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                             https://www.politis.fr/wp-content/uploads/2023/04/Capture-decran-2023-04-26-a-09.46.49.png

 

 

 

Du bruit. Un peu. Mais déjà trop.

Avez-vous entendu parler de la confrontation dans le journal Politis entre Clémentine Autain et Bernard Cazeneuve?  Vous pouvez en trouver la teneur sur le site de Politis :

https://www.politis.fr/articles/2023/04/clementine-autain-et-bernard-cazeneuve-irreconciliables/

Clémentine Autain a déclaré: "j'ai accepté de débattre avec Cazeneuve qui fait l'impasse sur la critique du quinquennat Hollande et propose une stratégie pour faire gagner... la droite."

Il y a quelques jours Fabien Roussel disait à L'Express que "la NUPES c'est dépassée. Il faut rassembler bien au-delà." Et à la question "Jusqu’à Bernard Cazeneuve?" Le secrétaire national du PCF répond: "Oui ! Nous devons parler à toute la gauche". Mais il ajoute aussitôt: "Et je le dis à Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre : notre programme ne saura s’accommoder du capitalisme, il portera avant tout une transformation sociale radicale. On ne peut plus doucher les espoirs du peuple. Le temps de cette gauche-là est révolu. Elle a disparu avec François Hollande." 

Alors, nous nous posons une question : à quoi cela sert-il de se confronter avec Cazeneuve dans Politis ou de vouloir rassembler la gauche avec Cazeneuve sur la base "d'une transformation sociale radicale"? On imagine Liebknecht se confrontant avec Noske?...Certes autres temps mais enfin qu'a-t-on à attendre d'un Cazeneuve?  

Clémentine Autin parle juste, riposte bien, elle attaque Cazeneuve sans concession. Mais en quoi cela nous avance-t-il ? A qui s'adresse cet échange ? Ça sert à quoi, ça fait avancer quoi et qui ? Certes pas Cazeneuve qui montre qu'il n'a rien compris. Mais est-ce une surprise ? Et que gagnons-nous, nous la gauche de gauche, à parler à ce Noske aux petits pieds ? 

Fabien Roussel veut élargir le rassemblement à gauche. 100% d'accord. Avec Cazeneuve ? Il rigole là...lui même explique que la "ligne" Cazeneuve-Hollande c'est mort. Alors pourquoi répondre "oui" quand on lui demande si il élargit jusqu'à Cazeneuve ? Roussel veut séduire qui et pourquoi ?

Sans compter qu'on peut se demander ce qu'il représente cet has-been social-néo-libéral, matraqueur en chef, en plus du reste. Lui-même c'est-à-dire pas grand chose. Laissons-le nous insulter, car il insulte le bougre, et prononçons, en guise de réponse, juste le nom que nous n'oublions pas, celui de Rémi Fraisse. Mort à 21 ans.

Cela étant dit, nous avons une autre interrogation. Certaines réactions à la confrontation Autin vs Cazeneuve sont pour le moins surprenantes. Et presque indécentes. Que signifie cette "culture de l'insulte" à gauche? On pourrait penser qu'après "les vipères lubriques" de Vychinski et que depuis "les communistes ne sont pas de gauche, ils sont à l'Est" de Guy Mollet, nous avions fait des progrès. Que dalle.

Des Insoumis-es, parfois des député-es, réagissent, indigné-es par le débat. Réactions individuelles. Sur réseaux sociaux. Réaction du groupe Insoumis? Rien. Clémentine Autin a-t-elle de son côté sollicité l'avis de son groupe avant d'aller rencontrer Cazeneuve? Pas à notre connaissance. Bref chacun fait ce qu'il veut et dit ce qu'il veut. Sympathique mais où est la cohérence politique? On aimerait que le ton des débats au sein de la FI reste celui qui sied à des camarades. Surtout que, quand on lit le texte de la confrontation, on voit qu'Autin a défendu les mêmes positions que, par exemple, Nadège Abomangoli.

Plus généralement plutôt que de vivre collés aux réseaux sociaux, les politiques feraient mieux de lire et d'écrire, exposer des pensées s'ils en ont, et non passer leur temps à des réactions superficielles et, disons-le, vides de sens. Le bruit n'est pas une pensée. Il y a là un piège dans lequel beaucoup plongent au détriment de la cause collective qui est celle de la gauche. 

Attention à ce que l'outil de communication ne se transforme en outil d'incommunicabilité, et ne transforme la pensée en slogans.

Et quand Roussel exprime, en l'espace d'une phrase, deux idées antagonistes, inutile d'en faire "un ennemi du peuple". Il suffit de demander une explication de texte. 

La gauche doit montrer sa différence et mériter l'estime et la confiance des citoyen-nes par son comportement. Comme disait l'autre: "La politique ignore les formules absolues. Ses mots d’ordre sont concrets, c’est-à-dire en rapport dans le temps avec des circonstances précises." Et nous nous permettrons d'ajouter les formules vides.

 

 

Antoine Manessis.

 

 

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