Croatie : élections sans véritable enjeu

Les élections législatives en Croatie ne semblent pas devoir régler la situation politique du pays.

En effet la victoire du parti de droite conservateur, au pouvoir depuis 2020, l'Union démocratique croate (HDZ), aux élections législatives, en recul  et sans majorité absolue, va contraindre le HDZ à négocier pour avoir la majorité. Dirigé par Andrej Plenkovic, qui a exercé deux mandats en tant que Premier ministre, le HDZ a remporté 61 sièges sur les 151 sièges de l'Assemblée.

Une coalition dirigée par le parti d'opposition social-démocrate (SDP) du président Zoran Milanovic a terminé deuxième avec 42 sièges, tandis que le Mouvement pour la patrie d'extrême-droite est arrivé troisième avec 14 sièges. Ce qui fait de lui un potentiel partenaire pour obtenir la majorité.

Un parti ultralibéral a obtenu 11 sièges et le parti écologiste Mozemo 10. Les deux se disent prêts pour des négociations avec les deux grands partis.

Le HDZ annonce pouvoir trouver des alliés et le SDP soutenu par le président de la République, Milanovic, pense pouvoir renverser la situation en sa faveur.

Le HDZ est le parti de droite, pro-UE,  au pouvoir quasiment sans interruption depuis l'indépendance. Mais il est gravement compromis dans des affaires de corruption.

Le SDP est dirigé par Zoran Milanovic un de ces personnages atypiques qui s'imposent en flattant des secteurs politiques divers et parfois contradictoires. Pro-russe sur l'Ukraine il critique de façon véhémente la politique de l'UE dans le conflit russo-ukrainien. Il cherche à élargir sa base de masse en flattant, suivant les sujets, la droite et la gauche. Quand il était premier ministre sa politique n'était guère marquée par une orientation sociale.

Mais il a pris une position plutôt courageuse dans le contexte régional à propos de la situation en Palestine. En octobre 2023, il a critiqué les frappes de représailles d' Israël sur Gaza en déclarant : "J'ai condamné les meurtres [du Hamas], j'ai même exprimé mon dégoût et mon horreur, mais le droit à la défense n'inclut pas le droit à la vengeance et au meurtre de civils."

Reste que pour les Croates le duel entre Plenkovic et Milanovic ne présente pas une alternative pour ce pays qui reste profondément ancré à droite. Des manifestations en hommage au sanguinaire nazi croate, Ante Pavelic, chef des sinistres Oustachis, ont eu lieu à Zagreb. Les militants anti-fascistes du Front des Travailleurs qui avait manifesté contre les rassemblements néo-Oustachis furent chargés par la police.

Le Front des travailleurs est le seul parti de gauche a avoir une existence, certes très marginale, en Croatie. Dans l'ancien parlement le FT avait une députée, Katarina Peovic, mais élue au sein d'une coalition qui a explosé depuis. Peovic fut candidate à la présidentielle de 2020 et avait obtenu 1,14% des voix arrivant en 8e position avec 21500 voix. 

La Croatie est encore un de ces pays où la gauche de gauche est quasiment inexistante et où différents secteurs de la bourgeoisie se battent pour le pouvoir.

NBH