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Edito - Burkina Faso. L'Afrique chasse la France

                            Manifestation à Ouagadougou contre l'impérialisme français

 

 

Après la Mali, le Burkina -Fasso envisage de virer l'armée français  et ses 400 membres des forces spéciales de son territoire. Les manifestations contre la présence militaire française se multiplient à Ouagadougou. Au début du mois de janvier, les autorités de transition demandaient le départ de l'ambassadeur de France du territoire.

Une excellente nouvelle pour tous les progressistes et ceux qui luttent contre le néo-colonialisme français.

D'autant plus qu'au Niger, au Tchad et même au Sénégal l'anti-impérialisme des peuples pousse les gouvernements dans la même direction.

Etonnants, les commentaires accablés sur les radios. Pour le moment les télés ne mouftent pas. Tout juste si les journalistes ne suggèrent pas que grande est l'ingratitude des Africains vis à vis de l'ancienne puissance coloniale qui leur a fait tant de bien. On se demande si on rêve, si on a bien entendu...La presse française aura beau clamer qu’en "Afrique, la Russie chasse la France", la vérité est là : ce sont les populations africaines qui n’hésitent plus à se révolter contre la présence française et chasser la soldatesque française.

Mais aucun de ces brillants commentateurs ne pose la question : qu'est-ce que fout la France en Afrique ? Comment cette présence militaire et économiquement prédatrice peut-elle sembler "naturelle" ? On voit à quel point les études post-coloniales sont utiles pour déconstruire ces schémas mentaux.

Et puis, pensez donc, on nous fiche dehors et on invite les Russes ! Quel scandale que cette ingérence russe en Afrique. Certes on peut difficilement se dire que le pouvoir poutinien est exactement ce qui peut aider les pays d'Afrique à s'émanciper des puissances impérialistes... Mais il faut bien voir que les gouvernements africains trouvent avec la Russie ou la Chine un moyen de desserrer l'étau français, de se libérer de la fameuse "FrançAfrique" dont le nœud coulant serre la gorge des Africains depuis des décennies. La championne de l'ingérence en Afrique reste tout de même la France.

Sans oublier que la France a soutenu des régimes corrompus, autocratiques et souvent sanguinaires pour mieux piller les richesses de ces pays. Quand des politiques intègres et courageux tentaient de libérer leurs peuples de l'emprise française, la France et ses alliés étasuniens, belges ou britanniques n'hésitaient pas à utiliser l'assassinat tel celui de Patrice Lumumba au Congo ou Thomas Sankara au Burkina justement. 

Que croient donc nos gouvernements ? Que les peuples vont éternellement subir, sans réactions, le vol à main armée auquel se livre l'impérialisme français ? Que le règne des Bolloré, au coeur des scandales de corruption, en Afrique sera éternel ?

Le New Deal vanté par Macron s’inscrit en réalité dans la droite ligne des politiques néolibérales en grande partie responsables des faiblesses structurelles des économies africaines. Les solutions envisagées par Macron n’ont rien de novatrices, elles sont dans la droite ligne des remèdes infligés depuis des décennies au continent africain par le FMI, arme de destruction sociale massive du néolibéralisme. Le véritable New Deal avec l’Afrique c’est d’en finir avec son pillage et le néocolonialisme !

Les Africains tentent donc de s'appuyer sur les contradictions inter-impérialistes (France , Russie, Etats-Unis, Chine...) pour gagner en autonomie et en marges de négociations. En attendant que des rapports de forces émergent qui permettent d'imposer de grandes politiques émancipatrices.

En attendant réjouissons-nous et saluons nos frères et sœurs d'Afrique qui contribuent à l'affaiblissement de notre adversaire commun: l'impérialisme français.

 

 

Antoine Manessis.

 

 

Pour info :

A deux questions du Monde JL Mélenchon répondait (extraits) :

L’Afrique est régulièrement décrite comme un continent d’avenir. Le pensez-vous ? Pourquoi ? Comment la France peut-elle en tirer parti ?

"Le meilleur parti que la France puisse tirer, c’est un développement harmonieux et réussi des sociétés africaines. Si nous ne considérons que le risque climatique, ce sont 250 millions de migrants dont l’humanité devra s’occuper à l’horizon 2050. Il est temps d’assurer un développement équilibré qui n’aggrave pas l’état de la planète. Mais la condition pour y parvenir est de rendre l’Afrique aux Africains, d’assurer la souveraineté nationale et populaire sur les bases prônées par Thomas Sankara ou Patrice Lumumba."

Mélenchon dénonçait pendant la campagne présidentielle "l’impossibilité de tout développement des pays africains, en raison des dettes et des politiques d’ajustement structurel imposées par le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, le pillage des ressources par les multinationales et le libre-échange."

 

Quels liens personnels entretenez-vous avec l’Afrique ou certains de ses dirigeants ?

"Nous n’entretenons aucun lien avec les dirigeants africains. Par contre, nos relations avec les partis progressistes et démocratiques sont nombreuses et riches. Encore récemment, Oumar Mariko, du parti SADI [Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance, au Mali], participait à la présentation de notre programme international. Nous avons travaillé avec [la Malienne] Aminata Dramane Traoré ou avec Hamma Hammami, du Parti des travailleurs de Tunisie, avec qui nous bâtissons le projet d’un partenariat méditerranéen".

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