RN : Mauvais signal

Fabrice Leggeri, haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur français, ancien directeur de Frontex, l’agence de l’Union européenne chargée du contrôle des frontières, vient de rallier le RN et sera en troisième place sur la liste de Jordan Bardella aux élections européennes de juin.

Sorti de l'ENA et de l'Ecole Normale Supérieure, il a dirigé l'agence de l'Union européenne pour les frontières de 2015 jusqu'à sa démission en 2022.

Fabrice Leggeri a déclaré dans le JDD (un journal tombé dans l'escarcelle de Bolloré) : "Le RN possède un plan concret et la capacité de le réaliser. Nous sommes déterminés à combattre la submersion migratoire, que la Commission européenne et les eurocrates ne considèrent pas comme un problème, mais plutôt comme un projet : je peux en témoigner." 

Les réactions ne se sont pas fait attendre :  "Fabrice Leggeri a fait de Frontex une bande de mercenaires armés jusqu'aux dents, qui brutalise et laisse mourir des milliers d'exilés à nos frontières" a déclaré Manon Aubry.

Leggeri a été l'objet d'une enquête disciplinaire pour des refoulements illégaux de migrants en Méditerranée et a démissionné de son poste. On imagine bien que le type doit être d'extrême-droite depuis un bon moment.

Il n'empêche que son profil, ses diplômes, son âge, 55 ans, son parcours passé dans des ministères régaliens, en font une recrue de choix pour le RN. Il apporte une touche de crédibilité et de "bienséance" à un parti à qui était reproché d'être le parti des "Beaufs" sans rien dans la citrouille. Il est préoccupant que le RN commence à attirer des hauts cadres car cela ajoute à sa "légitimité" et au sérieux de ses propositions.

Certes cette vision est erronée mais elle fait des dégâts. Ce qui est grave c'est quand l'extrême-droite recrute des profils comme celui de Leggeri, cela veut dire que ces gens imaginent que les néo-fascistes peuvent être "aux affaires" et ce faisant ils peuvent crédibiliser cette perspective de façon diffuse dans la société.

Ce signal, en plus des autres en particulier la reprise par les droites macronienne et LR des positions du RN, les "victoires idéologiques" du RN, devrait motiver la gauche à se rassembler. 

Les élections européennes peuvent donc, si la gauche ne se mobilise pas, accentuer encore cette "ascension résistible" des néo-fascistes. Ne pas voter ou disperser les voix de la gauche c'est, plus que jamais, voter RN.

Antoine Manessis