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Les BRAV-M ou le retour des Voltigeurs supprimés après la mort de Malik Oussékine
Jean-Luc Mélenchon, invité mardi 7 juin sur France Inter, assume "évidemment" ses propos sur la police après la mort d'une passagère lors d'un contrôle routier dans le 18e arrondissement de Paris. Dans un premier tweet, le 4 juin, le leader de La France insoumise avait dénoncé "un abus de pouvoir inacceptable" et s'interrogeait : "La peine de mort pour un refus d'obtempérer. Le préfet approuve ? Le ministre félicite ?" Le 6 juin, il écrivait à nouveau : "La police tue et le groupe factieux Alliance [le syndicat de droite extrême de policiers] justifie les tirs et la mort pour 'refus d'obtempérer'."
Mélenchon ne retire rien de ce qu'il a tweeté : "Croyez-vous que j'écris comme ça, par distraction ?" Il dénonce l'absence de réaction à son premier tweet, au moment des faits. "Comme cela n'a rien donné, j'ai monté le ton. Et j'obtiens ce que je veux puisque des milliers de gens entendent qu'il y a au moins une personne dans ce pays, un responsable politique, qui n'accepte pas l'évolution de l'usage de la force."
Pour Mélenchon, "il n'est pas acceptable" que des syndicats de police réclament le principe de la "présomption de légitime défense". D'ailleurs notons que cela n'est soutenu que par les néo-fascistes (Zemmour et Le Pen). "Le policier a tiré. Une jeune femme est morte. De quoi était-elle coupable ? De quoi l'accusait-on au point de l'abattre ?" Et il insiste : "Quel que soit le délit commis, nous sommes dans un pays où la peine de mort n'existe pas."
Jean-Luc Mélenchon souhaite "réformer la police de la cave au grenier". Il évoque "4 morts en 4 mois ! Le "dispositif policier honteux au stade de France", lors de la finale de la Ligue des Champions, ou encore l'usage de gaz lacrymogènes à la gare de l'Est, la semaine dernière, pour disperser des voyageurs qui tentaient de monter dans des bus de substitution. "J'estime qu'il est nécessaire d'arrêter cette escalade", lance le chef de file des Insoumis. "Je suis pour une police où il y a des gardiens de la paix qui font de la police de proximité, une police judiciaire qui court derrière les trafiquants d'armes, d'êtres humains et de drogue, et entre les deux, des forces qui sont là pour protéger le droit de manifester", précise Mélenchon.
"Je suis pour une police de maintien de la paix, de la tranquillité publique", résume-t-il, tout en insistant sur le fait que "poser le débat de la doctrine de l'usage de la force" ne fait pas de lui "un anti-flic".
Qu'Elisabeth Borne, la droite et l'extrême-droite s'offusque que la gauche discute de l'usage de la police est significatif de sa radicalisation extrémiste. Fort heureusement notre modèle ne peut être celui des Etats-Unis où la police fait n'importe quoi.
On ne peut que saluer la pertinence et le courage de Jean-Luc Mélenchon.
On nous permettra d'ajouter, étant habitué des manifs depuis plus de 50 ans, que nous avons vu la sensible radicalisation de l'attitude des policiers. On a bien senti et constaté que cette dégradation était organisée, le résultat d'une doctrine de l'usage de la police. Sarkozy, Hollande, Valls, Cazeneuve et Macron ont tous contribué à cette évolution inquiétante.
Quand on connait un peu notre histoire on sait quel fut le rôle et le comportement de la police aux temps sombres de l'occupation ou des guerres coloniales y compris en "métropole" et on est en droit d'être vigilant et de remercier les politiques qui comme Mélenchon ont la force d'âme et l'esprit de résistance pour dénoncer une situation inacceptable.
Antoine Manessis.