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La tentative d’assassinat d’Yvan Colonna a suscité une émotion et une colère immenses sur l’île, où des milliers de personnes s’étaient rassemblées dimanche 6 mars à Corte, à l’appel des syndicats étudiants. Deux jours plus tard, le conseil d’administration de l’université de Corse adoptait à l’unanimité une motion en soutien à Yvan Colonna.  Les forces de répression lourdement armées font pleuvoir sur des lycéens depuis hier des centaines de lacrymos, grenades de désencerclement, et flashballs, sans aucun discernement

La colère n'est pas que chez les jeunes, elle est partagée par l'ensemble de la société corse qui ne comprend pas pourquoi Yvan Colonna, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri ne peuvent pas bénéficier de l'état de droit. Les manifestations se sont multipliées dans l'île à l'appel d'étudiants, de lycéens, d'organisations nationalistes ou de syndicats. 

Le 6 février 1998 Claude Erignac, 60 ans, fut abattu de trois balles dans la tête dans le centre-ville d’Ajaccio. Une onde choc a rapidement gagné l’île, puis tout un pays, sidéré par l’acte le plus violent commis par les militants indépendantistes corses à l’encontre de l’État français. Si le "commando" a été condamné des zones d'ombres subsistent sur la culpabilité des trois hommes condamnés.

Après 20 ans de prison pour ces hommes, Yvan Colonna et ses compagnons demandaient de longue date leur rapprochement en Corse. Mais cela leur avait été systématiquement refusé en raison de leur statut de DPS (détenu particulièrement signalé).

L'agression de la maison d'arrêt d'Arles pose aussi des questions: comment a-t-on pu mettre en présence un détenu, qu'on disait le plus à surveiller de France, avec un des hommes les plus dangereux de France ?Comment a-t-on pu les laisser huit minutes sans que personne ne s'en aperçoivent ? Il va falloir répondre à ces questions.

L'agresseur, DPS lui aussi, est un djihadiste considéré comme particulièrement violent. Il remplissait des missions d’auxiliaire, incompatibles avec son statut. Yvan Colonna, 61 ans, a donc été frappé à plusieurs reprises par cet homme de 36 ans qui a écrasé sa gorge avec son pied, puis l’a étouffé avec des serviettes et un sac plastique auquel il avait accès dans le cadre de ses fonctions. Cette scène, pourtant filmée par les caméras de surveillance, a duré plusieurs minutes en l’absence de tout tiers...

 Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de Corse a déclaré "Mais le meilleur moyen de désamorcer cette violence c'est de créer des conditions politiques qui permettront à la colère et l'indignation de retomber" .  Dans le sens d'une détente de la situation on vient d'apprendre que le Premier ministre Jean Castex a levé ce vendredi 11 mars le statut de "détenu particulièrement signalé" d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri.

Gilles Simeoni a aussi appelé l'État à "ouvrir un nouveau cycle politique et à dire clairement qu'il y a une question corse". En effet  un déni de la question politique en Corse ne permettra pas de sortir des cycles de violence. D'autant que, dans la jeunesse en particulier, le sentiment d’hostilité vis-à-vis de l’État se double désormais d’un sentiment d’échec à l’égard des nationalistes qui forts de leur 68% des voix et de leurs positions institutionnelles ne parviennent pas à faire suffisamment bouger les choses. Les jeunes sont en train d’inventer dans la confusion une alternative aux forces politiques en place. 

Une réponse politique tenant compte des spécificités de l'île reposant sur une réelle autonomie semblent les seuls chemins pour éviter un regain de violence.

 

Antoine Manessis. 

 

 

 

 

 

 

 

 

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