxysme de l'amalgame, de la confusion, du racisme, de la haine et du vide conceptuel sidéral de Taguieff est révélé par le titre de son dernier livre Liaisons dangereuses, islamo-nazisme, islamo-gauchisme. Aller plus bas dans l'ignominie semble désormais impossible.

Les mêmes qui, hier, éructaient contre le judéo-bolchevisme, le font désormais contre l'islamo-gauchisme. Cette pseudo-notion présente un énorme avantage pour le capital. Elle amalgame dans un même terme les deux ennemis de l'intérieur désignés par le pouvoir : l'islamisme et le gauchisme soit en réalité l'islam et la gauche. Que du bonheur....

Nous vivons des temps sombres et pas seulement à cause du Covid. Nous pourrions même dire que le pire virus qui nous menace est le fascisme du XXIe siècle. La gauche a su réagir en 1934, 1935, 1936. Elle a su un temps barrer la route à la peste brune. En 2022 nous aurons l'occasion, la possibilité de lui dire non. Cela passe par le vote pour JL Mélenchon. Quelles que soient les bonnes intentions des autres candidats de gauche, rien ne permet de contourner cette simple vérité. Et les conditions historiques qui sont les nôtres ne permettent pas de tergiverser. A moins de vouloir nous retrouver, comme l'Italie, avec un gouvernement où se retrouveront ensemble les fascistes, les socialistes, les centristes, les gens de droite avec à leur tête un homme du capital financier, en Italie Draghi, un ancien de Goldmann et Sachs, en France Macron, venu de la Banque Rothschild.

L'heure du choix approche.

 

Antoine Manessis.

 

 

 

 

 

 

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