/image%2F3589191%2F20221125%2Fob_5628eb_methode-sundaytimes-prod-web-bin-6e7c.jpg)
France Culture et sa matinale du 25 novembre avaient invité l'écrivain franco-étasunien Jonathan Littell pour commenter la situation en Ukraine. Le résultat fut consternant.
L'invité étasunien, avec la complicité de Guillaume Erner, s'est livré à un réquisitoire digne de Vychinski ou de McCarthy. Avec une inculture historique feinte, Littell a déblatéré un ensemble de propos révélateurs d'une pensée raciste, russophobe et empreinte de darwinisme social.
Les Russes sont apathiques. Leur niveau intellectuel est bas. Depuis le trauma soviétique ils font le dos rond et 77% d'entre eux soutiennent la guerre de Poutine.
Les soldats russes appartiennent à des classes défavorisées, pauvres et sans éducation. Ils viennent du Daghestan ou sont des Mongols. Quand ils arrivent en Ukraine ils éprouvent un ressentiment de classe.
Bref c'est un schéma chimiquement pur de racisme et de mépris de classe qui se déploie dans le discours de Littell.
Pour étayer ses obscénités Littell explique: les Russes s'attendaient à être accueillis en libérateurs, or les Ukrainiens ont montré leur hostilité. Sur le coup de la déception, la terreur des barbares asiatiques se déchaîne. On croit entendre Goebbels.
Les Russes sont à l'image de leur chef, un vulgaire lieutenant-colonel du KGB, une merde sans envergure, sans pensée stratégique. Juste un joueur de poker vaguement tacticien. Mais les Etats-Unis et les Occidentaux, faibles et lâches, l'ont laissé faire. Hollande était prêt à guerroyer en Syrie mais Obama s'est dégonflé.
Après Maïdan en 2014, la Russie sème la désolation, rase les villes, fait des démonstrations de force en Crimée, au Donbass. Tant pis pour les faits, Littell est un romancier qui prend quelques libertés avec eux.
Et puis il faut le dire la cruauté barbare des Russes c'est un système. Inconcevable dans les armées occidentales ajoute Littell citant la France, les États-Unis, l'Angleterre, et...l'Allemagne.. Là on croit rêver, cauchemarder. Ce type n'a jamais entendu parler de la guerre d'Algérie et de son cortège de cruautés barbares? Il n'a jamais entendu parler des massacres de masse de l'Armée des Etats-Unis à Dresde, a Tokyo, à Hiroshima et Nagasaki, en Corée, au Vietnam, au Cambodge...impossible de tous les citer. Il n'a jamais entendu parler des carnages de masse de l'Empire britannique aux quatre coins du monde de l'Inde à l'Irlande, de l'Afrique du Sud au Kenya, de la Grèce à l'Iran. Quant à l'Allemagne, on reste sans voix face à l'auteur des Bienveillantes.
Erner fait référence au point Godwin. Alors la Russie et le nazisme, kif-kif ? Littell n'aime pas ces comparaisons. Le régime russe est fasciste, c'est entendu, lui répond "notre agent à France Culture", mais pas "ethno fasciste" parce que la Russie est multi-ethnique. Et puis on ne peut pas assimiler les deux, et là c'est un summum de la connerie, parce que les nazis ce sont des nationaux-socialistes alors que Poutine n'a rien de socialiste.
Littell poursuit : la volonté de génocide physique des Ukrainiens n'est pas évidente de la part des Russes mais en revanche la volonté d'un génocide culturel est évidente.
On espérait que l'émission prendrait fin sur cette note joyeuse mais non.
Il fallait encore que Littell remplisse son contrat. A une question du chien de garde maison il explique: l'opinion publique est majoritairement en faveur de l'Ukraine et elle est d'accord pour armer davantage l'Ukraine et se serrer la ceinture du fait des conséquences de cette guerre sur l'énergie. Ben tiens !
Et bien sûr, last but not least, il y a la charge incontournable contre Jean-Luc Mélenchon. Amalgamé à...Marine Le Pen. Le "grand écrivain" dénonce l'extrême-droite et l'extrême-gauche, Le Pen et Mélenchon, qui sont poutinophiles et russophiles mais c'est une minorité. On respire.
Certes personne n'est obligé de partager notre point de vue sur cette guerre à savoir qu'elle est le résultat de la rivalité entre puissances impérialistes des deux côtés, sans donc exonérer Poutine et sa clique de son agression. On peut évidemment avoir d'autres analyses et des arguments.
Mais ce matin ce n'est pas de cela qu'il s'agissait. Juste d'une opération belliciste et raciste.
Alors si "France Culture c'est l'esprit d'ouverture" au délire raciste, anhistorique, baignant dans la haine de classe, disons-le, ça sera sans nous.
Antoine Manessis.
Et si vous doutez de nos propos écoutez la 2e partie de l'émission de ce matin, celle où parle J. Littell.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/la-guerre-en-ukraine-signe-t-elle-la-fin-d-homo-sovieticus-8043791