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"Sans la Russie, ces chiens sanguinaires allemands auraient atteint leur but ou, en tout cas, en seraient proches. (…) Nos enfants et nous avons une énorme dette de gratitude envers le peuple russe qui a enduré tant d’immenses pertes et de souffrances".
Albert Einstein.
Le 17 décembre 2022 NBH publiait un article intitulé "N'oublions pas Stalingrad". Lire ici: http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2022/12/nous-n-oublions-pas-stalingrad.html
Le 2 février en Russie dans la ville de Volgograd (ex-Stalingrad) Vladimir Poutine a tenté une escroquerie intellectuelle et historique pour se parer de la gloire passée de l'Armée rouge.
Un mot d'abord sur le fait que la Russie ait débaptisé la ville héroïque, symbole de la victoire des peuples de l'Union Soviétique sur le nazisme. On pourrait dire que c'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Du temps de Staline, tomber en disgrâce vous faisait disparaître des livres, des photos...parfois de l'existence. Or quand la déstalinisation fut inaugurée par le Parti communiste de l'Union Soviétique lors des XXe et XXIIe congrès du PCUS, la méthode stalinienne fut appliquée contre Staline. Son corps fut sorti du Mausolée de la place Rouge où il reposait aux côtés de celui de Lénine, ses portraits furent décrochés et Stalingrad fut débaptisé en Volgograd. Depuis Grenoble possède une rue Stalingrad mais en Russie Stalingrad a perdu son nom.
Puis les aléas de la politique interne à la Russie et des rapports de force entre les différentes factions du PCUS entraînaient des réapparitions puis de nouveau des disparitions de Staline dont le nom et l'image étaient instrumentalisés.
Puis vint le grand effondrement. L'URSS rendait son dernier soupir un soir de Noël 1991. Le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau, symbole de l'alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie, disparaissait des tours du Kremlin.
La Russie devenait un pays capitaliste, les services publics étaient vendus à l'encan ou volés par les capitalistes russes, souvent d'anciens dirigeants du PCUS, la fameuse Nomenklatura, que l'on prit l'habitude chez nous d'appeler les oligarques, sans doute pour éviter le rapprochement avec nos capitalistes à nous appelés plutôt chefs d'entreprise, capitaines d'industrie...ce qui fait nettement moins mafieux et plus chic. Même si le contenu est le même, l'emballage se veut différent.
Les communistes n'ont pas disparu pour autant et très vite est née le KPFR, le parti communiste de la fédération de Russie (le 14 février 1993). Cependant son marxisme a été fortement teinté de nationalisme, s'alignant sur Poutine en particulier en politique internationale comme dans l'affaire ukrainienne. Une sorte de deal semble avoir été passé entre le KPFR et Poutine, ce dernier permettant au PC de vivre (et même de prospérer puisqu'il est le 2e parti de Russie avec 20% des voix et sans doute plus si l'on considère la fraude poutinienne) en échange du soutien du PC sur certaines orientations stratégiques du gouvernement.
Le KPFR a très vite ressorti Staline de sa naphtaline, sachant le capital d'adhésion à sa personne, surtout auprès des Russes qui avaient connu la guerre, ses sacrifices inouïs et la victoire. Il est un marqueur identitaire fort, un symbole d'une Russie victorieuse et puissante, passée du moujik au spoutnik. Pour les plus jeunes générations, c'est plutôt un folklore identitaire mais il reste dans l'ensemble du peuple russe un personnage historique central: 70 % des Russes estiment que Staline a eu un impact positif sur la Russie. Les crimes de Staline étaient justifiés –soit "complètement", soit "d'une certaine manière"– compte tenu des progrès obtenus, pour 46% des Russes.
Revenons à Poutine et ses simagrées. Tenter l'amalgame entre la Grande Guerre patriotique défensive d'un pays socialiste, l'Union Soviétique, et la guerre d'agression d'un Etat impérialiste, la Fédération de Russie, il fallait oser. Même si on ne peut pas faire abstraction du contexte géopolitique et de la politique agressive de l'OTAN vis à vis de la Russie. Mais les rivalités entre pays impérialistes et l'affrontement entre le fascisme et le socialisme soviétique ne sont pas de même nature. Ils ne peuvent pas être confondus : c'est ce que fit la II " Internationale face au conflit inter-impérialiste de 1914 et c'est ce qui fut fatal.
Aujourd'hui de prétendus détenteurs de la Vraie Croix marxiste-léniniste à défaut d'avoir une audience de masse, collent aux basques du nouveau tsar. Les stalinoïdes s'extasient de l'érection d'une statue de Staline par les poutiniens qui ratissent large, donnant ainsi quitus à leur patriotisme. Alors qu'il ne s'agit que d'un nationalisme belliciste comme tous les nationalismes. Les jdanoviens réunissent, en guise de "grand rassemblement national", une petite cinquantaine* de personnes quand ils en rassemblaient largement le double il y a 10ans...avec l'aide de l'ambassade russe il faut dire. Turn over et évaporation militante...comme le grand frère-ennemi du PCF qui a tout de même perdu 7000 adhérents depuis 2018. Les partis communistes déclinent et les groupuscules expirent.
En face on entend la même chanson belliciste: en Ukraine, le corrompu Vladimir Zelenski veut des armes, plus d'armes, encore des armes, toujours plus dangereuses et menaçant la paix en Europe. Et nos gouvernements les lui fournissent, Macron comme les autres. Ici, télés et radios poussent au crime et sombrent dans une russophobie ridicule, sans jamais mettre en cause le capitalisme qui, étasunien ou russe, français ou allemand, met le monde au bord du précipice.
Les socialistes internationalistes réunis à Kienthal et Zimmerwald exigeaient l'arrêt des combats et des négociations de paix sans conditions, condamnant tous les impérialismes. Suivons leur lumineux exemple.
NBH
* Les organisateurs annoncent 400 participants...ils doivent compter aussi bien que Occurrence à moins qu'une faute de frappe soit responsable du zéro en trop...Et n'oublions pas les photos publiées qui évitent soigneusement tout comptage.
En tous les cas solidarité totale avec le rassemblement face aux provocations bandéristes.