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                                           La Une de Libé 10 juin 2022

 

Même Libération ! Libé qui écrit dans son édito du 9 juin "Les outrances anti- Mélenchon: une stratégie qui n'honore pas l'Elysée. "  Et qui conclue "la stratégie de l’épouvantail XXL qui flirte dangereusement avec les fake news n’honore pas l’Elysée."

Et oui, trop c'est trop. De Hollande à Le Pen en passant par Macron, les gavés se déchaînent.

Mais les coups sont aussi des indicateurs.

Et ils sont aussi mobilisateurs.

Indicateur: quand Macron et Le Pen, frisant l'apoplexie, déversent leur venin et leurs mensonges, leurs amalgames et leur charlatanisme sur Mélenchon ils obtiennent le résultat inverse de ce qu'ils cherchent. Ils indiquent aux abstentionnistes "politiques" et populaire celui qui renverse la table, qui turbule le système. Celui qui offre une perspective et enclanche une dynamique. Ils balisent, sans le vouloir, le chemin de la nouvelle Union populaire et de ses candidats aux législatives. Nous l'avons déjà dit ici. Il faut, pour concentrer autant de haine, que l'homme et le processus dont il est l'incarnation menace tendanciellement l'ordre capitaliste.

Souvent les abstentionnistes le sont par désespoir. Tant de fois trahis ou/et illusionnés, ils se retirent du jeu. Basta! Mais bien sûr leur attention reste en éveil, d'une certaine façon ils aiment la politique. Celle qui est digne. Mais ils n'y croient plus. Gramsci avait beaucoup insisté sur cet aspect des choses, pour que les masses se mettent en mouvement, expliquait-il, il faut qu'elles croient possible un changement. C'est ne pas croire l'émancipation réalisable qui est l'ennemi principal des révolutionnaires. La défiance à l'égard de tout projet politique transforme les coups de colère en impasses puisque, justement, ils restent anti-politiques. Rappelons-nous des gilets jaunes. Et symétriquement de l'attitude des syndicats.

Bien sûr nous payons le prix du recul de la classe ouvrière organisée. Mais c'est un fait. Le capitalisme a transformé, atomisé la classe. Ce qui était son coeur battant a quasiment disparu. Il nous faut donc agir dans une autre configuration. Qui permette la création d'un nouveau bloc historique. L'écologie, qui ne peut être qu'anti-capitaliste, peut permettre de souder les nouveaux prolétaires, la petite et moyenne bourgeoisie. D'ailleurs ce n'est que lorsqu'il brise son isolement (avec la paysannerie ou la petite bourgeoisie selon les conditions historiques) que le prolétariat, les classes populaires peuvent constituer un nouveau bloc historique.

La bourgeoisie veut donc tout faire pour éviter que se créé les conditions du nouveau bloc historique dont l'union populaire est une esquisse. Donc elle pilonne, calomnie, ment, frappe médiatiquement et physiquement. Car n'ayons pas la naïveté de croire que la façon dont sont traitées les manifs par la police tombe du ciel et qu'elle n'ont pas d'effets négatifs sur les manifestions et les manifestants. Ne croyons pas que traiter la gauche de gauche d'islamo-gauchiste soit innocent. La reprise adaptée au "goût de jour" du judéo-bolchevisme est une préparation au pire.

Mais comme toujours à toute action correspond une réaction. Et les gens du peuple qui entendent et voient tout cela peuvent en conclure que finalement leur combat quotidien pour "le pain et les roses" peut être relayé par des militants politiques à leur service. Et j'ajouterai à leur image et ce point mérite qu'on y revienne après les élections.

Mobilisateurs: rien de tel pour nous mobiliser que la vue trop forte pour être dissimulée de l'injustice. Du mensonge. Du bourrage de crâne qui prend les crânes populaires pour du beurre alors qu'ils sont durs. Endurcis par la vie, un vécu âpre et brutal, une violence de classe présente quand on est au travail, quand on est privé de travail et même hors du travail à travers la destruction des services publics ou les violences policières ou le racisme systémique. Mélenchon a obtenu un score énorme en Seine Saint Denis (50% des voix contre 20 à Macron et 12 à Le Pen). Qui peut croire que cela tienne du hasard dans le département le plus pauvre de France et celui où se concentrent à peu prêt toutes les fractures sociales, résultat de décennies de politiques antipopulaires. Fractures qui alimentent les inégalités dans tous les domaines, comme le fracture numérique, qui a provoqué une surmortalité durant l'épidémie du Covid de 134% dans le 93.

On peut donc légitimement espérer que les classes populaires et les jeunes, qui sont les catégories les plus abstentionnistes, auront à coeur de se mobiliser y compris "grâce" aux agressions du président de la République, de la Macronie et du néo-fascisme.

Rendez-vous dimanche 12 et 19 juin.

 

Antoine Manessis.

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