La secte : ennemie de la réalité

                                                                        L'antidote au dogmatisme

Chaque jour apporte son lot d'incongruités tragi-comiques de la part de groupuscules qui se réclament du communisme.

Comme il faut trouver le temps de sourire en ces temps peu cléments et bien sombres, nous allons vous informer des  dernières guignolades de nos jdanoviens cacochymes.

Comme nous l'écrivions il y a peu, les relations entre groupuscules vont et viennent. Adversaire à mort un jour, bon camarade le lendemain et ainsi de suite dans un cycle sans fin.

Par exemple l'ANC(Association nationale communiste) fut traitée de menchevik par le PRCF avant de redevenir un compagnon de jeu. 

Autre exemple RC (Rencontre communiste) fut traitée de gauchiste communautariste anti-patriotique par le même avant d'être à son tour considéré comme partenaire.

Et bien entendu cela fait des années que ce va-et-vient se poursuit. Aussi vain que productif.

D'ailleurs notons que d'autres groupuscules sont écartés plus radicalement encore, au moins par les jdanoviens du PRCF (Pôle de renaissance communiste en France), tel le frère-ennemi PCRF (parti communiste révolutionnaire de France) qui a, blessure inguérissable, le soutien et la reconnaissance du KKE (parti communiste de Grèce), le parti-guide des sectateurs du dogme. Ou encore le PRC (Parti Révolutionnaire "Communistes") qui s'isole tout seul.

Fut un temps où le Réseau "Faire vivre le PCF" (essentiellement la section de Vénissieux du PCF) et la section du PCF du 15e arrondissement de Paris faisaient partie du jeu des embrassades et des brouilles. N'ayant pas rompu avec la maison-mère, ils sont désormais plus ou moins intégrés au roussellisme.  

Depuis hier on peut lire sur le blog du PRCF une attaque virulente contre "le processus de fusion en cours entre le RC et l’ANC". Les jdanoviens précisent que "toute tentative de fusion sans clarté" est vouée à l'échec. Entendez par clarté la ligne nationale-jdanovienne du PRCF. Les jdanoviens reprochent en particulier aux autres "orthodoxes" (un tantinet moins sectaires) de considérer avec un peu plus de réalisme la France Insoumise qui a, selon le PRCF,  "des positions ouvertement anticommunistes et réactionnaires" quand RC et l'ANC y voient un "Front anticapitaliste, anti-impérialiste et antifasciste".

Bref ça joue à plus sectaire et plus dogmatique que moi, tu meurs. Il faut dire que derrière le vocabulaire, daté et poussiéreux à prétention théorique, il y a des gens qui préfèrent être chefs du groupuscule que sous-chefs d'un regroupement de groupuscules. On peut le comprendre compte tenu du caractère "métaphysique" de cet engagement. Fusionner et donc passer des compromis est impensable pour certains puisqu'ils détiennent La Vérité et que leur personnalité est étayée par cette croyance. C'est la raison pour laquelle ils ne supportent pas la moindre critique qu'ils ressentent comme une mise en cause personnelle. Mais cela ne relève plus du politique au sens commun du terme.

Ce qui est très révélateur de cette démarche sectaire c'est la négation de la réalité.

Prenons un exemple. Le blog du PRCF a publié une vidéo d'une réunion qu'il a tenu le 11 novembre. On y entend les intervenants, on voit la tribune, les orateurs, bien sûr, pendant presque 2 heures. Mais à aucun moment on ne voit la salle. Une telle attitude est typique, qui consiste à camoufler grossièrement les faits, en l'occurrence le fiasco en terme de fréquentation de la réunion.

S'entre-déchirer, faire comme si ces déchirements avaient la moindre traduction politique de masse, faire comme si les groupuscules pouvaient organiser "un événement politique majeur pour la paix", c'est remplacer les faits par des "vérités alternatives", or les faits "sont têtus".

Antonio Gramsci demandait "à voir le présent tel qu’il est". Pier Paolo Pasolini nous exhortait à ne jamais devenir "l’ennemi de la réalité". Oublier ces conseils c'est confondre la pensé critique et le dogme. Tant pis, les chiens aboient la caravane de l'histoire passe.

Antoine Manessis.