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Les marchaisiens* avec une ténacité qui force le respect tentent de défendre le "bilan globalement positif" de l'URSS à l'occasion du centenaire de ce pays dont on leur rappellera qu'il n'existe plus depuis 1991 sans doute du fait de la positivité de son bilan... Rappelons aussi qu'il ne s'est levé personne pour défendre l'URSS sans doute les masses étaient trop éblouies et tétanisées par ce même brillant bilan. Bref soyons un peu sérieux.
De toute manière on ne peut pas poser la question de l'URSS sous cette forme comptable. Il se trouve que l'histoire est un peu plus complexe. La dialectique n'ayant jamais été le fort du communisme français, soulignons tout de même qu'existent des contradictions et que celles-ci sont le moteur de la vie. Or, quelles que soient les pages glorieuses écrites par le socialisme soviétique, les conquêtes bien réelles qu'il a permises, il reste que ses contradictions ont eu sa peau.
Chercher une expression globalisante pour qualifier l'URSS "bilan globalement positif" ou "système contre-révolutionnaire" ne peut rendre compte d'une réalité que nous nous permettrons de qualifier de plus complexe. Même si nous savons que le simplisme propagandiste a besoin de formules choc, cela n'empêche pas qu'elles soient fausses.
En quoi les journées insurrectionnelles d'Octobre effacent -elles la mort de Boukharine et de quelques milliers (?) d'autres et réciproquement ? Cette globalisation est tout simplement impossible. Ce qui est incontournable en revanche ce sont les faits et particulièrement celui de la fin de l'URSS qui est le produit de ses contradictions. Donc son échec final. Cela n'efface ni Stalingrad ni les procès de Moscou. Mais le résultat est là. Massif.
Que des "marxistes" osent dire que ce socialisme-là était "efficace et humain" laisse pantois (https://mail.google.com/mail/u/0/?tab=rm&ogbl#inbox/FMfcgzGrblZkMCvshjrWSJvKSxjlvQKm ). Car c'est oublier, effacer, nier l'aspect inefficace et inhumain de ce socialisme-là. Et oui, camarades, il fut les deux. Et c'est de cela qu'il est mort et enterré. Vous pourrez toujours transformer le capitalisme chinois en NEP et tenter d'insuffler la vie à la momie de Lénine, ça ne marche pas comme ça.
Oui la force propulsive de l'URSS s'est épuisée. Et comme toute chose en ce bas monde l'URSS est morte.
Alors? Alors méditons sur cette pensée de Marx: " Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c'est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu'ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu'ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d'ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l'histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté. C'est ainsi que Luther prit le masque de l'apôtre Paul, que la Révolution de 1789 à 1814 se drapa successivement dans le costume de la République romaine, puis dans celui de l'Empire romain, et que la révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793 à 1795. C'est ainsi que le débutant qui apprend une nouvelle langue la retraduit toujours en pensée dans sa langue maternelle, mais il ne réussit à s'assimiler l'esprit de cette nouvelle langue et à s'en servir librement que lorsqu'il arrive à la manier sans se rappeler sa langue maternelle, et qu'il parvient même à oublier complètement cette dernière."
Il serait temps de cesser d'être des "débutants" et de "créer quelque chose de tout à fait nouveau" et cela "sans se rappeler sa langue maternelle".
Antoine Manessis.
* Le réseau Faire vivre le PCF