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Y a-t-il un nouvelle "guerre froide" entre les Etats-Unis et la Chine comme nous le répètent les médias?

La réponse ne peut être oui ou non. Il faut s'interroger sur la nature de cette guerre froide. 

Pourquoi les relations entre les deux grandes plus grandes puissances du monde ce sont-elles détériorées?

Rappelons nous : les E-U et la Chine, depuis le voyage de Nixon à Pékin en 1972 et la reconnaissance officielle de la RPC en 1979,  avaient non seulement normalisé leurs relations  mais s'étaient, de fait, alliés contre l'URSS.

Le conflit sino-soviétique qui couvait depuis le XXe congrès du PCUS et sans doute même avant, s'aggrava au fil des années. A l'époque de Staline, le PCC acceptait le leadership du Parti soviétique, même après la dissolution du Komintern. Liou-Shao-chi en particulier était proche des Soviétiques. Staline s'il reconnaissait l'importance de la révolution chinoise avait des doutes sur Mao qu'il appelait "le marxiste de margarine".

Si les questions idéologiques étaient mises en avant par les deux parties, en fait le conflit était surtout géopolitique.

La Chine voyait d'un mauvais œil la coexistence pacifique entre l'URSS et les Etats-Unis qui marginalisait la Chine qui se voyait soumise au condominium soviéto-américain d'autant que les Soviétiques, compte tenu des positions du PC Chinois, refusa sa contribution à la Bombe atomique chinoise. En 1960 l'Union Soviétique retira son assistance technique à la Chine en rappelant brutalement ses techniciens. Ce retrait s'ajoutant aux effets négatifs du "Grand Bond en avant" fut durement ressenti par les Chinois. De plus lors du conflit frontalier entre la Chine et l'Inde, l’URSS prit position en faveur de l'Inde. En 1962 la Chine estima que dans l'affaire des fusées à Cuba l'URSS avait "capitulé". Sur le plan interne au PCC les partisans d'une ligne plus proche de celle du PCUS autour du président de la RPC Liou-Shao-chi, menace le pouvoir de Mao-Tsé-Toung.

Le conflit s'envenima et prit une dimension internationale et secouant et divisant le mouvement communiste international et le mouvement de libération du Tiers-Monde.

Mais ce qui fut un véritable tournant c'est l'analyse que firent les occidentaux du conflit sino-soviétique. Si au début ils crurent au conflit strictement idéologique, assez vite ils perçurent le caractère géopolitique de l'affrontement et cherchèrent la manière de s'en servir. Dès 1967 Richard Nixon préconisa un rapprochement avec la Chine.

Ce qui fut fait quand Nixon devint président des Etats-Unis en 1969. Mao-Tsé-Toung de son côté face à la tension avec l'URSS en particulier lors d'affrontements militaires limités mais préoccupants à la frontière sino-soviétique (1969), comprit que la Chine ne devait pas se retrouver prise sur deux fronts, soviétique et étasunien. 

A partir de cette période, à l'exception du Vietnam au moins jusqu'à la victoire vietnamienne, sur tous les fronts Chinois et Étasuniens se retrouvèrent pour contrecarrer l'influence soviétique. De l'Angola à l'Afghanistan, du Portugal au Cambodge, "l'hégémonisme" soviétique; le "social-impérialisme des nouveaux tsars" devint l'adversaire principal.La brève guerre sino-vietnamienne fut l'expression du conflit sino-soviétique, les Chinois considérant le Vietnam comme le pion de Moscou en Asie du Sud-Est. Encore sous la présidence de Ronald Reagan les Etats-Unis considéraient la Chine comme un contre-poids sinon un allié contre l'URSS agonisante au point d'apporter une aide à l'Armée Populaire chinoise.

Depuis l'effondrement de l'URSS les rapports entre la Chine et les Etats-Unis changèrent évidemment. La Chine se concentra sur son développement économique et son intégration au système économique de la mondialisation capitaliste liant son économie au marché capitaliste international, à la conquête de matières premières dans le monde , en Afrique particulièrement, au renforcement de son appareil militaire, au renforcement de son influence dans les organisations internationales.

Cette évolution de la Chine entraîne donc l’exacerbation des contradictions avec les puissances capitalistes dans la compétition pour les parts de marché qui devient de plus en plus féroce. Comme le disait Lénine  "Si les capitalistes se partagent le monde, ce n'est pas en raison de leur scélératesse particulière, mais parce que le degré de concentration déjà atteint les oblige à s'engager dans cette voie afin de réaliser des bénéfices; et ils le partagent proportionnellement aux capitaux , selon les forces de chacun, car il ne saurait y avoir d'autre mode de partage en régime de production marchande et de capitalisme. Or, les forces changent avec le développement économique et politique". 

C'est cette concurrence qui est la cause de la nouvelle "guerre froide" dont on nous parle tant entre la Chine et les E-U. Elle est donc bien réelle mais elle s'explique par l’aggravation des contradictions inter-impérialistes.

Une vague d'illusions semble toucher de nombreux communistes. Du moment qu'un grand pays dirigé par un Parti communiste s'affronte avec l'impérialisme étasunien pourquoi bouder son plaisir. Mais il reste à démontrer que le titre de Parti communiste n'est pas seulement un affichage qui recouvre une autre réalité : la transformation  du parti révolutionnaire des ouvriers et des paysans en parti de la bourgeoisie nationale, du socialisme chinois en capitalisme chinois. Après l'histoire de l'URSS il peut sembler naïf de ne pas au moins envisager cette possibilité et de "ne pas prendre ses désirs pour des réalités aussi louables soient-ils" comme disait Mao.

Cela étant il faut s'interroger sur le pourquoi de cette évolution mais cela est une autre histoire.

 

Antoine Manessis.

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