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Starmer et Sunak, les jumeaux de l'oligarchie
La nécessaire articulation entre luttes sociales et alternative politique apparait avec la force de l'évidence en Grande-Bretagne. Non par sa présence mais par son absence.
Le vaste mouvement social, les grèves massives se déploient dans tout le pays et dans tous les secteurs d'activité. Les grèves ne peuvent qu'être massives avec le régime de restrictions anti-syndicales le plus strict d’Europe. Et, annoncées par Rishi Sunak et sa clique thatchérienne, avec de nouvelles mesures anti-grèves dans les services publics jugés "essentiels".
La ministre de l'intérieur Suella Braverman, une raciste de droite extrême, a annoncé une nouvelle loi sur l’ordre public (Public Order Bill) qui permettra d’interdire toute manifestation entraînant une "perturbation sérieuse d’infrastructures ou de biens". Vous vous enchaînez à la grille d'un parc : vous risquerez de un à trois ans de tôle.
Le premier ministre conservateur et milliardaire Rishi Sunak insulte les grévistes et les menace. Et poursuit une politique violemment néolibérale et oligarchique.
Quant à l'opposition travailliste, la direction du Labour a fait le choix de renchérir sur la droite d’un gouvernement conservateur déjà très à droite. Devant le congrès du TUC (trade union council) Keir Starmer, leader du parti, a déclaré qu’un futur gouvernement travailliste sous sa direction poursuivrait une politique d’austérité, au service de la "saine gestion" et de la "stabilité" dans "des temps qui vont être très durs".
Après avoir purgé, liquidé la gauche travailliste (Jeremy Corbyn, Ken Loach et des miliers de militants) Starmer compte sur le réflexe essuie-glace pour revenir au 11 Downing street avec le soutien d'une fraction du grand capital. Pour s'assurer de ce soutien et prouver son allégeance Starmer a même refusé de soutenir le mouvement des infirmières pourtant très populaire.
Quant au Brexit, on se rend compte qu'être dans ou hors de l'UE ne change pas grand chose sinon rien à la politique suivie. Que ce soit sur la plan économique, social, international on ne voit pas en quoi le Brexit a changé les orientations des gouvernements britanniques. Le seul point positif c'est que la bourgeoisie ne peut plus se défausser sur l'Europe, sur "la bureaucratie de Bruxelles" de ses propres turpitudes et donc que la question sociale est plus difficilement camouflée par un nationalisme qui pouvait masquer la responsabilité du capital britannique dans la politique austéritaire.
Face à cette situation les tensions internes au Royaume-Uni sont de plus en plus fortes. L'Irlande du Nord, grâce au travail politique du Sinn Fein, s'achemine vers la réunification de l'île verte. En Écosse l'indépendantisme semble s'affirmer chaque jour plus fortement et majoritairement. Même dans le sage Pays de Galles les velléités d'indépendance se réveillent. Là encore le Brexit, suivant les situations , a pu jouer un rôle positif ou négatif. Positif pour le combat de l'unification irlandaise, négatif dans le nord de l'Angleterre où les classes populaires ont voté pour les conservateurs favorables au Brexit. Bref faire du Brexit (ou du Frexit) l'alpha et l'oméga de la politique n'a fait que cacher les véritables enjeux de classe.
Enfin la gauche syndicale, le courant de gauche du travaillisme, les groupes de la gauche de gauche tendent à converger. L'hégémonie du parti travailliste sur la gauche britannique peut-elle être enfin mise en cause? Et sous quelle forme? L'adoption de la ligne Corbyn en 2015 au sein du Labour, montre que l'affirmation d'une gauche véritable n'est pas pure rêverie. Reste que ces choses-là ne sont que tendancielles et que le poids de l'histoire sans être incontournable est encore bien présent.
Nous y reviendrons mais il faut noter combien la crédibilité d'une alternative politique est décisive y compris dans la mobilisation sociale même si la mobilisation sociale agit aussi pour construire l'alternative politique.
Antoine Manessis.