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Du monde. Beaucoup plus que ces dernières années. Bon signe? Une manif sans que les flics provoquent même si leur présence équipés comme s'ils allaient affronter des aliens aux mauvaises intentions laisse dubitatif. Quant au SO de la manif notons une combinaison d'efficacité et de décontraction bienvenue. Et surtout des milliers de manifestants dans une ambiance "de sourire à la vie, à 1871, au progrès social."

* Intervention de l'historien Roger Martelli, président des Amis de la Commune, place de la République avant la monté au Mur.

https://www.youtube.com/watch?v=a3YpIjKEtA0

 

* NBH vous propose l'article de Damien Dole dans Libé. Article d'ambiance, comme si vous y étiez.

 

Des milliers de personnes ont marché ce samedi vers le cimetière du Père-Lachaise afin de commémorer la mort des communards. L’occasion pour beaucoup de se retrouver après les restrictions dues au Covid.

C’est enfin le temps des cerises, ce samedi à Paris. Celui du printemps et de l’espoir que catalyse la Commune de 1871. A République, la foule attend sous le soleil le coup de canon de la traditionnelle «montée au mur» qui a vu des fédérés exécutés par les versaillais il y a cent cinquante ans au Père-Lachaise, un clou qui a refermé l’une des plus belles aventures politiques et sociales de France et au-delà.

De la musique, des chants, des drapeaux de toutes les organisations politiques, syndicales et associatives, communistes, anarchistes, pacifistes – une liste non exhaustive. Partout des sourires, des discussions, des couleurs et des bruits. Du beau. Comme si le temps s’était arrêté, ou plutôt qu’il avait repris sa marche. Après plus d’un an de confinements, de couvre-feux, de douleurs sociales, ces commémorations sont l’occasion pour des milliers de personnes de se retrouver et se mouvoir ensemble, sur plusieurs kilomètres, dans une ambiance festive et sans répression policière, pourtant devenue une crainte pour tous les manifestants. Puisque la gauche n’est pas d’accord sur le social, l’économie, l’environnement, au moins elle marchait de concert ce samedi, pour les communardes et les communards. Ça ne fait pas un programme politique, mais qu’importe, ce défilé n’en est pas l’objet.

Dans le cimetière du Père-Lachaise, des Italiens se pressent avec une banderole en défense des exilés politiques, d’autres entonnent une chanson contre Franco, puis Bella Ciao devant un monument à la mémoire des Espagnols morts pour la France entre 1939 et 1945. L’internationale de la gauche rayonne sous des arbres centenaires qui ont vu les Parisiens – nés ici, en province, à l’étranger, bref, des Parisiens – se faire abattre sans procès. La Commune est ce fanal politique auquel se réfèrent des sensibilités qui ne veulent plus discuter, ou sont trop éloignées pour le faire. La suspension du temps là encore.

 

Le cortège passe devant la tombe d’Eugène Pottier, communard et compositeur de l’Internationale. Des applaudissements, la célèbre chanson qui résonne. Au loin, d’autres claquements de mains, pour une autre tombe célèbre ou l’arrivée au Mur des fédérés, on ne sait pas encore. La plaque en hommage aux morts est le crépuscule de ce pèlerinage laïc parti de République. Le peuple s’amasse, veut déposer des fleurs, se dresser devant avec une banderole et déclamer un discours ou une chanson. Sur les hauteurs, une foule les regarde immortaliser ce moment d’une vie.

Sur le pavé abîmé qui mène aux boulevards, le cortège improvisé et lent – l’envie de rester encore un peu, sûrement – s’arrête de nouveau pour chanter, se recueillir devant la tombe de Malik Oussekine, victime et symbole des violences policières. Devant un cerisier, certains cueillent des fruits de circonstance. C’est le temps des cerises après tout. Le temps d’être ensemble et de sourire à la vie, à 1871, au progrès social. La Commune n’est pas morte. Paris non plus.

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