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Sur le front ukrainien les défaites successives enregistrées par l'armée russe, l'absence évidente de motivation des troupes et la résistance passive à la mobilisation partielle décrétée par l'exécutif russe, tout porte à croire que Poutine et la direction russe ont commis une erreur stratégique en attaquant l'Ukraine.

La Russie n'a pas les moyens de sa politique.

Déjà du temps de l'Union Soviétique, une URSS déclinante, affaiblie, sénescente, l'armée soviétique n'avait pas pu venir à bout de bandes moudjahidines d'Afghanistan. En Tchétchénie la Russie a montré ses faiblesses et une "armée dont tout le monde avait peur s'est avérée bonne à rien" comme l'avait dit le général Vladislav Atchalov, ancien commandant des troupes aéroportées de l'Union soviétique. En 1996 les accords de Khassaviourt entre Russes et Tchéchènes ne permirent pas l'instauration de la paix ni en Tchétchénie même, ni entre la Russie et la Tchétchénie.

En 1999 une série d'attentats attribués aux franges les plus radicales des islamistes tchéchènes frappent la Russie. En riposte l'armée russe lance une "opération anti-terroriste" avec 140.000 soldats en Tchétchénie. Il faudra attendre cette seconde guerre pour que la Russie instaure une dictature à sa botte à Grozny dirigée par Ramzan Kadyrov.

L'intervention russe en Syrie, aux côtés de Bachar El Assad, contre les groupes islamistes manipulés par certains pays du Golfe et/ou les Occidentaux ainsi que la Turquie, avait crédibilisé l'efficacité de l'armée russe dont l'intervention fut décisive pour sauver Assad.

"L'opération spéciale" en Ukraine semble au contraire démontrer et mettre en lumière les faiblesses persistantes des troupes russes. Le succès de la contre-offensive menée par les troupes de Kiev dans la région de Kharkov doit certes beaucoup à l’aide de l'OTAN. Mais toutes les faiblesses de l’armée russes sont apparues: problèmes de commandement, communications défaillantes, difficultés logistiques, domination aérienne contestée...sans parler du cadre politique qui provoque ces faiblesses. 

Poutine se retrouve en fait confronté à sa propre surenchère: plus il menace, à coups de fermeture de robinet gazier et de référence à l’arme nucléaire, plus les alliés de l’Ukraine cherchent militairement à lui infliger une défaite sur le terrain, pour le contraindre à négocier avant que l’hiver et le rationnement énergétique n’alimentent la colère des populations européennes. 

C'est pourquoi avant de crier à l'hiver nucléaire qui menacerait, il faut penser à l'hiver qui arrive et qui est une menace pour la stabilité sociale et politique dans tous les pays. Chacun aura bientôt intérêt à la négociation mais on sait que le rapport des forces précède l'ouverture de la négociation. 

Le pouvoir russe a sous-estimé la riposte occidentale. Même en admettant la thèse russe d'une guerre contre une OTAN expansionniste vers l'Est, la riposte occidentale était d'autant plus prévisible. Le surarmement des Ukrainiens par l'OTAN les Etats-Unis et ses vassaux ne devrait pas être une surprise pour les Russes.

De même que la motivation nationale des Ukrainiens même si Poutine semblait douter que l'Ukraine exista. On se souvient de ses premiers discours. Il doit désormais s'en rendre compte douloureusement.

Poutine a offert une occasion aux Etasuniens qui ne l'ont pas loupé.

Une fois encore ces événements se déroulent dans un contexte de rivalités inter-impérialistes.

Les forces pacifiques et progressistes, à moins d'intérêts économiques et/ou stratégiques évidents de certains Etats qui utilisent les contradictions inter-impérialistes pour gagner en indépendance, ne peuvent, comme le font certains, confondre la Russie impérialiste et l'URSS. Il ne suffit pas de dénoncer verbalement le caractère capitaliste de la Russie, il faut comprendre ce que cela veut dire et en tirer les conséquences. Il faut aussi comprendre, par exemple, que les pseudo-Républiques populaires de l'Est ukrainien sont des créations fantoches de Moscou comme Zelensky est la marionnette de la Maison Blanche.

Le message que portent les anti-impérialistes conséquents c'est le refus de la guerre impérialiste et le refus de choisir un impérialisme contre un autre. Lénine et l'aile gauche de la social-démocratie (Jaurès ou Rosa Luxemburg) n'ont pas tergiversé entre le bloc germano-autrichien et le bloc franco-russo-britannique: ils ont dénoncé la guerre de brigandage des uns et des autres. Après la déclaration du conflit les plus lucides ont appelé les peuples à transformer la guerre impérialiste de rapine en guerre sociale d'émancipation contre leur propre capitalisme. Et c'est ce qu'a fait Lénine, signant même une paix séparée avec l'Allemagne, douloureuse pour la Russie mais bénéfique pour la révolution. Ce n'est pas un supposé "intérêt national" qui a guidé Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht ou Lénine, c'est l'intérêt des travailleurs. Contre le nationalisme et contre le soutien à toutes les bourgeoisies.

Le seul mot d'ordre c'est la paix et donc de se désengager au plus vite de cette guerre impérialiste. Et d'appeler les peuples aux prises avec la guerre à "mettre crosse en l'air et de rompre les rangs."

 

Antoine Manessis.

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