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Gilles Questiaux qui anime le blog Réveil communiste m'a envoyé un de ses articles suivi de la réaction d'Alain Badiou.
http://www.reveilcommuniste.fr/2018/12/karl-marx-denonce-les-effets-ravageurs-de-l-immigration-sur-la-classe-ouvriere-1870.html
Aussi je me permets de mettre mon grain de sel dans leur échange. AM
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Qui est l'ennemi ?
Qui est l'ennemi du prolétariat, des chômeurs, des migrants et du peuple ?
Contre qui nous battons-nous ?
Le capitalisme. Même pas les capitalistes, non, le système capitaliste.
Le capitalisme divise les travailleurs de mille façons pour régner.
Entre autre en opposant les migrants aux "indigènes" eux-mêmes ex-migrants (un jour nous le fûmes tous) qui "font baisser les salaires" : c'est faux. Archi faux : c'est le capitalisme qui fait baisser les salaires. Ce qui pèse sur le marché du travail n’est pas la pression migratoire, mais l’universalité de la dérégulation, qui réduit tout à la fois les salaires directs et indirects, sanctuarise la précarité, réduit l’aide aux démunis et valorise l’assurantiel au détriment de la solidarité. Affirmer que la régulation des migrations créera du mieux-être est donc dangereusement mensonger.
Cela revient à dire que les chômeurs font baisser les salaires c'est tout aussi absurde. C'est le capital qui utilise "l'armée de réserve".
Si on propose un salaire égal pour un travail égal aux migrants vont-ils refuser? Evidemment non. Donc il y a un glissement extrêmement dangereux à faire porter la responsabilité de la pression à la baisse sur les salaires sur les migrants. Cela légitime le discours du capital et de son aile fasciste et raciste.
Il nous faut être très clair et explicite sur ces questions et l'irritation d'Alain Badiou est justifiée même si je sais que Gilles Questiaux est un camarade incontestable. De plus sa réaction qui consiste à dire à Badiou d'aller dans la classe pour expliquer que les migrations sont de bonnes choses ne tient pas debout.
Nous savons tous que la migration est provoquée le plus souvent par la misère, conséquence du pillage et des guerres impérialistes et néo-coloniales, comme le dit Badiou "L'exode rural est aujourd'hui à échelle du monde entier."
Il y a aussi une migration "choisie" par laquelle les centres capitalistes captent les cerveaux formés dans les pays du Sud mais cela relève de la même démarche de pillage impérialiste.
Sans oublier que les délocalisations, c'est-à-dire l'utilisation par le capital de la main d'œuvre bon marché des pays du Sud, fait plus pour la baisse des salaires c'est là que réside au niveau mondial "l'armée de réserve" Sans oublier non plus que ce sont les pays du Sud qui accueillent le plus de migrants venant d'autres pays du Sud (le Liban a accueilli un million cinq cents milles Syriens sans que cela ait d'incidence sur la crise qui le frappe).
Que des prolétaires puissent avoir une oreille attentive aux discours du RN (et de bien d'autres) n'est pas pour nous étonner : on sait bien qu'il est difficile, plus encore aujourd'hui qu'hier, de nommer son ennemi et que la facilité qui consiste à s'en prendre à un plus mal loti que soi mais visible est un comportement politiquement erroné mais anthropologiquement connu.
Le mouvement ouvrier a été déjà confronté à ce type de situation. Et la seule réponse qui vaille est la solidarité de classe contre le capital. "prolétaires de tous les pays, unissez-vous!" c'est tout de même mieux, dans la perspective anticapitaliste qui est la nôtre, que de se coucher devant l'idéologie dominante même si elle domine dans des fractions au moins de la classe. Se placer du côté de la classe et du peuple, c’est donc lutter pour l’universalité des droits.
Antoine Manessis.