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Au Pérou depuis le début des manifestations il y a cinq semaines, au moins 42 personnes sont mortes dans la répression sauvage par la police de manifestants pacifiques et désarmés. Une série d'images, de témoignages, de manuels de police et d'autopsies met en évidence de graves violations des droits humains au cours de la répression policière et militaire. Ces morts ils étaient étudiants, ouvriers, vendeurs ambulants. Quatorze victimes avaient moins de 22 ans. A Cuzco, un homme de 21 ans est à l’hôpital, dans un état grave. Il a reçu trente-six impacts de projectiles...Nos médias si prompts à dénoncer les "dictateurs", les "bouchers" d'ici ou là, sont d'une discrétion notable. On pose la question: pourquoi ce quasi silence, pourquoi l'absence de commentaires indignés ?

Au cœur des revendications : la démission de Dina Boluarte, qui a remplacé le président Pedro Castillo, destitué par un Congrès dépourvue de toute légitimité et la tenue immédiate d'élections et la convocation d'une Assemblée constituante. Et la justice sociale.

Revendications démocratiques et sociales auxquelles l'oligarchie capitaliste a répondu par le massacre des manifestants.

Pedro Castillo est accusé de tentative de coup d'État. Il avait notamment essayé de dissoudre le Congrès et de gouverner par décret. Sans doute maladroite compte tenu du rapport des forces entre le bloc populaire et le bloc réactionnaire avec une composante fasciste, la tentative a permis à la réaction de se débarrasser de Castillo et du mouvement populaire. Mais de toute évidence le calcul était faux.

Malgré une répression sanglante et la proclamation de l'état d'urgence à Lima, Cusco, Callao et Puno, permettant à l'armée d'intervenir pour maintenir l'ordre les Péruvien-nes ne baissent pas les bras. Les manifestants bravent depuis lundi cette mesure, qui autorise aussi la restriction de plusieurs droits fondamentaux, comme celui de manifester, la liberté de circulation et de réunion et l'inviolabilité du domicile. Des milliers de manifestants partis de tous le pays convergent vers Lima, la capitale du pays.

Ailleurs des centaines de tronçons de routes sont bloqués par les manifestants dans dix des 25 régions du Pérou, notamment dans le sud du pays, soutien traditionnel de la gauche. Le train pour le site archéologique et touristique de Machu Picchu, seul moyen d'accéder à la célèbre cité inca, était toujours suspendu dimanche.

Pour la présidente usurpatrice l'étau se resserre. La procureure de l'Etat a pris la décision "d'ouvrir une enquête préliminaire contre la présidente, Dina Boluarte, le président du Conseil des ministres, Alberto Otarola, le ministre de l'Intérieur, Victor Rojas, le ministre de la Défense, Jorge Chavez" pour des faits de "génocide, homicide qualifié et blessures graves, commis pendant les manifestations des mois de décembre 2022 et janvier 2023 dans les régions d'Apurimac, La Libertad, Punon, Junin, Arequipa et Ayacucho."

Le président du Conseil a accusé les manifestants d'être "des ennemis d'État" et des terroristes. L'ancien chef du renseignement intérieur lui a rétorqué qu'il juge "stupide" de tenir de tels propos. 60% des Péruviens soutiennent  les manifestations et la tenue d'élections cette année, qui en tant que mesure visant à apaiser les tensions, devient plus urgente.

Les revendications sont, bien évidemment, aussi sociales.

Les paysans Indiens sont en pointe dans cette lutte.

Les régions andines ont l'impression d'être délaissées par la capitale plus riche. Plusieurs manifestants accusent "les multinationales", notamment les compagnies minières, de "piller" le pays sans qu'il y ait des investissements dans leur secteur.

Un paysan Quechua  en route pour Lima explique:  "Si un Péruvien n'est pas capable de donner sa vie pour son pays ce n'est pas un Péruvien. Des frères ont déjà perdu leur vie. Nous aussi nous sommes prêts à la donner (...) Pour que mon enfant ait de meilleures opportunités , qu'il ne soit pas un indien marginalisé. C'est le début pour que les choses changent !"

Tout est dit.

 

Antoine Manessis.

 

 

 

 

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