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Paul Melun est un jeune homme, membre d'un cabinet d'audit et de conseil anglo-néerlandais comme consultant en stratégie. Science po, UNEF puis PS (depuis 2012...Hollande président) qu'il vient  de quitter et dont nous publions la lettre de démission.

Il contribue à la revue brune-rouge de Michel Onfray qui a usurpé le beau nom de Front populaire. Il se réclame de la "gauche patriotique et souverainiste". Il est président de Souverains demain ! qui souhaite le "rassemblement des souverainistes de gauche et de droite", dans un "un arc boréal (sic) qui irait de Jean Jaurès au général de Gaulle". 

Le journal d'extrême-droite Valeurs Actuelles lui a consacré un portrait où il se définit comme "réac de gauche".

Il faut savoir que ce Melun-là est un fan de Stéphane Le Foll. Un ancien ministre "hollandais" à la dérive qui, dans Le Point (François Pinault), dénonce "l'impasse du wokisme" à gauche, la nécessité de "maîtriser l'immigration", et qui, invité par la propagandiste Sonia Mabrouk sur Europe1(Bolloré), a éructé contre Jean-Luc Mélenchon vouant aux gémonies ceux des socialistes qui seraient tentés par une alliance avec les Insoumis.

Si nous publions cette lettre de démission c'est que nous la trouvons très révélatrice de ce qu'est ce courant de l'extrême-droite du PS. Avec aussi la revue Franc-Tireur, avec le Printemps républicain, avec une fraction du PS, avec également des gens comme Valls qui pousse à la caricature son virage monarcho-voxiste, nous voyons renaître le néo-socialisme de Marcel Déat.

Ce dernier fut d'abord député SFIO puis, hostile au marxisme, il fonda d'abord le Parti Socialiste de France (nationaliste et socialiste), puis l'Union socialiste républicaine. Durant une période il affirme des positions anti-racistes et anti-fascistes. Mais en 1939 il est élu député de Rassemblement anti-communiste. Il est également pacifiste et condamne la déclaration de guerre contre l' Allemagne en écrivant un article fameux qui se termine par "Mourir pour Dantzig, non !". Puis il soutient l' armistice, Pétain et Laval.

Il fonde en 1941 le Rassemblement national-populaire (RNP). Déat se réclame de la tradition républicaine tout en revendiquant son national-socialisme. Pour Déat qui se réclame du fascisme, Hitler est désireux d'effacer les frontières au profit d'échanges économiques, édifiant une Europe unie. Contrairement à d'autres tendances fascistes (pétainistes issus de la droite et du monarchisme) le RNP défend le principe du suffrage universel, l’école publique, une ligne laïque et anticléricale, la forme républicaine de l'État ou encore le maintien des bustes de Marianne dans les mairies. Cela est typique de la logorrhée fascistoïde qui masque et camoufle sa nature de classe avec des discours fumeux empruntés au vocabulaire républicain.

Dans les faits Déat entre en  dans le gouvernement de Pierre Laval comme ministre du Travail et appuie une politique de collaboration totale avec l'Allemagne. Il est condamné à mort à la Libération, il s'enfuit grâce aux réseaux catholiques et il se réfugie en Italie dans un pensionnat géré par des religieuses. Il meurt à Turin en 1955.

C'est le même discours confus qui réapparait dans des franges de la gauche qui reprennent et légitiment les discours des néofascistes. Dénonçant "l'islamo-gauchisme, le wokisme, le communautarisme, l'indigénisme" de la gauche de gauche, les néo-socialistes de notre époque accusent la gauche d'avoir "rompu avec la tradition républicaine et populaire", abandonnant le "prolétariat français". Le racisme apparait là dans toute son abjection.  En clair le même discours que Zemmour, quelques outrances en moins.

D'ailleurs nos néo-socialistes 2.0 retrouvent les thèmes fascistes du "ni gauche, ni droite", l'islamophobie remplaçant l'antisémitisme, l'anti-France Insoumise remplaçant l'anti-communisme d'antan. 

Plus grave lorsque un ancien président de la République reprend ce discours. Décrivant ce que serait un accord des organisations de gauche aux législatives François Hollande s'étrangle: "Ça voudrait dire que le prochain gouvernement serait amené à mettre en cause les traités européens, à désobéir aux traités européens ? Le prochain gouvernement, s'il était constitué, s'il avait une majorité, serait amené à quitter l'Otan, à ne plus aider les Ukrainiens en leur fournissant des équipements militaires ?"  Il a également critiqué la retraite à 60 ans, prônée par LFI, car "tout le monde sait que c'est impossible, financièrement". Qui est "tout le monde", son "ennemi la finance"? Ce type est pathétique.

Hollande est tellement nul qu'il nous dit ouvertement que mener une politique de progrès social est impossible car il faudrait désobéir aux traités européens. Que sortir de l'OTAN serait une catastrophe, alors que c'est y rester qui est dangereux pour la paix. Qu'il faut armer les belligérants pour faire la paix. Que la retraite à 60 ans est financièrement impossible...contrairement  sans doute au CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi) ? L'homme de la "loi travail" et, déjà d'attaques contre les retraites, ose donner des leçons à Mélenchon et à la gauche ! Hollande incapable d'oser se représenter aux suffrages en 2017 ose encore parler ? Lui qui a définitivement coulé le PS se la ramène ? Mais on croit rêver...

Ce qui reste inquiétant c'est la dérive de certains courants et certaines personnalités se disant de gauche vers l'idéologie néofasciste. Reprenant les mêmes mots, les même idées, les mêmes préjugés, les mêmes insultes, les mêmes amalgames que les Zemmour et les Le Pen, exactement comme la Macronie et les LR, ces tristes pantins qui se disent socialistes entretiennent la confusion qui profite à l'extrême-droite. Il suffit de regarder les chiffres: après 5 ans de Hollande Le Pen passait de 18% à 34% et après 5 ans de Macron elle passe de 34% à 41,5%.

"Ordre. Autorité. Nation" disait Déat et ses amis fascistes. Aussi quand on entend les mêmes mots, réfléchissons à ce qu'il y a derrière.

Alors, comme le disait Jaurès dont les néo-socialistes devraient cesser de prononcer ne serait-ce que le nom, "Messieurs, pas vous et pas ça !"

 

Antoine Manessis.

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